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Actualités - CHRONOLOGIE

Municipales - La situation dans la localité chrétienne du Sud, un casse-tête pour les électeurs À Jezzine, remous dans les rangs de l’opposition et accusations d’interférences syriennes

Oubliée de la grande bataille entre Amal et le Hezbollah qui secoue actuellement le Sud, Jezzine n’en est pas moins déchiré par ses propres conflits. Alors qu’on attendait, pendant le week-end, la proclamation de la liste dite d’opposition, parrainée par l’ancien ministre Edmond Rizk et l’ancien ambassadeur Simon Karam et comprenant des membres des Forces libanaises et du courant aouniste, l’ingénieur Béchara Philippe Serhal, pressenti pour la présidence de cette liste, a annoncé dimanche soir qu’il se retirait de la bataille. Pour Me Edmond Rizk, il a cédé à des pressions syriennes, mais l’intéressé lui-même affirme s’être retiré parce qu’il n’a pas voulu faire « de la petite politique et parce que Jezzine mérite mieux que le débat actuel ». Une polémique de plus qui augmente encore plus la confusion ambiante. Héritier par sa mère de l’hôtel Massabki à Chtaura, dans lequel il s’est investi, l’ingénieur Béchara Philippe Serhal a fait l’événement à Jezzine pendant le week-end. En principe, la liste connue sous l’appellation d’opposition, parce qu’elle regroupe des représentants de partis et de formations de l’opposition chrétienne, mais qui veut désormais s’appeler la Liste de la dignité et du changement, comptait sur lui pour la présider. Toutefois, alors que les différentes personnalités impliquées dans la formation de cette liste discutaient de sa composition, M. Béchara Philippe Serhal a annoncé qu’il se retirait de la course. Le coup a été d’autant plus dur qu’il était inattendu, puisque, selon Me Rizk, samedi soir, M. Béchara Serhal était chez lui pour discuter de la stratégie de la bataille. Mais très vite, en vieux routier de la politique, Me Edmond Rizk a décidé d’encaisser le coup et d’en minimiser l’importance, attaquant violemment M. Serhal au cours d’un meeting populaire en plein cœur de la bourgade. Pour Me Rizk, la « défection » de M. Serhal est ainsi devenue un bienfait pour la liste. Et des rumeurs ont aussitôt commencé à circuler à Jezzine et dans les médias, laissant entendre que l’ingénieur a quitté la bataille en raison des pressions syriennes visant à favoriser l’autre liste, appuyée par le député président de la commission des Finances, Samir Azar, le courant de Camille Farid Serhal et celui de feu Jean Aziz. Edmond Rizk : « Les choses sont plus claires » Interrogé par L’Orient-Le-Jour, Me Rizk a confirmé ces rumeurs, précisant être convaincu que les Syriens sont derrière la défection de M. Serhal. « Ils étaient aussi derrière sa candidature afin de semer la confusion dans les rangs de la liste d’opposition. Maintenant, au moins, les choses sont plus claires. Et nous n’aurons aucun problème sur le plan de la formation de la liste, puisque nous avons un surplus de cinq candidats et nous ferons notre sélection ces deux jours afin de proclamer très bientôt notre liste. » Selon Me Rizk, les Syriens souhaitent appuyer la liste présidée par l’actuel président du conseil municipal, M. Saïd Abi Akl, pour faire plaisir au président de la Chambre, M. Nabih Berry, mis en difficulté par le Hezbollah dans la plupart des localités du Sud. Mais lorsqu’on lui demande pourquoi les Syriens choisiraient Jezzine pour aider Berry alors qu’ils l’ont laissé perdre dans la Békaa et dans la banlieue sud de la capitale et alors qu’ils ne font rien pour lui dans les autres localités du Sud, il répond : « Justement, c’est à Jezzine qu’ils veulent redorer son blason. Cette localité a déjà perdu quatre cents martyrs et autant de ses fils sont en prison, mais on continue à s’acharner sur elle. » Me Rizk fait aussi état de pressions exercées par les Syriens et par certains de leurs alliés sur des candidats pour qu’ils se retirent à leur tour de la bataille, ajoutant que des cartes électorales seraient en train de disparaître, afin de décourager les électeurs, alors que, selon lui, le Conseil du Sud se serait mis brusquement à s’occuper de la localité. « Ce n’est pas une bataille politique » Mais tout en accusant les Syriens de se mêler directement de la municipale de Jezzine, Me Rizk précise pourtant qu’il ne s’agit nullement d’une bataille politique. « Nous ne menons pas une bataille politique et nous n’avons rien à voir avec la campagne pour l’affaiblissement du président de la Chambre Nabih Berry ou avec celle qui rejette une éventuelle prorogation du mandat du président Émile Lahoud. Nos enjeux sont purement internes et concernent le développement de Jezzine. » L’ancien ministre conteste ainsi