Le chanteur aux «yeux tristes» est décédé hier à l’âge de 60 ans «Les Corons» pleurent le départ de Pierre Bachelet (photo)

Le chanteur français Pierre Bachelet est décédé hier matin à son domicile de Suresnes (Hauts-de-Seine) des suites d’une longue maladie à l’âge de 60 ans, a-t-on appris auprès de son entourage. Les obsèques du chanteur, qui avait notamment interprété « Les Corons » et la chanson du film « Emmanuelle », seront célébrées dans la plus stricte intimité, à une date non encore précisée. Pierre Bachelet était l’incarnation du chanteur populaire, bien qu’il ait consacré une grande part de sa carrière aux musiques de films. Après des études de cinéma (à l’école de la rue Vaugirard à Paris), il fait son service militaire au service cinématographique des armées tout en grattant la guitare dans les cabarets de la rue de la Contrescarpe et de Saint-Germain-des-Prés. Il travaille ensuite dans un labo de cinéma puis commence en 1968 à faire des illustrations sonores pour l’émission de télévision Dim Dam Dom et, en 1972, réalise un film documentaire sur Pablo Picasso. Son premier 45 tours, OK Chicago, paraît en 1973, l’année même où il crée la musique du film de Georges Lautner Ces messieurs trop tranquilles. L’année suivante, il compose celle d’Emmanuelle, de Just Jaeckin et chante lui-même la chanson du film, faute d’avoir trouvé un autre interprète. En 1975, le chanteur-compositeur, souvent comparé à Jacques Brel pour son physique, sort son premier album, L’Atlantique, et, tout en continuant à écrire des musiques de films, accorde une plus large place à ses activités de chanteur. Pour le cinéma, il compose notamment la musique des films de Jean-Jacques Annaud, La victoire en chantant (1976), et Coup de tête (1978), celle d’Histoires d’O (1977), Les bronzés font du ski (1979) et de deux films de Jean Becker Les enfants du marais (1998), et Un crime au paradis 2000. Côté chanson, il publie un deuxième album en 1980 qui comporte son premier succès Elle est d’ailleurs, puis en 1982 un troisième incluant notamment Les Corons qui le fait connaître du grand public. Dans le Nord, on se souvient que ce titre avait été diversement commenté, les uns se disant ravis qu’on parle enfin de leur région, les autres déplorant que la chanson véhicule autant de clichés sur la vie pauvre mais si chaleureuse des mineurs. « Gentillesse incarnée » Suivront d’autres albums, à un rythme assez soutenu : Découvrir l’Amérique (1983), Marionnettiste (1985), Vingt ans (1987), L’homme en blanc (1989), La ville ainsi soit-il (1995) sur des textes de l’écrivain Yann Queffélec, et encore Un homme simple (1998) avec une chanson en hommage à Éric Tabarly, Une autre lumière (2001) et enfin un album-hommage à Jacques Brel Tu ne nous quittes pas (2003). Bachelet s’est aussi beaucoup produit sur scène, notamment à l’Olympia, où il faisait salle comble. En 2001, il y avait fêté ses vingt ans de chansons et chanté avec une chorale de 80 enfants. À Marseille, où il a vécu quelque temps, il avait donné un concert en plein air pour le passage à l’an 2000. « C’était la gentillesse incarnée, la bonté même, et c’est une perte tragique pour sa famille et pour nous tous », a dit hier l’adjoint au maire de Marseille, chargé de la culture, Serge Botey. En décembre dernier, bien que déjà très malade, il parlait encore sur son site Internet de ses projets mais reconnaissait qu’il était fatigué parce qu’il avait «un peu trop tiré sur la corde». Il préparait alors un DVD de ses récents spectacles et annonçait «une nouvelle tournée début 2005» et «un projet avec les frères Ferret, (ses) copains tziganes ». Mais la tournée n’aura pas lieu. Pierre Bachelet a fermé pour toujours ses yeux tristes.