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L’ancien président et l’ancien ministre ont été successivement reçus par Sfeir Amine Gemayel et Boueiz refusent de jouer « les faux témoins » au sein du gouvernement (photo)

Le ministre démissionnaire de l’Environnement, Farès Boueiz, a sérieusement mis en doute hier la volonté du régime de former un cabinet d’union nationale, estimant que la tendance est plutôt à « un gouvernement de confrontation », dans la lignée des « impératifs stratégiques » évoqués par les autorités libanaises et syriennes. M. Boueiz et l’ancien président de la République, Amine Gemayel, qui ont été successivement reçus par le patriarche maronite, Mgr Nasrallah Sfeir, ont tous les deux insisté sur le fait qu’ils « refusent de jouer les faux témoins au sein du nouveau gouvernement ». À l’issue de sa rencontre avec le patriarche maronite, M. Boueiz a affirmé : « La logique instaurée par le biais de l’amendement constitutionnel et qui est dictée par les “impératifs stratégiques” pourrait se poursuivre. Ces “impératifs” pourraient déboucher sur un gouvernement de confrontation, loin du cabinet d’union nationale. Je pense que l’amendement constitutionnel s’inscrit dans le cadre d’un programme donné, dont il n’est qu’une étape. Ensuite, il y aurait un gouvernement de confrontation en fonction des circonstances, puis une loi électorale de confrontation, puis une situation policière de confrontation. C’est pourquoi nous doutons de la justesse de cette théorie de gouvernement d’union nationale. L’objectif d’une telle rumeur est tactique. Il s’agit d’apaiser la tension qui prévaut actuellement en donnant l’impression que certaines parties vont adhérer au gouvernement. Il s’agit de tenter tout le monde par les slogans lancés. Lesquels, du reste, seront complètement vidés de leur contenu. » Interrogé sur sa position concernant une éventuelle participation du député Farid el-Khazen au prochain cabinet, M. Boueiz a répondu : « Le député Khazen est mon ami, mais chacun avait une position différente (concernant la prorogation du mandat Lahoud). Nous faisons beaucoup plus partie d’un même bloc électoral et régional que d’un parti politique ou bloc partisan. Chacun a son point de vue à ce sujet. » Concernant les propos du ministre syrien des Affaires étrangères Farouk el-Charek au sujet de l’abolition du confessionnalisme politique, Farès Boueiz a indiqué : « Si la Syrie voulait éviter de révéler et de certifier l’ampleur de l’impressionnante ingérence dans les affaires internes libanaises, M. Chareh n’aurait pas dû lier la présence de l’armée syrienne à une question d’ordre interne ou confessionnel. S’il y a des considérations (valables pour la présence armée syrienne au Liban), qu’elles soient régionales, politiques et stratégiques, elles ne doivent pas être liées à une question interne », a-t-il précisé. Le rapport Annan « ne sera pas positif » Au sujet du rapport Annan sur la 1559, l’ancien ministre des Affaires étrangères a affirmé : « Le rapport du secrétaire général sera descriptif. Il se basera sur la 1559 pour décrire le développement de la situation depuis la parution de la résolution. La mission du secrétaire général n’est pas de prendre des décisions ou des mesures, ce qui relève du Conseil de sécurité, avec ses équilibres et ses orientations politiques. Naturellement, malgré tous les efforts déployés par la délégation libanaise, le rapport ne sera pas positif, que ce soit au niveau de l’amendement constitutionnel, de la présence des armées étrangères ou de la dissolution des milices. Partant, cela ouvrirait la voie au Conseil de sécurité pour qu’il y insère ses orientations politiques. » Concernant son éventuelle participation au sein du gouvernement, à la lumière de sa réunion mardi avec le Premier ministre Rafic Hariri, Farès Boueiz a déclaré : « Si nous avions considéré que le gouvernement était un éden, nous n’aurions pas démissionné. Nous pensons que c’est un enfer et que nous n’y sommes pas à notre place. S’il y a des intentions réelles de former un cabinet d’union nationale, il faut demander aux forces politiques de proposer un programme, qui serait adopté au préalable par le gouvernement – et cela afin de savoir si ce dernier accepterait d’aller aussi loin. Par contre, entrer au gouvernement en tant que faux témoin, un gouvernement qui ne gouverne pas et qui n’a même pas un minimum de pouvoir de décision au niveau national et politique, n’est un honneur pour personne ». Et d’ajouter : « Un gouvernement qui ne gouverne pas est une atteinte à la Constitution. Il a une tare essentielle et porte atteinte à l’équilibre interne. » Gemayel : « Le pouvoir est aux mains de Damas » Mgr Sfeir a ensuite reçu l’ancien président de la République, Amine Gemayel, qui a proclamé son