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Actualités - CHRONOLOGIE

Les Endroits Insolites 1975, une date, un lieu et un... pub-bar (Photo)

1975. Quatre chiffres et une date fatidique qui est entrée, sans frapper, dans la vie et l’histoire du Liban et des Libanais. Vingt ans plus tard, que reste-t-il de tout cela ? Des souvenirs, sons et images, pour ceux qui les ont vécus, et pour les autres, un mythe étrange dont certains se sont inspirés pour en faire un pub-bar, baptisé... « 1975 ». C’est à la rue Monnot que s’est installé 1975, il y a juste deux semaines. Une rue aujourd’hui réputée pour sa vie de nuit, ses boîtes et autres pubs qui se multiplient, qui ouvrent et ferment au gré des recettes et des envies, au gré des modes, souvent éphémères. Mais qui fut, durant des années noires, un no man’s land que tout le monde a vite fait d’oublier. C’est ainsi que les habitués du coin ont eu la surprise de voir le pub Bar Code se transformer en 1975. En s’approchant, une autre surprise les attendait. L’endroit est étrange, vu de dehors, étrange et original. Après voir découvert l’enseigne, discrète, l’interrogation est encore plus grande. La curiosité titillée, on entre. Le concept est étonnant, la déco explicite. Les réactions vont bon train. 1975 s’adresse bien évidemment à un jeune public avisé. Retour dans le passé C’est en effet l’ambiance de la guerre, notre tristement célèbre guerre, que les propriétaires de l’endroit ont voulu recréer. « L’idée de départ, nous explique un des partenaires, était de concevoir un lieu inspiré de l’armée. Une caserne, en fait, mais une caserne libanaise. » Le concept évoluant, il s’agissait alors d’évoquer l’année 1975. « Nous avons pensé que 90 % de nos clients, pas encore nés ou trop jeunes cette année là, n’ont pas vraiment connu la guerre ou ne s’en souviennent pas. C’est pour eux que nous avons reconstitué cette ambiance particulière, ainsi que pour tous les étrangers, de passage au pays, qui n’ont jamais vécu de guerre. » Point de dangereuse nostalgie dans la démarche, nous confirme-t-on, mais plus une portée commerciale qui cherche à attirer une nouvelle clientèle. Rien ne manque à l’appel dans ce lieu qui pourrait paraître sordide ou très drôle, selon le regard qu’on lui porte. Mais le concept reste courageux. Tous les clichés et symboles ont été repris en toute légalité. Sacs de sable, treillis militaires, douilles, carcasses d’obus constituent un vrai décor de théâtre. Unité de lieu : un abri, unité de temps : 1975. Une ambiance étrange La porte d’entrée, cernée de dizaines de sacs de sable, donne clairement le ton militaire. Ces sacs de sable, qui ont longtemps servi de frontières improvisées, de limites, de protection, sont également utilisés en étage, comme un élément essentiel du décor, créant un espace où 25 à 30 personnes peuvent se réunir, confortablement installés sur de larges coussins. « Ici, nous avons conçu un décor inspiré des abris, avec tout ce que ce lieu avait de convivial. » Les murs sont habillés de blanc, artificiellement criblés de balles et portant des tags avec des slogans tels « Attention mines » ou encore «Liberté». Les serveurs sont vêtus d’une tenue militaire, ceinture, t-shirt blanc, casquette ou képi et pantalon kaki, sans oublier le sifflet et les fausses distinctions militaires. On peut même observer un mannequin, en tenue de combat et en pleine action, grimpant sur une colonne. Le narguilé, très en vogue actuellement, a été revisité, servi dans une boîte en métal. Enfin, pour se replonger totalement dans cette tranche de l’histoire, un goût d’hier a été récupéré. « Nous proposons des galettes, les fameuses “ kaaké ” consommées avec du fromage fondu, les cacahuètes sont grillées et servies chaudes, comme cela se faisait dans le temps. » La musique est, elle aussi, caractéristique de cette période particulière qui a commencé vers la fin des années70, avec, exclusivement, les classiques de Feyrouz, Ziad Rahbani et autres artistes très libanais. Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre ? En effet, on sort de cet endroit finalement assez sombre – les lumières tamisées, les couleurs foncées et l’ambiance générale étrange – en se demandant si les autres clients auront assez de recul et d’humour pour apprécier le 1975, sans que reviennent, en bloc, une série de mauvais souvenirs. Les concepteurs en sont sûrs, et l’endroit, qui marche avec sa propre clientèle de jeunes adolescents et de touristes, semble parti pour durer. Jusqu’à ce que 1975 devienne à son tour une date périmée. Carla HENOUD
1975. Quatre chiffres et une date fatidique qui est entrée, sans frapper, dans la vie et l’histoire du Liban et des Libanais. Vingt ans plus tard, que reste-t-il de tout cela ? Des souvenirs, sons et images, pour ceux qui les ont vécus, et pour les autres, un mythe étrange dont certains se sont inspirés pour en faire un pub-bar, baptisé... « 1975 ».
C’est à la rue Monnot que s’est...