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Gouvernement - Le ministre de l’Intérieur claque la porte, obligeant Karamé à redistribuer les cartes Berry prend le relais de Frangié

La décision-surprise du ministre sortant de l’Intérieur, Élias Murr, de se retirer de la course et de laisser à Sleimane Frangié la voie ouverte pour accéder à la tête de ce ministère-clé a certes permis de débloquer ce qui a été, pendant des jours, le principal obstacle à la formation du cabinet. Mais d’autres nœuds, constitués par les exigences berristes et arslanistes, restent à régler avant que M. Karamé ne présente au chef de l’État, le général Émile Lahoud, aujourd’hui en principe, la configuration de son équipe. Ali Khalil ou Mahmoud Hammoud aux Affaires étrangères ? Talal Arslane ou Ali Hassan Khalil aux Travaux publics ? Abdel Rahim Mrad ou Tammam Salam à l’Éducation ? Le « partage » des ministères, au sein d’un cabinet en définitive boycotté par des forces politiques majeures, n’était toujours pas terminé hier soir. La décision de M. Murr de claquer la porte pour en finir avec le bazar, voire le chantage pratiqué depuis quelques jours autour des portefeuilles ministériels, a indubitablement compliqué la mission Karamé dans la mesure où elle contraint le Premier ministre désigné de procéder à une nouvelle redistribution des cartes et de se heurter encore une fois aux exigences du président de la Chambre, Nabih Berry, qui a aussitôt fait monter les enchères, prenant sans doute exemple sur le ministre de la Santé. Oubliant, comme M. Frangié, que le pays a besoin d’une équipe active capable de régler les innombrables problèmes auxquels il est confronté et non pas d’un groupe soucieux de ses seuls intérêts politiciens et électoraux, le président de la Chambre a brandi la menace désormais classique : ou mes conditions sont remplies, ou je me retire. M. Karamé qui, tout au long de la matinée, laissait entendre qu’il se rendra en soirée auprès du chef de l’État, pour lui soumettre un projet d’équipe ministérielle, est devenu plus évasif au fur et à mesure de ses contacts pour remodeler la formule ministérielle. Jusque tard dans la nuit, il s’efforçait de résoudre le problème Berry. Selon des sources politiques, le président de la Chambre exige d’être représenté au sein du cabinet par six ministres, cinq chiites et un maronite, dont deux seraient à la tête de ministères principaux, en l’occurrence les Affaires étrangères et les Travaux publics, au moment où le chef de l’État, irrité par la tournure des événements, persiste et signe, à juste titre : pas question de nommer des personnes affiliées à des partis à la tête de ministères dits de services, à quelques mois des législatives. À ce problème, s’ajoute un autre : les réserves du Hezbollah sur certains noms avancés par M. Berry. Tard dans la nuit, on envisageait entre Ramlet el-Beida et Baabda de revenir à la formule d’un cabinet de vingt-quatre ministres pour contourner les conditions berristes. Parallèlement, M. Karamé essayait de venir à bout d’autres réticences, de convaincre M. Talal Arslane d’accepter la Santé, sachant que ce dernier exige les Travaux publics et tient à ce que le Chouf soit représenté par un maronite, M. Nagy Boustany, au grand dam du Premier ministre, qui ne tient pas à avoir parmi les membres de son équipe des personnalités dont la présence peut être considérée comme un défi à M. Walid Joumblatt. M. Karamé devait aussi persuader M. Farid el-Khazen, qui brigue les Travaux publics, de prendre en charge l’Énergie et voir si le vice-président de la Chambre, Élie Ferzli, ira à la Défense ou à l’Information. C’est à se demander si le Premier ministre désigné aura le temps de tout régler avant le délai qu’il s’est fixé pour présenter au président Lahoud la configuration du prochain cabinet ou s’il faut attendre encore longtemps la naissance du gouvernement. Quoi qu’il en soit, il semble certain que M. Karamé prendra lui-même en charge le portefeuille des Finances et désignerait M. Élias Saba, ministre d’État pour les Affaires financières. Côté sunnite, on considère comme acquise la présence de Tammam Salam, Abdel Rahim Mrad et Sami Minkara au sein du cabinet et on attend pour savoir si c’est M. Adnane Addoum ou Adnane Kassar ou encore Abdel Rahman Bizri ou Oussama Saad qui seront nommés. M. Addoum serait désigné à la tête de la Justice au cas où M. Karamé renonce à y placer M. Hussein Husseini, le président de la Chambre étant catégoriquement opposé à la présence de ce dernier. Pour les noms chiites, rien n’est encore tranché, car il faut tenir compte du veto du Hezbollah sur certains ministrables soutenus par M. Berry, qui souhaite se faire représenter au sein du gouvernement par trois ministres de la Békaa, Robert Ghanem, Élie Ferzli et Abdel Rahim Mrad. Les maronites seraient représentés au gouvernement par Sleimane Frangié, Farid el-Khazen, Jean-Louis Cardahi, Ibrahim Daher, Khalil Hraoui ou Robert Ghanem et Nagy Boustany ou Rachad Salamé, les grecs-catholiques par Élie Skaff, Michel Samaha et Michel Moussa, les grecs-orthodoxes par MM. Issam Farès, Élie Ferzli et Élias Saba, les druzes par Talal Arslane, Fayçal Daoud ou Ramzi Younès, les Arméniens et les minorités par Sebouh Hovnanian et Tony Chader. Si M. Rachad Salamé est nommé, M. Alain Tabourian sera alors désigné à la place de M. Chader.

La décision-surprise du ministre sortant de l’Intérieur, Élias Murr, de se retirer de la course et de laisser à Sleimane Frangié la voie ouverte pour accéder à la tête de ce ministère-clé a certes permis de débloquer ce qui a été, pendant des jours, le principal obstacle à la formation du cabinet. Mais d’autres nœuds, constitués par les exigences berristes et...