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Actualités - OPINION

Une charnière qui devrait faciliter, sur le plan politique, de multiples jonctions

Les effets politiques potentiels de l’événement national que constitue la canonisation de Nehmetallah Hardini sautent aux yeux. On peut attendre d’abord, dans la foulée de l’élan rassembleur, un rapprochement accentué des émigrés avec la mère-patrie. On sait en effet que de nombreuses délégations de la diaspora ont tenu à se rendre à Rome. Pour y célébrer le nouveau saint. Mais aussi pour rencontrer les officiels ainsi que les dignitaires religieux. Ces échanges se produisent à un moment où l’on discute beaucoup, au Liban, de l’utilité de prévoir une représentation parlementaire pour les émigrés. Et surtout de la nécessité, tout simplement, de les confirmer en même temps dans leur nationalité libanaise et dans leurs droits civiques. Ce qui, soit dit en passant, consoliderait les équilibres sur lesquels se fonde ce pays composite. Sur le plan strictement intérieur, la participation (à travers la délégation officielle ou à titre privé) élargie des franges de la collectivité libanaise permet d’espérer un renforcement de l’esprit de coexistence et de convivialité. Ce message du Liban au monde, selon l’expression du pape. Qui a donc redit, avec ferveur, son affection, son attention toute particulière pour le Liban. Toujours sur le plan intérieur, le fait marquant reste le dialogue renforcé entre le chef de l’État et le patriarche Sfeir. Leurs rencontres répétées montrent qu’ils sont également désireux de coopérer, au-delà de leurs divergences de vues, pour le bien du pays. Et de leur commune communauté. Au sens large du terme. Car c’est manifestement les chrétiens du Liban, et à travers eux les chrétiens d’Orient, que l’on a voulu rassurer en Occident. Comme en fait foi, c’est le mot, la présence à Rome de Vincent Battle, l’ambassadeur américain. Dont on n’oublie pas qu’il a toujours exhorté les Libanais, les chrétiens notamment, à rester attachés à leur sol, à ne pas plier bagage. À ne pas renoncer d’eux-mêmes à participer à la vie publique de leur pays. Battle, s’en souvient-on, avait poussé le zèle dans cette voie jusqu’à démarcher les Libanais établis en Amérique. Afin qu’ils retournent au Liban. Ou, à tout le moins, qu’ils y investissent, ou s’y investissent, plus fortement. Le diplomate était certes présent à titre personnel ; mais en pareille occasion, il ne fait aucun doute qu’il a dû solliciter la bénédiction du département d’État. Qui lui a donc été accordée. Signal d’autant plus net qu’il n’y avait pas, aux côtés des Libanais, d’autres ambassadeurs occidentaux... Du côté du régime, il est certain que sa démarche a été hautement appréciée par la Curie. Ainsi, malgré la santé chancelante du Saint-Père, une audience en tête à tête de 20 minutes a été réservée au chef de l’État libanais. Un signal qui n’est pas sans portée internationale. Dans ce sens que le Vatican défend les mêmes positions que le Liban, et que ses frères arabes, par rapport aux deux problèmes brûlants de la région, la Palestine et l’Irak. Plus exactement, le Saint-Siège est contre la violence et pour les résolutions de l’Onu comme des principes de Madrid, dont la devise « la terre moyennant la paix ». Du côté de Baabda, on estime, au sujet de la situation intérieure, qu’il serait bon de se remémorer les thèmes de l’Exhortation papale concernant ce pays. C’est-à-dire qu’il faut relancer les appels à une réintégration volontaire des chrétiens à la vie publique. Dans l’optique, des loyalistes, qu’ils sont déjà bien représentés au sein d’un pouvoir qu’ils ne devraient donc plus bouder. Ou combattre. Philippe ABI-AKL
Les effets politiques potentiels de l’événement national que constitue la canonisation de Nehmetallah Hardini sautent aux yeux.
On peut attendre d’abord, dans la foulée de l’élan rassembleur, un rapprochement accentué des émigrés avec la mère-patrie. On sait en effet que de nombreuses délégations de la diaspora ont tenu à se rendre à Rome. Pour y célébrer le...