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Actualités - CHRONOLOGIE

Ouzbékistan - Visite « guidée » hier dans la ville pour les diplomates étrangers L’Onu réclame une enquête internationale sur la répression sanglante à Andijan (Photo)

Le gouvernement autoritaire ouzbek a organisé hier une visite éclair à Andijan pour les diplomates étrangers, alors que Londres et l’Onu ont réclamé une enquête internationale sur les événements sanglants qui ont eu lieu dans cette ville de l’est de l’Ouzbékistan. La pression internationale a continué à monter sur le régime du président ouzbek, Islam Karimov, hier. Le chef de la diplomatie britannique Jack Straw a demandé une enquête internationale indépendante sur la répression de vendredi dernier, tout comme la haut-commissaire de l’Onu pour les Droits de l’homme, Louise Arbour. À Moscou, la principale organisation russe de défense des droits de l’homme, Memorial, a mis en garde contre un renforcement de l’islamisme et le risque de déstabilisation de toute l’Asie centrale. Risque qu’ont illustré des déclarations d’islamistes ouzbeks recueillies par des reporters dans la ville frontière ouzbeko-kirghize de Kara-Su, dont la partie ouzbeke semble devenue une sorte de zone hors la loi qu’aucune autorité ne contrôle plus. Ainsi Bakhtiar Rakhimov, 42 ans, qui se présente comme leader des radicaux islamistes locaux, a affirmé être capable de « faire un deuxième Afghanistan » avec ses partisans, dont on ignore le nombre, ou encore d’établir un « califat qui est un État de justice ». « Nous avons attendu ce moment pendant 8 ans. Si Islam Karimov fait entrer ses soldats à Kara-Su, ils seront morts en dix minutes. Nous nous battrons contre eux avec joie. Qu’Allah soit son juge », lance-t-il. Hier, 36 diplomates, dont les ambassadeurs américain, britannique et français, ont sillonné à bord d’un convoi bien gardé les rues d’Andijan où, selon les chiffres officiels, 169 personnes ont été tuées lors de violents affrontements et au moins 745 d’après un décompte de l’opposition. Il s’agissait, pour le régime de M. Karimov, de renforcer sa version des événements, celle d’une bataille entre les forces de sécurité et les seuls insurgés. « Comment osez-vous dire qu’on a tiré sur des manifestants pacifiques ? C’était une attaque cruelle contre les policiers en service », a déclaré le ministre de l’Intérieur Zakir Almatov, l’un des représentants du gouvernement accompagnant les invités étrangers. Le groupe de visiteurs, qui comprenait aussi une trentaine de journalistes, a été conduit dans un commissariat de police, une prison, une base de l’armée et sur la place centrale d’Andijan. Les rues empruntées par le convoi étaient fermées aux passants, et l’accès aux habitants de la ville en était très limité. La visite organisée n’a duré qu’à peine trois heures. Un habitant a pris par erreur un groupe de journalistes pour des membres de la délégation officielle. « Pourquoi êtes-vous venus si tard ? Vous auriez dû être là plus tôt pour voir les corps de femmes et d’enfants », a-t-il lancé avec amertume. Le régime de M. Karimov a fait l’objet de critiques inhabituellement sévères à l’étranger après la répression sanglante d’Andijan, y compris de la part de Washington pour qui Tachkent est un allié régional clé dans la guerre contre le terrorisme. Toutefois, un ancien ambassadeur britannique en Ouzbékistan, Craig Murray, limogé en octobre dernier du Foreign Office en raison de ses prises de position publiques contre le régime de M. Karimov, a qualifié hier Londres et Washington d’« hypocrites » pour leur soutien au régime ouzbek. « Le président (Islam) Karimov est arrogant parce qu’il sait qu’il a le soutien de Washington et de Moscou », a-t-il dit, estimant que la désillusion vis-à-vis du régime ouzbek et l’absence d’alternative démocratique nourrissaient l’islamisme radical en Asie centrale. « Les Américains sont cyniques : leur intérêt en Asie centrale ne concerne que le pétrole et le gaz. Nous soutenons un dictateur en Asie centrale pour avoir accès aux hydrocarbures, et nous évinçons un dictateur en Irak pour avoir accès aux hydrocarbures », a-t-il conclu.
Le gouvernement autoritaire ouzbek a organisé hier une visite éclair à Andijan pour les diplomates étrangers, alors que Londres et l’Onu ont réclamé une enquête internationale sur les événements sanglants qui ont eu lieu dans cette ville de l’est de l’Ouzbékistan.
La pression internationale a continué à monter sur le régime du président ouzbek, Islam Karimov, hier....