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Les lecteurs ont voix au chapitre

Il y a une limite Il y a un certain nombre d’années déjà que la majorité des libanais ne croient plus en la démocratie, si démocratie il y a jamais eu. Je fais partie de cette majorité, petit à petit résignée, blasée face à l’hypocrisie de la classe dirigeante, très peu étonnée des débordements inhérents à tout régime militaire, à savoir arrestations arbitraires, pseudo-élections, muselage des médias... Mais bon, il y a quand même une limite à tout. Il y a quand même des moments où on retrouve un peu de sa dignité bafouée, où on ouvre les yeux, où on se rend compte que l’on reçoit non pas une gifle, mais des coups de bottes, partout où ça fait mal. C’est exactement ce que j’ai ressenti le 3 septembre. Ulcérée ? Bien plus que cela. Indignée ? Trop faible. Abattue, giflée, humiliée ? Oui, quelque chose comme ça. Et il a fallu subir les slogans, les messages de félicitations du « peuple », les banderoles et autres portraits démesurés. Avions-nous besoin de cette mascarade supplémentaire ? On aurait au moins pu nous épargner les affligeantes scènes de liesse populaire accompagnées de feux d’artifices qui n’ont amusé que les enfants réveillés par le vacarme. Clara DEBS Que fait le gouvernement ? À chaque fois que quelqu’un parle du sujet, la réponse du gouvernement est toujours la même : « la présence des forces syriennes au Liban garantit la stabilité interne et régionale. » Le même gouvernement est là depuis 1990 et après presque 14 ans, ils n’ont pas réussi à créer la stabilité ? Mais alors, qu’ont-ils donc fait ? Leur bilan ? Une dette de 36 milliards, un million de Libanais qui ont quitté le pays, les palais et les bureaux des ministres reconstruits, etc. Si les Israéliens se retiraient demain des fermes de Chebaa, alors la Syrie elle aussi se retirera évidemment. Qui préservera alors la stabilité interne ? Ramy HAYKAL Absentéisme Absentéisme, sadisme et soumission totale : telle est la stratégie suivie de nos jours par certains de nos leaders locaux en hommage nostalgique à la dynastie ottomane du début du siècle dernier. D’après certains psychologues, l’absentéisme est un caractère connu de certains chefs libanais, car il leur permet de gouverner, en recevant des ordres d’autrui. Et d’une façon négative, permettre à la jeunesse révoltée de chercher d’autres horizons. Le sadisme et la soumission totale, qui font souffrir le citoyen, ils le réduisent à l’état de spectateur, hagard, impuissant, face aux événements. Il nous reste la foi et l’espérance en Dieu. Alors bâtissons nos châteaux en Espagne pour une ultérieure présence et un meilleur avenir. Antoine SABBAGHA Bravo, Monsieur Hariri ! « Il ne s’agit pas de nous payer d’illusions et de mots. Notre petit pays est assurément un des plus beaux, un des plus doux qui soient sous le ciel ; ce qui est moins beau, c’est l’organisation ou la désorganisation humaine qu’on y voit, c’est la cité vivante, c’est une absence d’architecture dans les cerveaux et dans les édifices ensemble », écrivait Michel Chiha en 1942 dans Liban d’aujourd’hui. Cependant, la reconstruction de Beyrouth s’est faite dans une architecture remarquable et a modifié tous les anciens critères. M. Rafic Hariri a bien mérité le prix d’honneur de l’Onu-Habitat, pour sa contribution à la reconstruction du pays. Grâce à sa vision, à sa détermination, il a pu réaliser les principaux objectifs de son plan. Pourvu que d’autres projets cruciaux suivent, comme la construction de métros, de lignes ferroviaires rapides entre les villes, mais cette fois-ci pour faciliter la vie quotidienne des Libanais et décongestionner la capitale. Reste à savoir pourquoi les Libanais sont devenus apathiques et réticents : ils s’enthousiasment peu et ne veulent plus voir le bon côté des choses. Ils sont devenus rouspéteurs, omettant d’apprécier les réalisations positives. Aujourd’hui, je l’espère, le Liban renaît de ses cendres et il regagne à grands pas sa place stratégique dans le monde. La solidarité des Libanais est plus que nécessaire pour soutenir les responsables et pour contribuer à la modernisation de leur pays. Andrée SALIBI Il n’est pas interdit de rêver La perte de l’indépendance, l’abdication de la justice : deux thèmes qui reviennent régulièrement dans les lettres de nos lecteurs. Lesquels ne cessent de s’étonner, incurables Zadig : comment peut-on continuer d’être libanais au pays de tous les renoncements ? Nos correspondants ne sont pas tendres dans leurs jugements sur la caste politique. Certains se disent résignés, blasés même – pour aussitôt se rebiffer : « Il y a quand même une limite à tout », écrit ainsi l’un d’entre eux qui, dit-il, se serait passé volontiers des scènes de liesse populaire au soir d’un certain 3 septembre. Et un autre : nous avons besoin des forces syriennes pour préserver la stabilité ; mais alors qu’a-t-on fait en quatorze années de paix civile? Un troisième lecteur ne peut s’empêcher de constater qu’il ne saurait y avoir de démocratie véritable sans une justice forte et impartiale. Une lectrice applaudit à la reconstruction de la capitale, sous l’égide du Premier ministre Rafic Hariri. Elle formule un souhait : celui de voir se concrétiser d’autres projets, comme celui du métro et de liaisons ferroviaires rapides entre les principales villes du pays. Des vœux pieux ? Mais après tout, il n’est pas interdit de rêver... Le fleuve de Beyrouth, cet oublié Comment nos députés, ministres, municipalités qui se disent responsables peuvent-ils ne rien faire pour le fleuve de Beyrouth ? Y-a-t-il ici aussi des pots-de-vin à payer, des entrepreneurs à protéger. Paris est fier de sa Seine, pourquoi Beyrouth ne serait-il pas fier de son fleuve ? (On devrait d’ailleurs lui donner un nom...) Pourquoi tous les projets d’aménagement de ce fleuve (et Dieu sait s’il y en a) restent-ils sans suite ? Pourtant, plus d’une voix s’était élevée pour réclamer une solution à ce problème. Un cri d’alarme avait été lancé à travers les médias, proposant des solutions et des plans de réaménagement. Il y a quatre ans, un groupe d’experts avait établi un constat, recommandations et solutions urgentes – avant l’an 2000 – afin de sauvegarder la santé de la population, qui souffre d’une eau polluée, de graves maladies respiratoires, intestinales ou de peau, voire de maladies graves. Mais comme tout projet à but « non lucratif » pour l’État, ce rapport est resté au fond des tiroirs. Pourquoi la commission de l’environnement et de la santé publique de l’Ordre des médecins n’a-t-elle toujours pas réagi ? Pourquoi l’aménagement du dépotoir de Bourj-Hammoud a-t-il été mis en veilleuse ? Où est le rôle de l’État ? Où sont les municipalités de ces régions ? Ce ne sont pas les idées et les solutions qui manquent. Des universitaires seraient ravis de transformer un « rien » en une « merveille ». Que l’État daigne donc s’adresser à eux s’il ne veut pas s’occuper lui-même de ce dossier. Fouad A. SALHA Où en est la démocratie au Liban? Le vrai drame du Liban, c’est la perte de l’indépendance de la justice, devenue un instrument au service du pouvoir politique corrupteur et corrompu. En dépit des promesses du président Lahoud il y a six ans et malgré la présence d’un ministre intègre et compétent, Bahige Tabbarah, l’État n’a pas pu ni voulu garantir cette indépendance et s’est servi de l’appareil judiciaire/sécuritaire pour punir ses opposants et récompenser ses sbires et affidés. On ne le dira jamais assez, sans une justice indépendante, point de démocratie. Tout, absolument tout, découle d’une justice forte et impartiale. Sinon comment défendre les libertés et se prémunir contre l’arbitraire? Comment est-ce que le citoyen pourrait préserver ses droits civiques, politiques et sociaux si l’appareil judiciaire n’est pas respecté et efficace ? Même l’économie pâtit de l’absence d’une justice équitable, puisque le commerce, la propriété et l’investissement ne sont plus protégés par la loi. La dégradation impardonnable de la justice et ses dérives finiront par vider le pays de ce qui reste de ses forces vives et mènera à son annihilation sournoise et définitive. David C. CORM
Il y a une limite

Il y a un certain nombre d’années déjà que la majorité des libanais ne croient plus en la démocratie, si démocratie il y a jamais eu.
Je fais partie de cette majorité, petit à petit résignée, blasée face à l’hypocrisie de la classe dirigeante, très peu étonnée des débordements inhérents à tout régime militaire, à savoir arrestations...