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Actualités - OPINION

Festivals d’été : des problèmes et des ébauches de solutions

« Que puis-je dire de ces fameux festivals ? Ils m’ont fait trop de mal pour en dire du bien Ils m’ont fait trop de bien pour en dire du mal ! » Avec la permission de Pierre Corneille Depuis plusieurs années, les mois d’été deviennent le temps privilégié des festivals. Ceux parmi les Libanais qui en sont friands, voire mordus, attendent ces manifestations culturelles avec ferveur, oserais-je dire. De Tyr à Tripoli, de Zouk à Baalbeck, les spectacles se multiplient en l’espace d’une centaine de jours. Je voudrais rendre compte de mes impressions de simple spectatrice, me limitant cependant à trois représentations qui sont : les festivals de Beiteddine, Baalbeck et Byblos. Sans vouloir minimiser la valeur des autres spectacles, j’ai choisi de m’étendre sur ces trois manifestations, pour la bonne raison qu’elles se veulent internationales et elles le sont effectivement, vu le renom de leurs vedettes, ainsi que le public auquel elles s’adressent. Je voudrais ici poser une question : Renommée internationale signifie-t-elle bonne qualité ? En d’autres termes, est-ce qu’il suffit d’inviter un Placido Domingo, par exemple, pour assurer au public un spectacle de bonne qualité ? J’ouvre une parenthèse pour féliciter les organisateurs d’avoir pu attirer autant d’artistes et de groupes célèbres, satisfaisant tous les goûts, des plus classiques, avec Turandot de Puccini, aux plus modernes, avec Massive Attack. Cependant, il ne suffit pas que ces vedettes viennent se produire au Liban. Il faut aussi que ceux qui les font venir permettent au public de jouir de leurs performances. Il importe également que le spectateur sente, à la fin de la représentation, qu’il en a eu pour ce qu’il a dépensé. Si je m’interroge de la sorte, c’est en raison des observations qui se sont imposées à moi, en assistant aux trois festivals signalés plus haut. Ces remarques sont les suivantes : 1- Avant le commencement de la représentation, le spectateur ne reçoit des placiers (très gentils d’ailleurs) que des dépliants publicitaires. Nulle trace d’un quelconque programme de la représentation à laquelle il s’apprête à assister. Il doit donc se contenter de la brochure qui annonce sommairement le spectacle, sans en fournir d’importants détails, ou bien acheter le programme de toutes les manifestations, alternative très rarement choisie. La personne qui a payé son billet d’entrée a droit, il me semble, à recevoir gratuitement un programme qui la mette au courant du spectacle pour lequel elle a opté. C’est l’un de ses droits les plus élémentaires. 2- Les festivals commencent toujours en retard : 45 minutes environ de retard à Baalbeck ; pas moins de 60 minutes à Byblos et 15 à 20 minutes à Beiteddine. Par ailleurs, les personnalités politiques invitées sont souvent en retard. Aussi certains organisateurs ont-ils pris l’habitude de décaler l’heure du commencement du spectacle jusqu’à l’arrivée de ces « VIP », manquant par là de respect tant envers le public qu’envers les artistes. Je me souviens, l’an dernier, d’un ministre, arrivé très en retard au show des Blind Boys of Alabama, à Jbeil. Il a été bel et bien chahuté par le public, excédé d’avoir attendu 1h30 environ. En outre, sur les billets du festival de Baalbeck, il est mentionné que les retardataires ne peuvent gagner leurs places que durant un intermède. Cette mesure n’est guère appliquée, puisqu’au cours du spectacle de Grupo Corpo, les placeurs installaient les retardataires au fur et à mesure de leur arrivée, sans égard pour les personnes en train de suivre la représentation, ni d’ailleurs pour les danseurs en train de se produire sur scène. 3- Dans certains spectacles, le son est tellement fort qu’il se transforme en un vacarme rythmé. Tel a été le cas de Jimmy Cliff et son orchestre, lors de la soirée qu’ils ont donnée à Byblos. 4- Pour les spectateurs d’un concert de piano, la place est importante. Certains préfèrent se mettre à gauche pour observer les mains du pianiste, d’autres optent pour le milieu ou pour la droite, afin de capter l’expression du musicien sur son visage. Lors du spectacle donné par le pianiste Fazil Say, à Beiteddine, les billets que nous avons achetés se sont avérés ne pas être numérotés. Explication des organisateurs : comme la cour intérieure où le concert doit avoir lieu n’est disponible que quelques heures seulement avant le commencement, il leur est difficile d’effectuer un numérotage. Plus tard, ils ont numéroté les billets sans avertir les personnes qui les avaient déjà achetés... 5- Je voudrais signaler, d’autre part, une déficience assez grave, que l’on relève dans ces trois festivals, déficience au niveau des gradins, pas assez en pente, rendant la visibilité insuffisante dès qu’on s’éloigne des premiers rangs, surtout lors des grands spectacles. 6- Le prix des billets est élevé, compte tenu du revenu moyen du Libanais et du fait que les mélomanes et les intellectuels sont rarement des gens fortunés. C’est peut-être pour cela que les places restent à moitié vides dans de nombreux spectacles. Même dans les pays développés, le prix d’entrée n’est pas aussi élevé. Pour assister aux plus renommés des Broadway Show, à New York City, le spectateur ne paie pas plus que 100$, au premier rang, alors qu’au Liban, pour voir une bonne représentation, il peut facilement casquer 120 $. 7- Bien qu’abondante, la publicité manque, parfois, de précision. Ainsi, il était difficile, pour les personnes non averties, de savoir, à l’avance, le genre de danse de la troupe Grupo Corpo (ballet ? danse folklorique ? autres ?) comme aussi le genre de musique jouée par le pianiste Fazil Say, même en consultant les sites Internet préparés par les organisateurs. En conséquence, je trouve qu’il est vraiment dommage que le plaisir des spectateurs soit singulièrement réduit à cause de tous ces problèmes susceptibles, après tout, d’être résolus avec de la bonne volonté. Dr Salma SFEIR
« Que puis-je dire de ces fameux festivals ?
Ils m’ont fait trop de mal pour en dire du bien
Ils m’ont fait trop de bien pour en dire du mal ! »
Avec la permission de Pierre Corneille

Depuis plusieurs années, les mois d’été deviennent le temps privilégié des festivals. Ceux parmi les Libanais qui en sont friands, voire mordus, attendent ces manifestations culturelles...