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Actualités - interview

Nations Unies – La nouvelle représentante du Pnud au Liban expose les projets à venir de l’organisme onusien Satisfaite de sa nomination, Mona Hammam veut renouer avec son Moyen-Orient natal(photo)

Élégante, distinguée, discrète et souriante. Mona Hammam est la nouvelle représentante du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) au Liban où elle remplace Yves de San. Elle cumule également les postes de représentante du Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) à Beyrouth, de chargée de l’organisation de l’Onu pour le développement industriel (Onudi) et de responsable du bureau régional du commissaire aux droits de l’homme au Liban. D’origine égyptienne et possédant la nationalité américaine, c’est la première femme à occuper ce poste au Liban. Pour Mona Hammam, la tâche devrait être facile. Depuis 1985, elle a rempli plusieurs postes dans diverses organisations onusiennes, sans jamais effectuer de longs séjours au Moyen-Orient. Pour elle, cette nomination à la tête du Pnud à Beyrouth est aussi un retour aux sources. « Je suis contente de revivre dans le monde arabe, de renouer avec mes racines », dit-elle, soulignant que ce sera une occasion de se remettre à pratiquer, comme il se doit, la langue arabe. Issue de la grande bourgeoisie égyptienne, Mona Hammam a quitté, à la fin des années soixante, son pays natal pour poursuivre ses études aux États-Unis, à l’Université de Kansas. Docteur en sociologie, elle entame une carrière auprès des organismes internationaux, tout en enseignant à l’Université de Washington. En 1977, elle est responsable de l’information politique à la Ligue arabe dans la capitale fédérale des États-Unis. En 1979, elle devient consultante auprès de l’Usaid. Son expérience au sein des Nations unies commence en 1985, avec le Pam (Programme alimentaire mondial). Elle est directrice du bureau régional pour le Moyen-Orient, l’Afrique du Nord, l’Europe de l’Est et la CEI (Communauté des États indépendants) à Rome de 1993 à 1997. Elle devient ensuite directrice du bureau de liaison du programme à New York, de 1997 à 2001, et enfin, de 2003 à 2004, elle est nommée haut conseiller auprès du département politique et de planning stratégique du Pam. Entre 2001 et 2003, on lui confie au sein des Nations unies des missions spécifiques. Elle est, tour à tour, directrice du bureau du représentant spécial du secrétaire général pour les enfants et les conflits armés, ainsi que directrice adjointe du groupe de l’Onu pour le développement et conseillère principale du directeur exécutif de l’Unicef. Au cours de ses diverses missions au sein des Nations unies, Mona Hammam a vu la pauvreté et la misère en face, travaillant parfois dans l’urgence. Elle a ainsi dirigé trois des plus grandes opérations humanitaires du Pam en ex-Yougoslavie, en Afghanistan et en Irak. Elle a aussi programmé des campagnes pour la scolarisation des filles au Pakistan, au Maroc et au Yémen, et œuvré pour la création de boulangeries gérées par des femmes en Afghanistan, en Bosnie et en Palestine. Occuper des postes-clés et ne rien perdre de sa féminité Bien qu’elle ait occupé des postes de responsabilité à Rome et à New York, et qu’elle ait été confrontée à la réalité et la difficulté du terrain dans des pays en conflit, Mona Hammam n’a rien perdu de sa féminité. D’ailleurs, ce n’est pas le style de femme indiscrète ou grande gueule qui revendique haut et fort ses droits ou ses réalisations. Au contraire, douce et souriante, sa lutte ou le prix qu’elle a payé pour réussir sa carrière, on le devine au détour d’une phrase, d’un sourire ou d’un silence. Du reste, quand on lui pose ce genre de question, elle ne répond pas en s’épanchant sur son expérience personnelle, ou en dénonçant la misogynie. Loin de là. Avec beaucoup de calme et d’assurance, elle choisit ses termes pour parler des inégalités. «Parfois, dans une entreprise, les femmes travaillent beaucoup plus que les hommes pour se faire respecter sur le plan professionnel, surtout quand elles sont à des postes- clés», indique-t-elle. Mme Hammam, les cheveux lisses et le visage doux, relève avec un grand sourire qu’elle n’apprécie pas beaucoup «celles qui arrivent à des postes de responsabilité et qui oublient qu’elles sont des femmes». Est-ce que le fait qu’elle soit femme à un poste-clé au Pam a changé la manière de prendre des décisions? « J’ai exécuté le travail comme il doit l’être. Mais, en plus, j’étais très sensible aux problèmes des femmes, parce qu’elles constituent une frange fragile de la population, notamment en matière de pauvreté », dit-elle. Bien qu’elle ait géré et pris part à d’importants projets humanitaires et de développement, évoquant ses travaux préférés sur le terrain, elle cite des projets relatifs à l’amélioration de la vie des femmes les moins nanties. C’est avec beaucoup d’humour qu’elle raconte l’histoire d’un programme relatif à la scolarisation des petites filles. «Cela se passait au Baloutchistan, une zone très conservatrice du Pakistan. Après le travail que nous avons effectué, le taux de scolarisation