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Actualités - OPINION

TRIBUNE Trois impératifs pour l’économie libanaise

Par Fouad Khoury-Hélou Le Liban est une économie de services où les deux tiers du revenu national sont générés par le secteur tertiaire, qui inclut notamment les secteurs commercial, touristique, bancaire, hospitalier et éducatif. Il assure, via les transferts en provenance de l’extérieur, la couverture de la balance commerciale du pays, déficitaire du fait de la faiblesse de l’industrie et de l’agriculture locales. Une telle situation pourrait en principe permettre au Liban un niveau de vie satisfaisant. Toutefois, ce n’est pas le cas aujourd’hui, pour trois raisons essentielles. Premièrement, il faut que les autorités se décident à soutenir activement le choix d’une économie de services et à agir d’une manière cohérente. Pour obtenir des résultats, il faut prendre simultanément une série de mesures. D’abord, une économie de services a besoin d’infrastructures adaptées. Il faut moderniser en priorité le réseau électrique (l’EDL) et les télécommunications à haut débit orientées vers les technologies de l’information. Ensuite, une telle économie est faite, plus que les autres, d’une multitude de petits acteurs. Elle a besoin de fluidité, de liberté d’entreprendre. Il faut donc alléger les contraintes réglementaires (permis et autorisations administratives, création et cession d’entreprises, formalités douanières, lois du travail inadaptées et rigides). De plus, une telle économie, basée sur le changement rapide, la souplesse et l’adaptabilité, a besoin d’efficacité et d’équité, faute de quoi les activités de services, par essence « légères » et mobiles, quitteront le pays tout aussi rapidement. Il faut donc améliorer le fonctionnement de l’administration ainsi que la performance fiscale (la collecte des impôts), car aujourd’hui certains paient trop et d’autres pas assez. Enfin, une nation ayant l’ambition de devenir une capitale économique et touristique ne peut se permettre un environnement aussi dégradé que le nôtre, avec des lois sur la construction laxistes, inadaptées et qui saccagent le pays. Deuxièmement, une économie de services est structurellement inégalitaire, car elle concerne en priorité la partie de la population qui est formée et éduquée. Cette minorité génère de gros revenus, cependant que la majorité est exclue du système. Laissé à lui-même, ce modèle est source d’inégalités et de conflits, comme la guerre du Liban l’a montré. Il doit donc être corrigé par la justice sociale. Mais pas une justice sociale rigide et corrompue, qui consiste en des subventions « politiques » accordées à des lobbies, en des organismes comme la CNSS, qui est devenue un véritable obstacle pour les entreprises, ou encore en payant des dizaines de milliers de salariés de l’État et des organismes de sécurité alors qu’ils sont notoirement en sous-activité. La justice sociale intelligente consiste par exemple à créer un accès rapide, gratuit et de qualité à l’éducation, aux soins médicaux et aux services de base. Donc à donner à tous les mêmes chances de départ. Il faut procéder à une réallocation des dépenses sociales en ce sens. Enfin, troisièmement, une économie de services doit construire une relation stable avec le reste du monde. Car une telle économie est fragile et sensible aux crises politiques, diplomatiques et économiques. C’est pourquoi il faut prendre deux décisions : d’abord, il faut faire le choix de la transparence, des réformes et de l’État de droit. Ensuite, il faut le faire savoir au monde. L’objectif de l’État libanais et des ministères concernés doit être de restaurer notre crédibilité et notre image à l’étranger. Le moyen : un dialogue et une communication claire. Quel que soit le prochain gouvernement, loyaliste, opposant ou d’union nationale, il doit faire ce choix. La contrainte est la même pour tous.
Par Fouad Khoury-Hélou

Le Liban est une économie de services où les deux tiers du revenu national sont générés par le secteur tertiaire, qui inclut notamment les secteurs commercial, touristique, bancaire, hospitalier et éducatif. Il assure, via les transferts en provenance de l’extérieur, la couverture de la balance commerciale du pays, déficitaire du fait de la faiblesse de...