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Le 13 avril spécialement commémoré le long de la ligne Adlié-Barbir Devant le musée, les Libanais ont crié : « Demain sera encore plus beau » (Photo)

«Il y a vingt ans, les Libanais traversaient la ligne Adlié-Barbir en courant terrorisés, en fuyant les balles. Aujourd’hui, l’endroit est plein de jeunes venant de tout le Liban, qui dessinent, chantent et expriment leur volonté de vivre en paix. » S’il fallait parler du 13 avril 2005, mais aussi de tous les « 13 avril » de tous les pays du monde, ces quelques mots de Melhem Khalaf, l’un des organisateurs des nombreuses activités du secteur du Musée, feraient parfaitement l’affaire. Mais bien au-delà des mots, il suffisait d’être dans le secteur du Musée hier pour tout comprendre. Des couleurs, des notes de musique, des sourires et un projet de vie : tout l’antagonisme entre la guerre et la paix s’étalait sous les yeux, avant d’atteindre le fond de l’âme pour la pousser à demander, à exiger, comme l’on exigerait le droit le plus sacré, la paix pour le Liban. Si l’événement a été organisé par un grand nombre d’associations, dont Offre-Joie, la Fondation libanaise pour la paix civile permanente, l’Association de Beyrouth pour le développement social, le groupe al-Amiliya, le Secours populaire, al-Mabarrat et la Fédération des associations des handicapés, c’est une multitude d’élèves, d’étudiants, d’employés et de cadres d’entreprise qui se sont relayés pour terrasser, avec leurs pinceaux, un esprit de guerre qui a trop longtemps marqué le musée. Le résultat est impressionnant : les murs de béton tout au long de l’axe Adlié-Barbir se sont retrouvés en l’espace de quelques heures couverts des dessins les plus variés, représentant aussi bien des paysages libanais que des motifs à l’allure un peu plus moderne, le tout donnant à la rue un souffle de vie qu’elle attendait depuis une quinzaine d’années. Et lorsque les pinceaux laissaient quelques espaces vierges, les passants émerveillés avaient tout de suite droit à une exposition de toiles assez particulières. D’abord parce qu’elles sont l’œuvre – passionnée – des élèves de plusieurs dizaines d’écoles de toutes les régions libanaises, qui ont répondu avec enthousiasme à l’appel des organisateurs en envoyant chacune au moins une toile portant sur les thèmes de l’espoir et de la paix. Ensuite parce qu’elles surprennent par leur qualité et leur créativité, tant elles expriment une vigoureuse volonté de vie, même si la mort, notamment celle de l’ancien Premier ministre Rafic Hariri, reste omniprésente, tout en étant en recul par rapport au reste. Les toiles devront en principe rester exposées durant plusieurs jours. De temps en temps, des colombes s’envolant dans le ciel indiquaient qu’une délégation d’un village libanais était arrivée afin de prendre une dizaine de pousses de cèdres qui seront plantées dans leurs terres, aux côtés d’une plaque commémorant cette journée du 13 avril 2005. En même temps, une pétition pour la réconciliation des Libanais était signée, alors qu’un énorme drapeau libanais était transporté sur place grâce aux efforts des étudiants de l’USJ. En début d’après-midi, et alors que des groupes de musique entretenaient l’ambiance à partir des escaliers du musée, la place était envahie par une foule en rouge, blanc et vert : des personnes handicapées, qui avaient organisé une manifestation de Chiah jusqu’au centre des activités, en passant par Aïn el-Remmaneh, en arborant le slogan « Libanais contre la guerre », avaient tenu également à exprimer leur attachement à la paix, notamment à travers leur chorale. C’est donc dans une atmosphère euphorique que la députée de Saïda, Bahia Hariri, a surpris tout le monde en arrivant sur place. « Tous les Libanais sont contre la guerre », a-t-elle commencé par déclarer, avant d’ajouter : « Nous poursuivrons sur la voie qui mène vers un Liban civilisé. » À la fin de la journée, les jeunes du 13 avril 2005 étaient fiers. « Je pense aux enfants qui vont passer et voir tous ces dessins. Ce qui a été pour nous une ligne de démarcation sera pour eux une ligne de rencontre, un espace de couleurs et de joie », explique une jeune fille qui a participé aux activités, alors qu’une autre ajoute de son côté : « J’ai eu envie de participer et de faire la différence. » Seul élément négatif de la journée : l’interdiction de la mise en place du monument qui devait rassembler les souvenirs de guerre des Libanais. « J’espère que les questions administratives n’auront pas raison de la bonne volonté », a estimé un des responsables du projet. Une fois les activités terminées, l’avenue Adlié-Barbir redeviendra calme la nuit, bruyante le jour, mais elle portera en elle désormais, quelque part dans l’imaginaire des Libanais, cette phrase de Melhem Khalaf : « Les Libanais étaient là aujourd’hui, unis dans leurs différences, pour témoigner et dire que demain sera encore plus beau. » Le musée a changé de place dans la mémoire libanaise. Samer GHAMROUN
«Il y a vingt ans, les Libanais traversaient la ligne Adlié-Barbir en courant terrorisés, en fuyant les balles. Aujourd’hui, l’endroit est plein de jeunes venant de tout le Liban, qui dessinent, chantent et expriment leur volonté de vivre en paix. »
S’il fallait parler du 13 avril 2005, mais aussi de tous les « 13 avril » de tous les pays du monde, ces quelques mots de...