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Terrorisme - Congrès international essentiel à Ryad Le pouvoir entend défendre le Hezbollah, mais aussi la Syrie

La mode Moallem, dite de « l’institutionnalisation », ne se limite pas aux relations bilatérales libano-syriennes. Localement aussi, pour réfuter les accusations constantes de l’opposition comme de la communauté internationale, le pouvoir tente de mettre en veilleuse le rôle des fameux services. Ce qui produit parfois d’étranges effets, ou contre-effets. Laissant penser que là où, légitimement et nécessairement, les services doivent être, ils n’y sont pas, et inversement. Ainsi, ce ne sont pas des cadres techniquement qualifiés, en uniforme ou sous couverture civile, qui vont représenter aujourd’hui le Liban au congrès international sur le terrorisme qui s’ouvre à Ryad. Mais un diplomate de haut rang, Bassam Naamani, chef du département monde arabe au palais Bustros. Pourquoi ce choix précis ? Simplement parce qu’auparavant M. Naamani a été ambassadeur en Arabie saoudite. Comme si la conférence était consacrée au dossier des sereines relations bilatérales libano-saoudiennes et non au fléau planétaire, explosif, du terrorisme. Comme toujours, le Liban officiel suit donc, dans ses décisions, une logique absolument lumineuse. Dans le droit prolongement, pour rester du côté diplomatique, de la précédente nomination de Mahmoud Hammoud, souple diplomate de carrière, au ministère musclé de la Défense. Une désignation qui obéissait, en fait, à deux considérations. D’abord, on ne pouvait plus redonner les AE à Hammoud, qui nous avait brouillés avec divers pays arabes, dont le Koweït, par ses déclarations sur l’Irak. Ensuite, on ne pouvait pas le larguer non plus, puisqu’il n’avait fait que suivre la ligne dite nationale, entendre prosyrienne. Retour au congrès de Ryad. En sus de la transgression de la règle « the right man at the right place », qui handicape le Liban face à des délégations formées de vrais spécialistes genre CIA, ce colloque est des plus inquiétants pour le Liban officiel. En effet, en tête des 60 pays participants, on trouve les États-Unis, la France, coauteurs de la 1559. Qui ne sont pas particulièrement tendres pour le tandem libano-syrien. Surtout côté activités de terrain. On sait, par exemple, que dans son tout récent discours sur l’état de l’Union, le président Bush dénonce le parrainage syrien de camps d’entraînement pour terroristes dans la Békaa. Plaine bien libanaise, ce qui reste contesté pour ce qui est de Chebaa. Pour sa part, on le sait aussi, la France a saqué la télé al-Manar du Hezbollah, dont elle exige le désarmement tout aussi fermement que le font les Américains. Isolement Or le couple libano-syrien, dont l’isolement n’a cessé de croître sur la scène internationale, risque d’être médiocrement soutenu à Ryad. Parmi les 15 pays arabes qui devraient se retrouver à ses côtés, il n’est pas un seul qui ne lui ait conseillé de se soumettre à la 1559, et qui serait disposé à ferrailler pour lui. La Chine, pour sa part, n’est pas (ou pas encore) prenante au Moyen-Orient et n’y adopte que des positions polies, lui évitant de fâcher quiconque. Reste la Russie. Elle veut certes, ouvertement, retrouver de l’influence dans la région. Mais sans risquer de se trouver disqualifiée par les dominants que sont les Américains. Elle a ainsi, manifestement, renoncé à l’idée de vendre des missiles à la Syrie, tout en recevant cordialement Assad à Moscou. Puis, surtout, Poutine s’affirme comme l’un des fers de lance mondiaux de la lutte antiterroriste et anti-islamiste, à cause de la Tchétchénie. Ses émissaires, tout en affirmant comprendre les motivations des autorités libanaises ou syriennes, leur ont toujours recommandé de ne plus tenter de se dérober à l’application de la 1559. Enfin, la Russie est directement engagée dans les plans d’inspiration US concernant le règlement du conflit israélo-arabe, puisqu’elle est l’un des quatre parrains de la « feuille de route » établie aux fins de relancer le processus de paix, dit de Madrid. Cela, aux côtés des Nations unies, de l’Amérique et de l’Union européenne. Qui n’est pas en reste côté insistance tant sur la 1559 que sur la (re)démocratisation du Liban. Donc les officiels, répétons-le, auront fort à faire pour défendre à la fois le tuteur syrien et le Hezbollah, dont tant de puissances qualifient d’organisation terroriste. D’autant plus volontiers que ce parti est pointé du doigt comme étant le soutien le meilleur, sinon le plus actif, des radicaux islamistes palestiniens du Hamas ou du Jihad. Dont la Syrie abrite les permanences de propagande, d’information ou de politique, comme elle le fait du reste pour les formations palestiniennes activistes de gauche, à l’instar du FPLP, du FDPLP ou des diverses dissidences du Fateh. On peut certes se demander si ce congrès de Ryad n’est qu’un mauvais quart d’heure à passer, sans suites pesantes, pour les officiels syriens ou libanais. Ce n’est, malheureusement pour eux, pas tout à fait le cas. En effet, tant la Russie que l’Amérique ou l’Arabie saoudite qui se trouve confrontée à une montée en puissance de la subversion islamiste (comme le Koweït aussi) veulent des résolutions qui débouchent, rapidement, sur du concret et du solide. Avant même le lancement des débats, le bloc va installer de multiples commissions de travail spécialisées, autant de mécanismes préparatoires pour une coopération permanente contre les cibles désignées. Il y aura ainsi un plan contre le blanchiment de l’argent sale finançant le terrorisme, un autre contre le trafic d’armes, etc. Faute d’une représentation suffisamment qualifiée sur le plan technique, le Liban devrait se contenter d’une place au sein de la commission chargée, selon le programme publié, de tirer profit, et au clair, de « l’expérience internationale dans la lutte contre le terrorisme ». Si on l’y admet. I.D.
La mode Moallem, dite de « l’institutionnalisation », ne se limite pas aux relations bilatérales libano-syriennes. Localement aussi, pour réfuter les accusations constantes de l’opposition comme de la communauté internationale, le pouvoir tente de mettre en veilleuse le rôle des fameux services. Ce qui produit parfois d’étranges effets, ou contre-effets. Laissant penser...