Rechercher
Rechercher

Actualités

Liban-Syrie - L’émissaire du président Assad a entamé ses consultations à Beyrouth Un premier contact en vue d’un assainissement des relations libano-syriennes(photos)

Dépêché par le président syrien Bachar el-Assad, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al-Moallem, nouvellement chargé du dossier des relations libano-syriennes, a entamé mardi des consultations avec l’opposition dont l’issue demeure très incertaine. Accompagné du ministre des Affaires étrangères Mahmoud Hammoud, M. Moallem a effectué les visites protocolaires d’usage, rencontrant le chef de l’État, le président de la Chambre et le Premier ministre, avant de rencontrer des figures bien choisies de l’opposition, MM. Nassib Lahoud et Boutros Harb, d’abord, M. Amine Gemayel ensuite, ainsi que trois figures politiques qui, sans être de l’opposition proprement dite, ont formulé des objections sur la présence de l’armée syrienne et le rôle des services de renseignements syriens au Liban, ainsi que Rafic Hariri, dont l’alliance avec Walid Joumblatt fait de lui un opposant en puissance, du moins sur le plan des prochaines législatives. M. Moallem a également rencontré hier l’ancien chef de l’État, Élias Hraoui. Aujourd’hui, M. Moallem rencontrera successivement les anciens présidents du Conseil Amine el-Hafez et Rachid el-Solh, avant de rentrer à Damas. Interpellé par les journalistes, le vice-ministre syrien a indiqué hier qu’il « rencontrera sûrement » le patriarche maronite Nasrallah Sfeir au cours d’une prochaine visite. Mais le député Walid Joumblatt ne semble pas figurer pour le moment sur son agenda. M. Moallem remplit sa mission dans le cadre de l’assainissement des relations entre le Liban et la Syrie. Il est chargé de placer les relations libano-syriennes dans le cadre des institutions politiques, alors que ce dossier est géré pour le moment par le chef des services de renseignements de l’armée syrienne au Liban, dont le siège est à Anjar, dans la Békaa. M. Moallem a reconnu, au cours de ses échanges avec les journalistes, l’existence de « pratiques erronées » dans la gestion des relations entre le Liban et la Syrie, tout en les banalisant. Mais il a annoncé pour la forme une « évolution » dans les relations bilatérales. « Les relations libano-syriennes couvrent plusieurs domaines, politique, économique, militaire et sécuritaire, et tous doivent être supervisés par les ministères des Affaires étrangères des deux pays qui ont pour mission de pallier aux lacunes », a-t-il déclaré à la presse. Toutefois, M. Moallem a naïvement assuré que « la Syrie ne s’ingère pas dans les affaires intérieures libanaises et qu’elle n’était pas intervenue dans l’adoption par le gouvernement d’un projet de loi pour les élections législatives prévues au printemps ». Il a sèchement affirmé que le dossier du retrait syrien du Liban et de l’arrêt des ingérences des services de renseignements syriens dans les affaires internes du Liban est du ressort de la commission militaire conjointe. M. Moallem a enfin éludé une question portant sur la demande d’établissement de relations diplomatiques entre la Syrie et le Liban. De telles déclarations et attitudes, estiment les observateurs, ramènent la mission du diplomate à ses justes proportions, celle d’une ouverture destinée à faire gagner du temps à la Syrie, et qui pourrait n’avoir aucun effet en profondeur sur les relations entre la Syrie et l’opposition nationale. Un retrait « à brève échéance » C’est le député Nassib Lahoud, un ami de longue date de M. Moallem, qui a le mieux résumé les demandes de l’opposition. MM. Lahoud et Moallem se sont connus quand ils étaient tous deux ambassadeurs de leurs pays respectifs à Washington. Un assainissement des relations entre le Liban et la Syrie stipule notamment un repli de l’armée syrienne vers la Békaa « à brève échéance », a affirmé M. Lahoud. « La solution consiste essentiellement à lever la mainmise de la Syrie sur le Liban, qui doit recouvrer sa souveraineté et son indépendance », a affirmé à la presse le député, après son entretien avec le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, qui s’est déroulé sur un bateau de plaisance de M. Issam Farès, où M. Lahoud était accompagné de MM. Boutros Harb et Georges Frem. « Tel est l’objectif central. Tout autre voie maintiendra la crise », a ajouté M. Lahoud, qui a exposé le point de vue de l’opposition sur « la manière de construire une relation libano-syrienne sur des bases saines ». « Il faut parvenir à un retrait syrien total du Liban à brève échéance. Ce retrait peut intervenir en deux étapes : la première avant les élections législatives du printemps, jusqu’à la Békaa, la seconde sur la base d’un calendrier précis qui