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Actualités - CHRONOLOGIE

Allemagne Quinze ans après la chute du mur, Berlin reste affectivement coupé en deux

Quinze ans après la chute du mur de Berlin, seuls deux pour cent des mariages dans la capitale allemande concernent des Berlinois de l’Est et de l’Ouest, un chiffre qui témoigne de l’incompréhension séparant encore les deux parties de l’Allemagne. « J’ai eu des amies venant du monde entier mais aucune de Berlin-Ouest », constate Stefan Rosche, un étudiant de Berlin-Est. « Les femmes de Berlin-Ouest sont trop compliquées. Elles sont exigeantes, ambitieuses et matérialistes. Avec elles, tout est tellement marchand. » Si les rues, les ponts et les liaisons ferroviaires entre les deux parties de la ville ont été restaurées peu après la chute du mur, le 9 novembre 1989, le rapprochement affectif est loin d’être accompli, malgré l’allégresse des premières retrouvailles. Au face-à-face tendu de la guerre froide a succédé une cohabitation sans passion et nourrie de préjugés. « Je ne peux même pas imaginer me marier avec un Ossi (habitant de l’Est), ils sont tellement ennuyeux », affirme l’« Occidentale » Nadja Berendes. « Leur passé et leurs vies sont tellement différents. Ils ne m’ont jamais intéressée. » Les sociologues qui se sont penchés sur cette polarisation persistante de Berlin estiment que dans une ville de cette taille, avec ses infrastructures, la proportion de couples composés d’habitants de l’Est et de l’Ouest devraient être d’un tiers voire de la moitié. D’après les statistiques officielles, les Berlinois ont 12 fois plus de chances de se marier avec une personne étrangère qu’avec un habitant originaire de l’autre partie de la ville. Entre 1990 et 2000, 161 280 mariages ont été prononcés à Berlin et seuls 4 366, soit 2,7 %, concernaient des couples Est-Ouest. En outre, depuis 1995, cette proportion n’a cessé de diminuer. Différence de richesses « Ce qui m’a toujours frappée chez les Berlinois de l’Est, c’est qu’ils semblent plutôt bouchés », explique Katja Saal, une gérante d’hôtel. « Ils n’ont aucun style. Ce sont des profiteurs qui racontent combien c’était mieux avant en Allemagne de l’Est. Ils n’ont aucun sens de la réalité. » Le mur n’existe plus mais d’autres barrières l’ont remplacé. D’une manière générale, les habitants de l’Est gagnent moins mais travaillent plus. Leur espérance de vie est plus courte. Ils ne lisent pas les mêmes journaux ni ne regardent les mêmes films que ceux de l’Ouest, ils votent différemment et ont des habitudes alimentaires également différentes. Pour les habitants de l’Est, les « Wessies » sont des vantards arrogants qui ont profité de la chute du mur pour venir piller les richesses de l’Allemagne de l’Est et éliminer les entreprises concurrentes. Pour les habitants de l’Ouest en revanche, les « Ossies » sont fainéants, naïfs et se sont montrés incapables de développer leur économie malgré les opportunités offertes par la réunification, intervenue 11 mois après la chute du mur. « C’est une conséquence du mur et de décennies de division », poursuit Michel, Est-Berlinois marié à une Est-Berlinoise. « Les Berlinois de l’Est et les Berlinois de l’Ouest ne se connaissent pas. La moitié des Occidentaux n’ont jamais mis le pied à l’Est. Il faudra encore 15 ans pour surmonter cette séparation. »
Quinze ans après la chute du mur de Berlin, seuls deux pour cent des mariages dans la capitale allemande concernent des Berlinois de l’Est et de l’Ouest, un chiffre qui témoigne de l’incompréhension séparant encore les deux parties de l’Allemagne.
« J’ai eu des amies venant du monde entier mais aucune de Berlin-Ouest », constate Stefan Rosche, un étudiant de...