l’appellation « d’opposition » couramment donnée à la liste en gestation. « Même si elle est essentiellement formée de partis et de formations de l’opposition, cette liste est formée avant tout d’habitants de Jezzine qui ont à cœur les intérêts de leur ville. Nous laissons nos options politiques en dehors de cette échéance, et la bataille n’a aucune coloration politique. D’ailleurs, notre liste s’appellera celle de la dignité et du changement. » Une liste qui tarde quand même à voir le jour. En principe, elle devrait être annoncée au cours des prochaines vingt-quatre heures. Normalement, l’ancien ambassadeur et actuel membre du Rassemblement de Kornet Chehwane, M. Simon Karam, y aura trois ou quatre candidats ; même part pour Me Edmond Rizk et pour les Forces libanaises, avec notamment la candidature du frère du représentant des FL à Kornet Chehwane, M. Joseph Aziz, ainsi que pour le courant aouniste. Les deux candidats restants (Jezzine est doté d’un conseil municipal de dix-huit membres) représenteront les grandes familles de la bourgade, notamment le propre frère de Camille Farid Serhal, Pierre, chacun des deux frères appuyant ainsi une des deux listes rivales. Pour Me Rizk, le retard dans l’annonce de la liste ne serait nullement dû à des tiraillements internes, mais au souci d’avoir une équipe totalement représentative. Et lorsqu’on lui fait remarquer que certains habitants de Jezzine se seraient plaints du fait qu’il a présenté la candidature de son chauffeur, Badri Rizk, il s’écrie scandalisé : « Badri est le meilleur d’entre nous. Ses enfants sont tous instruits : des ingénieurs, des avocats et des médecins, et il connaît Jezzine mieux que nous tous. Notre liste est composée de personnalités brillantes et représentatives qui font honneur à Jezzine, et son programme est voué au développement de la ville, sans favoritisme comme c’est le cas de l’actuelle équipe municipale. » Béchara Serhal : « Les Syriens n’ont rien à voir dans ma décision » Dans son hôtel, à Chtaura, Béchara Serhal ne veut pas entrer dans les méandres de la petite politique villageoise. S’il est blessé par les attaques dont il fait actuellement l’objet de la part de ceux avec lesquels il comptait s’allier, il préfère ne pas ouvrir de « polémique mesquine ». Mais il est catégorique sur le fait que les Syriens n’ont rien à voir dans sa décision de se retirer de la bataille, tout comme ils n’avaient rien à voir dans sa décision de se présenter. « Il ne faut pas tout jeter sur le dos des Syriens, dit-il. Lorsque j’ai posé ma candidature, j’étais convaincu que Jezzine avait besoin de renouveau. Mais pour moi, le renouveau ne signifie ni fanfaronnade ni extrémisme. Je pensais que ma présence au sein de la liste dite d’opposition permettrait de donner un nouvel élan aux projets de développement, mais j’ai constaté que les conditions que j’estime minimales à la réussite d’un tel projet n’étaient pas réunies. D’autant que beaucoup de gens préfèrent faire de la petite politique. Ce qui n’est pas mon cas. J’ai donc préféré me retirer et j’espère que ma démarche provoquera un choc positif. » Les candidats qui étaient avec lui se retireront-ils à leur tour ? « Je ne leur ai rien demandé. Ils sont libres. Ce n’est pas mon genre de donner des instructions. Je suis en tout cas neutre et je ne compte appuyer aucune des deux listes. Mais je suis sûr que les habitants de Jezzine savent où se situe leur intérêt. Je suis convaincu que la région et notre localité en particulier méritent mieux que le débat actuel. » Béchara Serhal ne dévoile pas s’il ira ou non voter dimanche, mais il est offusqué par les informations selon lesquelles il aurait cédé aux pressions syriennes. Seulement, plus l’échéance approche et plus les attaques deviennent féroces. Dans une bourgade chrétienne comme Jezzine, placée au cœur de la tourmente pendant les années de guerre, accuser les Syriens peut être porteur. Sauf que, cette fois, c’est dans un même camp que les différentes parties se lancent des critiques. Pendant ce temps, la liste dirigée par l’actuel président de la municipalité, M. Saïd Abi Akl, et appuyée par MM. Samir Azar et Camille Serhal et par le courant de feu Jean Aziz, mène tranquillement sa campagne, axée sur le développement de la localité, loin des enjeux politiques. Rendez-vous dimanche pour le verdict des urnes. Scarlett HADDAD
Oubliée de la grande bataille entre Amal et le Hezbollah qui secoue actuellement le Sud, Jezzine n’en est pas moins déchiré par ses propres conflits. Alors qu’on attendait, pendant le week-end, la proclamation de la liste dite d’opposition, parrainée par l’ancien ministre Edmond Rizk et l’ancien ambassadeur Simon Karam et comprenant des membres des Forces libanaises et du...