sera établi par un gouvernement national issu des élections, et non par le gouvernement actuel », a précisé M. Lahoud. En outre, Damas doit, avant les élections, « démanteler les services de sécurité libano-syriens, à travers lesquels est maintenue la mainmise sur le Liban, et consolider sa manière de traiter avec le Liban, en sa qualité d’État indépendant ayant d’étroites relations avec la Syrie », a-t-il ajouté. « Après les élections (...) un gouvernement de salut ou d’union nationale devra s’atteler à l’élaboration d’un calendrier pour un retrait syrien total du Liban », a indiqué M. Lahoud. Ce retrait est une exigence de l’Onu depuis septembre dernier, date de la résolution 1559 du Conseil de sécurité. Le député a souligné que si les conditions de l’opposition « n’étaient pas prises en considération, il n’y aurait pas d’assainissement possible des relations » entre les deux pays. La rencontre avec M. Moallem « n’est pas une ouverture de la Syrie en direction de l’opposition », a-t-il affirmé péremptoirement. Les élections législatives Outre le repli syrien vers la Békaa et le démantèlement de l’appareil policier, le député du Metn a posé comme conditions pour un assainissement des relations entre la Syrie et le Liban « la formation d’un gouvernement neutre » qui superviserait les législatives. La loi électorale de 1960 est valable « comme compromis », a ajouté M. Lahoud, à l’exception du découpage des circonscriptions à Beyrouth. Le député a également demandé la réouverture de la station de télévision MTV, arbitrairement fermée au lendemain des élections de 2000, et l’égalité d’accès aux médias. Sur le plan de la sécurité, M. Lahoud a demandé que soient éclaircies sans délais les circonstances qui ont entouré la tentative d’assassinat de Marwan Hamadé, le 1er octobre dernier. La satisfaction de cette exigence « est une garantie de sécurité qui sera offerte à tous ceux qui sont actifs dans le champ politique, qu’ils soient dans l’opposition ou pas », a-t-il souligné. « La satisfaction de ces demandes sera de nature à renforcer la crédibilité et la légitimité des élections législatives prévues, sur le plan local et international, et rendra inutile la demande d’une supervision internationale du scrutin, et sera une étape vers l’élection d’une Assemblée représentative et la formation d’un gouvernement d’union nationale », a conclu M. Lahoud. Harb et Gemayel Le député Boutros Harb et le président Amine Gemayel ont tous deux convenu, dans des déclarations qui ont suivi leurs rencontres respectives avec le vice-ministre syrien, que « tout dépendra de leurs résultats ». Le député Boutros Harb a précisé avoir souligné aux yeux du responsable syrien l’importance de l’établissement d’un calendrier du retrait syrien du Liban et de l’abstention de toute ingérence dans le processus électoral. Il y a lieu de souligner que M. Harb s’était rendu en matinée à Bkerké pour informer le chef de l’Église maronite de sa rencontre à déjeuner avec M. Moallem. Il y avait précédé de peu le député Nassib Lahoud, qui s’en était ouvert également au patriarche Sfeir. Cette démarche a prudemment placé la rencontre avec le vice-ministre syrien sous la houlette du patriarche maronite, autorité morale de référence pour toute l’opposition. « La rencontre a été une occasion pour prendre connaissance, de la bouche de M. Moallem, de la décision prise au plus haut niveau, par la Syrie, d’apporter des modifications à la situation présente et de profiter des expériences du passé pour réédifier des rapports de fraternité et de sincérité, dans le cadre du respect sincère de la souveraineté du Liban et l’établissement de bons rapports avec toutes les parties », a affirmé M. Harb. L’unité des rangs Pour sa part, le président Gemayel a paru d’abord soucieux d’assurer que cette ouverture syrienne « n’ébranlera pas l’unité des rangs » de l’opposition. Dans les milieux proches de l’ancien chef de l’État, on estime aussi que « les intentions à elles seules sont insuffisantes » et qu’en tout état de cause, tirer des conclusions de ce premier contact entre le régime syrien et des symboles de l’opposition est « prématuré ». C’est quand même un point que marque l’opposition, ont ajouté ces sources, dans la mesure où son action a enfin amené la Syrie à prendre conscience que quelque chose ne tourne pas rond dans ses rapports avec le Liban.

Dépêché par le président syrien Bachar el-Assad, le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Walid al-Moallem, nouvellement chargé du dossier des relations libano-syriennes, a entamé mardi des consultations avec l’opposition dont l’issue demeure très incertaine.
Accompagné du ministre des Affaires étrangères Mahmoud Hammoud, M. Moallem a effectué les visites...