appui sans ambages au dernier appel des évêques maronites. « Il exprime l’opinion de tous et il constitue le support à partir duquel nous œuvrons. Il est cependant malheureux qu’il ne suscite pas le respect de tous », a indiqué M. Gemayel. Concernant la position du Rassemblement de Kornet Chehwane au sujet de la participation au nouveau cabinet, l’ancien chef d’État a affirmé : « Nous ne rejetons pas la main tendue en tant que telle, même si l’expérience a autrefois été malheureuse. Nous voulons des résultats concrets. Ce pays est le nôtre et nous voulons que la paix libanaise soit établie. Nous réclamons également le rétablissement de la souveraineté, de l’indépendance et de la libre décision. Quant aux moyens pour arriver à ces objectifs, il s’agit d’une autre histoire. Lorsqu’ils disent que leur main est tendue, il s’agit de voir vers quoi elle l’est, surtout après toutes les hérésies. Il faut s’assurer qu’il y a bel et bien de bonnes intentions. » « Ils (le pouvoir) nous disent actuellement que nous devons coordonner avec un gouvernement d’unité nationale, mais nous voulons d’abord nous entendre sur le sens des termes qui sont employés. Pour certains, cette expression signifie que certains d’entre nous doivent intégrer le cabinet pour y faire de la figuration et pour couvrir les hérésies dont tout le monde se plaint au Liban. Nous ne sommes pas disposés à jouer les faux témoins », a souligné Amine Gemayel. « Pour être francs, la décision appartient à la Syrie, et le pouvoir est nu, sauf le respect que nous devons à tout le monde. La décision est aux mains de la Syrie et pas des Libanais. La Syrie est-elle prête à tendre la main, à œuvrer dans l’esprit du dernier appel de Dimane et à prendre en considération les revendications de l’opposition – non seulement Kornet Chehwane, mais l’ensemble de l’opposition libanaise ? Le citoyen libanais se plaint d’une multitude de choses qui se superposent au gré des années. Le pouvoir au Liban et ceux qui se cachent derrière, c’est-à-dire Damas, sont-ils disposés à reconsidérer leur politique stérile qui a mené le Liban là où il est aujourd’hui ? » s’est interrogé l’ancien président de la République. « La 1559 a paru sans que personne n’intervienne à cette fin. Nous avons payé cher le prix d’avoir réclamé l’application de Taëf au niveau de la présence des forces syriennes au Liban et de la libération de la décision libanaise. Certains ont été en prison pour cela. Nous avons été à l’avant-garde de cette résolution. Si la communauté internationale a enfin réalisé que le Liban mérite le rétablissement de sa souveraineté, qu’il mérite d’exister en tant qu’État libre et souverain, faut-il l’insulter pour cela? » a-t-il poursuivi. Estimant que ce sont toutes les composantes libanaises et l’entité libanaise même qui sont menacées par le cours des événements si celui-ci ne change pas, Amine Gemayel a indiqué que les pays de la communauté internationale « ne sont pas des associations de bienfaisance ». « En tant que Libanais, nous devons assumer nos responsabilités. L’opposition est désormais nationale. Il nous faut unifier les rangs et nous entendre sur un programme minimum pour mener ensemble une bataille politique visant à recouvrer le droit libanais spolié », a-t-il souligné. Insistant sur le fait que « les Libanais doivent compter sur eux-mêmes avant tout », M. Gemayel a indiqué que l’ensemble de l’opposition était en concertation permanente, y compris les 29 députés qui ont voté contre la prorogation du mandat Lahoud. « La position du député Walid Joumblatt est claire. Nous ne jugeons pas en fonction des intentions mais des positions déclarées et concrètes. Tout montre que nous sommes en contact pour aboutir à une entente sur un programme minimal. Chacun fait un pas en direction de l’autre et personne ne possède de baguette magique. Le Liban ne s’est pas effondré d’un seul coup, et il faut le rebâtir progressivement », a-t-il conclu. Mgr Sfeir a ensuite accordé audience au chef de la branche loyaliste des Forces libanaises, Fouad Malek, qui a prôné un rassemblement autour du chef de l’État, estimant qu’il fallait définitivement tourner la page de l’amendement constitutionnel. Le prélat maronite s’est également entretenu avec MM. Chakib Cortbawi et Samir Abdel Malak, membres du Rassemblement de Kornet Chehwane, ainsi qu’avec une délégation d’intellectuels chiites et l’ancien ministre Joseph el-Hachem.

Le ministre démissionnaire de l’Environnement, Farès Boueiz, a sérieusement mis en doute hier la volonté du régime de former un cabinet d’union nationale, estimant que la tendance est plutôt à « un gouvernement de confrontation », dans la lignée des « impératifs stratégiques » évoqués par les autorités libanaises et syriennes. M. Boueiz et l’ancien président...