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Actualités - OPINION

Parler ou bien m’interdire de réfléchir ?

Parler ou s’interdire de réfléchir : telle est l’alternative devant laquelle se trouve le Libanais lorsqu’il constate combien la logique est bafouée par les contradictions flagrantes, aveuglantes, des responsables. En effet, dans an-Nahar du 11 mai 2000, page 1, je lis : « Le président de la République a déclaré qu’il était rassuré sur l’unité intérieure (du peuple), soulignant que les effectifs de l’armée sont de soixante-quinze mille hommes, ce qui garantit le retour de la tranquillité si quelqu’un tentait de porter la main sur la patrie. » Et, dans L’Orient-Le Jour, à la même date, en page 2, cette déclaration du président aux journalistes étrangers est encore plus affirmative : « L’armée (est) aujourd’hui forte de soixante-quinze mille militaires qui peuvent seuls prendre en main la situation si quelqu’un osait porter atteinte au pays. » Or, au paragraphe 17 de son rapport, M. Annan dit : « Le gouvernement libanais m’a informé, de plus, que la situation fragile actuelle dans la région et son souci des risques potentiels pour la stabilité intérieure du Liban rendent difficile l’établissement d’un calendrier pour un retrait total des forces syriennes. » On reste pantois devant cette contradiction des propos officiels. Faudra-t-il, pour être politiquement correct, s’interdire de réfléchir ? Ou bien a-t-on le droit de « prendre acte » (selon le jargon juridique) de l’incohérence qui tient lieu de logique, et en tirer la conclusion qui s’impose ? Autre réflexion à propos du rapport Annan : dans le paragraphe 19, le secrétaire général de l’Onu dit : « Le gouvernement libanais s’oppose à la définition du Hezbollah comme étant une milice libanaise et se rapporte à elle en tant que “ groupe de résistance nationale ” qui a pour but de défendre le Liban face à Israël. » À ce compte-là, on pourrait rétorquer : « Et les 75 000 militaires dont parle le président de la République ? Que vont-ils faire ? ». En outre, il est à signaler que L’Orient-Le Jour, dans son numéro du 8/6/04, page 6, donnant une chronique étoffée de la Ive Conférence internationale sur les économies et les finances du Moyen-Orient, tenue à Beyrouth le 3/6/04, mentionne, d’après le rapport final (colonne 1), que « les dépenses militaires accaparent 4 % du revenu national brut (RNB) libanais, alors que la moyenne mondiale s’inscrit autour de 2,3 %. » Cet effort extraordinaire d’un peuple ruiné par la guerre n’est-il donc même pas pour « nous défendre contre Israël » ? Par ailleurs, ce « groupe de résistance nationale qui défend le Liban face à Israël » jouit-il d’une autonomie et d’une exterritorialité lui donnant la latitude d’agir de façon discrétionnaire, sans rien demander à personne ? Et quels sont ses rapports avec le haut-commandement ? Albert SARA
Parler ou s’interdire de réfléchir : telle est l’alternative devant laquelle se trouve le Libanais lorsqu’il constate combien la logique est bafouée par les contradictions flagrantes, aveuglantes, des responsables. En effet, dans an-Nahar du 11 mai 2000, page 1, je lis : « Le président de la République a déclaré qu’il était rassuré sur l’unité intérieure (du...