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Actualités - CHRONOLOGIE

Le cinquième redéploiement syrien achevé dans la nuit de lundi à mardi Les localités de Damour, Khaldé et Doha complètement évacuées (photos)

En sept jours exactement, les troupes syriennes ont complètement évacué les régions de Damour, Khaldé et Doha (Aramoun). Les soldats syriens ont attendu jusqu’à lundi en soirée pour démanteler certaines positions au sud de Beyrouth. Ce cinquième redéploiement, qui touchait 3 000 soldats et qui avait été entamé en douceur le mardi de la semaine dernière, s’est achevé dans la nuit de lundi à mardi. Damour et Dahlanié. C’est au cours de la semaine dernière que les soldats syriens ont évacué environ 500 000 mètres carrés au bord de la mer ainsi que les collines avoisinantes à Dahlanié. Leur redéploiement a pris quatre jours. Selon les habitants, le nombre des soldats syriens présents dans la région s’élevait à environ 1 500 hommes. « On savait qu’ils partiraient un jour, ils n’allaient pas rester ici éternellement », indique Michel, soulignant que les soldats qui partaient avaient notamment en leur possession « trois orgues de Staline et quelques lance-missiles sol-air. » Jean se promène sur une partie de la plage sablonneuse, notamment à l’embouchure du fleuve Damour, qui était classée zone militaire, interdite aux habitants. Il regarde les crabes dans l’eau limpide et les oiseaux marins. « Dans quelques jours, je viendrai pour la pêche et la chasse, comme je faisais au bon vieux temps », dit-il. Il se retourne vers le nord, longe encore la côte. « En 1982, ce même espace était un héliport israélien, puis les Syriens l’ont investi, aucune armée n’est restée éternellement », indique-t-il. « Avant le début de la guerre, les bananiers, les néfliers et les orangers s’étendaient jusqu’à la mer... Maintenant, il faudra tout nettoyer », relève Michel, désignant de la main des sortes de maisonnettes, construites en dur et en taule, qui abritaient les troupes syriennes. Comme beaucoup d’autres habitants de Damour, il pense à l’avenir, à cette côte qui verra fleurir l’été prochain « plein de projets ». Khaldé. La zone appelée « le pont du triangle ». Dans la nuit de lundi à mardi, les soldats syriens ont évacué trois immeubles non loin de là. « On pensait qu’ils ne partiraient pas lors de ce redéploiement et puis en l’espace de quelques heures, ils ont tout rangé, tout pris, même les cadres en aluminium des fenêtres, les robinets et les lavabos », indique Hussein. Trois immeubles ont donc été évacués, ils abritaient le centre des services de renseignements de la zone, les cuisines qui desservaient les soldats de la région située au sud de Beyrouth et le service d’entretien. Hussein tient à montrer quelques étages de l’immeuble Salamé, où plusieurs femmes de ménage s’appliquent à nettoyer les lieux après le départ des troupes. « Ils ont même démonté les compteurs électriques, les portes en bois et les vitres dans chaque appartement. Ils ont brisé tout ce qu’ils n’ont pas pu prendre avec eux », note Hussein, montrant des débris de verre qui jonchent le sol. L’entrée de l’un des immeubles. Un homme vient d’arriver. Il se présente comme l’un des propriétaires des trois immeubles, sans pour autant dévoiler son identité. Il est ému et parle de façon saccadée. « Nous avons construit le centre en 1983. Les soldats syriens sont arrivés en 1989. Cela fait quinze ans et demi qu’ils sont là », indique-t-il. Hier matin, il a reçu un coup de fil l’informant que les bâtiments avaient été évacués. « Je n’arrive pas à croire mes yeux, j’ai les mains moites, je tremble... Ils sont partis », s’exclame-t-il, le visage rayonnant. « Il y a beaucoup de dégâts, mais nous allons tout restaurer », conclut-il. À Doha, une vingtaine de villas délabrées Doha (Aramoun). La localité, à l’emplacement stratégique, donnant sur Saïda et l’aéroport de Beyrouth, a été complètement évacuée. Beaucoup d’habitants de Doha ne s’attendaient pas à ce que les soldats syriens présents parmi eux – par intermittence – depuis la fin des années soixante-dix (ils avaient évacué la zone lors de l’offensive israélienne de 1982) pourraient partir un jour. Beaucoup donc s’attendaient à un allégement des troupes et non à un repli total de la localité. L’importante position de Asfourié avec ses cinq bâtiments, celle de la station électrique qui présentait plusieurs bases de