des fillettes, qui était très bas, est monté jusqu’à 120% », raconte la représentante permanente du Pnud au Liban. « Pour inciter les parents à envoyer leurs filles – qui travaillaient dans les champs – à l’école, le Pam a décidé de remettre aux familles une amphore d’huile pour chaque fillette scolarisée, et ça a marché… », dit-elle, éclatant de rire. Le même plan a également réussi au Yémen. « Afin de pouvoir changer les choses et soutenir le développement, il faut comprendre et respecter les traditions des peuples concernés », indique la représentante permanente du Pnud au Liban, expliquant que c’est notamment la pauvreté qui pousse les familles des pays les moins nantis à envoyer leurs filles au travail. Une amphore d’huile valait donc autant qu’une fillette qui travaillait toute la journée dans les champs… Au Liban, un programme en trois volets Mme Hammam sait que ce problème spécifique ne se posera pas au Liban, où, selon les divers rapports locaux publiés par plusieurs organismes et agences des Nations unies, le taux de scolarisation des filles est même légèrement plus élevé que celui des garçons. « Cela fait plaisir de voir qu’à Beyrouth, le taux de femmes dans la vie active est élevé, que leurs capacités sont respectées et que le gouvernement vient de nommer deux ministres femmes, qui sont toutes deux très compétentes », dit-elle. Elle est consciente également que cela n’est pas le cas dans les zones périphériques du pays, où il reste beaucoup à faire sur le plan du développement. Elle cite à ce sujet, des projets du Pnud au Akkar, au Hermel et au Liban-Sud. Se penchant sur le programme mis en place par l’organisme qu’elle représente au Liban, Mme Hammam indique qu’il se divise en trois parties: la bonne gouvernance, la protection de l’environnement et la lutte contre la pauvreté. Soulignant l’importance des huit défis du millénaire, adoptés en l’an 2000 par les pays membres des Nations unies, la représentante du Pnud indique qu’un projet global dans ce sens devrait être prochainement lancé au Liban. Il s’étendra jusqu’en 2011. Notant que l’un des défis du millénaire est la lutte contre la pauvreté et la réduction de moitié de l’indigence en 2015, Mme Hammam relève que plusieurs études, chapeautées par le Pnud, ont déjà été effectuées au Liban. «Grâce à elles, nous savons que 7% de la population libanaise vit dans la pauvreté, ce taux s’élève à 35 % dans les zones périphériques », indique-t-elle. Des enquêtes sur le terrain, afin d’actualiser ces chiffres, devraient se concrétiser bientôt, ajoute-t-elle. Elle cite également dans ce cadre des projets de développement mis en place dans les zones périphériques. Se penchant sur la coopération directe entre le Pnud et le gouvernement, Mme Hammam passe en revue des programmes stratégiques, qui ont pour but, notamment, le développement du potentiel des employés des services publics. Dans ce cadre, des programmes de coopération, instaurés notamment avec le Parlement et les ministères de la Réforme administrative et des Finances, sont en cours. L’informatisation de l’administration fait également partie des priorités du Pnud. Mona Hammam, qui est désignée pour la première fois par New York pour occuper un poste à la tête du Pnud, ne craint pas les responsabilités qui lui ont été léguées. Depuis plus de vingt ans, elle a travaillé au sein des Nations unies, assumant des postes-clés, œuvrant parfois dans l’urgence, tentant de changer les choses et donnant de l’espoir à ceux qui manquent de tout ou qui vivent dans des zones de conflit. Mme Hammam, qui parle couramment l’anglais, l’arabe, le français, l’espagnol et l’italien, consacre la plupart de son temps au travail. Contente de séjourner au Liban, pour renouer vraiment avec son Moyen-Orient natal, elle se souvient de son premier séjour à Beyrouth en 1975, où elle avait assisté à une pièce des frères Rahbani, au théâtre Picadilly. Beyrouth est restée, pour elle, la capitale arabe de la culture, que « ce soit sur le plan des publications littéraires ou de la création théâtrale », dit Mme Hammam. « Le Liban est un pays ouvert sur le monde », ajoute-t-elle. « Dès que j’y suis arrivée, je me suis sentie chez moi », poursuit-elle. Mme Hammam aime la danse classique et l’opéra: Don Giovanni de Mozart figure parmi ses préférés. Elle confie également que, jusqu’à son départ pour les États-Unis, elle avait suivi au Caire des cours de danse classique et de piano. «Maintenant, je me contente d’assister à des spectacles », dit-elle. Ses hobbys actuels sont le jardinage et la natation. La nouvelle représentante du Pnud au Liban est mère de deux garçons, l’aîné, âgé de 22 ans, est diplômé de l’Université de Stanford, et le cadet, âgé de 20 ans, est étudiant à l’Université de Syracuse. Patricia KHODER


Élégante, distinguée, discrète et souriante. Mona Hammam est la nouvelle représentante du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) au Liban où elle remplace Yves de San. Elle cumule également les postes de représentante du Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) à Beyrouth, de chargée de l’organisation de l’Onu pour le développement industriel...