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Communautés - Messe d’action de grâces du patriarche à la basilique Saint-Pierre de Rome Sfeir : Les saints protègent notre pays des dangers qui le menacent (Photo)

CITÉ DU VATICAN, de notre envoyé spécial Fady NOUN Au lendemain de la canonisation de Nehmetallah Hardini, c’est de l’une des chaires les plus élevées du monde, moralement parlant, que le patriarche syrien-catholique Moussa Ier Daoud, devenu préfet de la Congrégation pontificale des Églises orientales, a créé la surprise, en réclamant justice pour la Palestine. Élargissant au monde entier la mission d’un obscur moine de la première moitié du XIXe siècle, mort loin des gloires du monde, le patriarche a demandé, par l’intercession de saint Nehmetallah Kassab Hardini, « les droits du peuple palestinien à la sécurité et à la terre ». Il l’a fait à l’issue d’une allocution vibrante de ferveur et d’humanité, dans laquelle il a mis en garde l’Ordre libanais maronite, la communauté maronite tout entière et le Liban, de poursuivre autre chose que la justice de Dieu et la sainteté ! La flamme et le panache du discours du patriarche Daoud ont clôturé une messe d’action de grâces célébrée par le patriarche Sfeir sur l’autel du pape, dans la basilique Saint-Pierre. Le chef de l’Église maronite n’a pas manqué de souligner, dans son homélie, combien ce privilège reflétait de sollicitude, de la part de Jean-Paul II, à l’égard de l’Église du Liban, auquel il passe tous ses caprices spirituels. Arrivé en procession dans la travée centrale de l’immense basilique, le patriarche s’est assis dans le fauteuil du pape, devant l’autel sous lequel reposent les vestes d’un pêcheur du lac de Tibériade nommé Simon, devenu Pierre. Sous la coupole s’élevaient, entre-temps, les premières notes musicales de la liturgie syriaque. Dans une courte homélie pleine de simplicité, le patriarche Sfeir a rendu grâce à Dieu pour les saints de l’Église maronite, qui sont « autant de guides et de phares » à une époque où des dangers de toutes sortes menacent la région. « Et même notre pays », a-t-il ajouté. Soulignant que la célébration intervient à la veille du 85e anniversaire du pape (et du sien), le 18 mai, le patriarche a exprimé sa joie de pasteur à voir tant de maronites venus du monde entier participer aux cérémonies de canonisation, et a mis en évidence le fait que « la sainteté est une source de renouveau pour l’Église et un signe, qui ne trompe pas, de sa “vitalité” ». Enfin, brossant un court portrait de Hardini, le patriarche a parlé de « sa pureté angélique », de son obéissance et de son humilité, rappelant que le saint avait choisi de parler de lui-même avec le vocabulaire d’un roi « dont le monastère est le royaume », pointant le doigt vers l’espace véritable où cette autorité doit être exercée : soi-même. Force d’attraction À l’issue de la messe, bien en aplomb devant le micro, avec sa bonté coutumière, le patriarche syrien-catholique a pris la parole pour dire en substance : « Bien des personnalités importantes ont vécu, durant la première moitié du XIXe siècle, et qu’en reste-t-il aujourd’hui ? À peine un souvenir dans un livre ; tandis qu’un simple moine, qui a vécu, effacé, dans un monastère, revêt aujourd’hui une stature universelle, et qu’on lui parle comme aux vivants. Son secret ? La raison pour laquelle il est parvenu à nous réunir ici en une même prière, c’est la sainteté. La sainteté possède une force d’attraction irrésistible, une autorité incontestable. L’homme ordinaire meurt, et son histoire se termine là. Avec le saint, c’est à sa mort que commencent les choses. » « Ce qui fait le saint, a enchaîné le préfet de la Congrégation des Églises orientales, ce sont ses œuvres. Et les œuvres de Nehmetallah Hardini ont commencé bien avant sa canonisation. » Mises en garde Le patriarche Daoud a ensuite exprimé sa reconnaissance pour l’Ordre libanais maronite (OLM), la communauté maronite et le Liban, qu’il a accompagnée de trois avertissements. Il a mis en garde l’OLM contre la tentation de poursuivre autre chose que la sainteté et l’Église maronite, « cœur et joyau des Églises orientales », contre la tentation d’être « autre chose qu’un phare du christianisme pour l’Orient et l’Occident ». Enfin, le Liban, qui, « avant la démocratie et avant la convivialité », a apporté au monde des modèles de sainteté, a été mis en garde contre toute tentation de se prêter « au jeu des axes et des égoïsmes ». Concluant sur la sainteté, et élargissant l’intercession des saints aux dimensions du monde, Daoud Ier a demandé à Hardini d’intercéder « pour la fin des guerres, du terrorisme, de la violence », et pour que la Palestine soit rétablie dans « ses droits à la sécurité et au territoire ». Le patriarche Daoud Ier avait effectué, du 13 au 19 avril dernier, une visite en Terre sainte, pour manifester aux Églises qui s’y trouvent l’appui actif du Vatican et envisager les moyens d’inverser, ou du moins ralentir, le phénomène de l’émigration des chrétiens, qui prend des proportions préoccupantes du fait de sa constance. Ce souci explique, en partie, l’intérêt que le Saint-Siège porte à une solution juste de la crise palestinienne. Absence du chef de l’État La messe sur l’autel papal a été concélébrée par Mgr Boutros Gemayel, évêque maronite de Chypre, et le RP Athanassios Jalkh. Le chef de l’État, qui se trouve à Rome jusqu’à ce soir, n’y a pas assisté, mais y était représenté par le ministre des Télécoms, Jean-Louis Cardahi. Dans l’espace des officiels, on reconnaissait notamment le président de la Ligue maronite, Michel Eddé, le député Mansour el-Bone, Boutros Harb et son épouse ainsi que des membres de la délégation officielle accompagnant à Rome le chef de l’État. Aux Libanais et aux autres délégations venues pour les cérémonies de canonisation, le pape a accordé, ensuite, place Saint-Pierre, une audience spéciale. Il y a rappelé brièvement les vertus pratiquées par le saint de Kfifane, s’exprimant à l’adresse des Libanais en français. Quelques cris « Jean-Paul II, we love you » se sont élevés de la foule massée place Saint-Pierre, ainsi que des « Happy Birthday to you », chantés à l’unisson par des délégations venues d’ailleurs. Mais la cérémonie est restée relativement brève. Le pape a décidé de faire au RP Athanassios Jalkh, supérieur général de l’Ordre libanais maronite, le même privilège qu’au patriarche. Le père Jalkh célébrera ce matin une messe d’action de grâces sur l’autel même du pape, dans la basilique Saint-Pierre. Cette cérémonie clôturera les manifestations officielles organisées à Rome à l’occasion de la canonisation de Nehmetallah Hardini.
CITÉ DU VATICAN, de notre envoyé spécial Fady NOUN

Au lendemain de la canonisation de Nehmetallah Hardini, c’est de l’une des chaires les plus élevées du monde, moralement parlant, que le patriarche syrien-catholique Moussa Ier Daoud, devenu préfet de la Congrégation pontificale des Églises orientales, a créé la surprise, en réclamant justice pour la...