missiles air-sol, le grand radar donnant – entre autres – sur les pistes de l’aéroport de Beyrouth, une vingtaine de villas, des dizaines d’appartements, quelques dépôts de munitions et beaucoup de petits postes ont été complètement évacués. Sortant de leur réserve, un certain nombre d’habitants comparent ce redéploiement « à une fête pour tous les Libanais ». Ils s’exclament : « Nous souhaitons que les autres régions du pays connaissent le même bonheur », ou encore : « Bon débarras. » Ils racontent le redéploiement : « Ils sont partis petit à petit. Ils rangeaient leurs affaires la nuit. À deux reprises, la semaine dernière, nous avons eu d’importantes pannes de courant... C’est probablement pour qu’on ne voie pas le matériel qu’ils rangeaient. Lundi après-midi, non loin de l’entrée de Doha, ils ont bloqué la route pour accélérer le départ. » Comme à Khaldé, les habitants parlent de baignoires, de lavabos, de robinets et de cadres de fenêtre en aluminium que des soldats ont emportés en partant. Ils évoquent également « des ferrailleurs qui se sont approprié les lieux quelques minutes plus tard pour ramasser tout ce que les soldats ont laissé ». Ghaleb a misé sur ce redéploiement. Il était sûr que les troupes partiraient à la fin du moins de septembre. Il pensait cependant que quelques colonels et généraux resteraient sur place. « Finalement, ils ont quitté les lieux progressivement, comme s’ils partaient en congé, mais pour ne plus jamais revenir », raconte-t-il, souriant. Ali préfère ne pas faire beaucoup de commentaires, se contentant de lancer : « J’aurais aimé qu’ils emmènent avec eux tous les ouvriers de leur pays. » Un habitant qui a requis l’anonymat évoque les services de renseignements syriens. « Il est vrai, les soldats sont partis. Mais les taupes ont dû rester. Est-il possible qu’ils évacuent les lieux de toute présence du jour au lendemain ? » se demande-t-il, un brin d’inquiétude dans la voix. Il parle de la villa Saad, située non loin de là. Un imposant bâtiment, complètement délabré, évacué lundi dernier. « Sa construction s’est achevée en 1982, peu avant l’offensive israélienne. Les Syriens s’y sont installés après le retrait israélien. Elle était l’une des plus belles demeures de la localité, présentait des boiseries, du marbre et un ascenseur à l’intérieur, son propriétaire est mort de chagrin et son épouse vit depuis une dizaine d’années à Paris », raconte-t-il. « En tout cas, la résidence est tellement délabrée que ses propriétaires ne peuvent plus la reconstruire. Il leur faudra tout démolir », dit-il. Ziad aussi évoque la vingtaine de villas, complètement abîmées, qui abritaient les troupes syriennes. Il parle de leurs propriétaires qui venaient souvent les contempler, la mort dans l’âme, sans jamais pouvoir y mettre les pieds. « L’armée libanaise restituera les lieux à leurs propriétaires, mais je doute qu’ils puissent s’y réinstaller. Ils devraient tout reconstruire », ajoute-t-il. Ziad, qui « angoisse à l’idée que les troupes syriennes puissent revenir à Doha », ne trouve pas les mots pour expliquer ce qu’il ressent. « Je ne parviens pas à réaliser ce qui arrive. Je ne me suis pas encore remis du choc », note-t-il. Rawad et son épouse tiennent une boulangerie. Eux aussi « ont peur que les Syriens reviennent. Peut-être faut-il attendre quelques jours pour s’assurer qu’ils sont partis pour de bon, félicitant tous les Libanais épris de liberté ». Avec beaucoup d’amertume cependant, Rawad relate une conversation tenue lundi matin avec un colonel syrien venu lui dire au revoir avant de prendre le chemin de Damas. « Il m’a dit : “Toute la localité sera évacuée ce soir. Mais vous allez encore une fois nous appeler quand vous aurez des problèmes – des problèmes intercommunautaires – et nous reviendrons”. » Et Rawad avait répondu : « Partez tranquilles, peut-être que vous connaîtrez des difficultés. En pays frère, nous viendrons à la rescousse et nous resterons trente ans en Syrie sous le label de Forces arabes de dissuasion »... Patricia KHODER

En sept jours exactement, les troupes syriennes ont complètement évacué les régions de Damour, Khaldé et Doha (Aramoun). Les soldats syriens ont attendu jusqu’à lundi en soirée pour démanteler certaines positions au sud de Beyrouth. Ce cinquième redéploiement, qui touchait 3 000 soldats et qui avait été entamé en douceur le mardi de la semaine dernière, s’est...