LES ENDROITS BRANCHÉS Olive, le 100% naturel (photos)

Olive, c’est un peu la cerise sur un gâteau 100% naturel, un restaurant épicerie qui s’adresse à un groupe encore trop restreint de gens pour qui vivre sain, manger sain, et donc penser sain, est la clef du bonheur. Et ils sont visiblement heureux… La tendance a tardé à arriver. Le Libanais, en général, est bien trop gourmand pour améliorer la qualité de sa nourriture, bien trop sceptique pour y croire. Il préfère « soigner l’extérieur avant de soigner l ‘intérieur », comme le précise si bien Fatina Khatib, l’instigatrice de cette joyeuse idée qu’est Olive, son péché mignon. Elle le sait pour avoir travaillé depuis des années dans le prêt-à-porter ! Elle-même végétarienne depuis de nombreuses années, et consciente des manques, dans notre pays, dont souffrent les adeptes de cette philosophie, elle raconte: « C’est ma fille, végétarienne, qui m’a, la première, ouvert les yeux sur notre régime alimentaire que nous gérons si mal. Au départ, j’étais tellement inquiète pour elle que j’ai dévoré des centaines de livres ! J’ai tellement lu et compris des choses que j’ai fini par y adhérer.» Adieu veaux, vaches, cochons, adieu poissons et tous les produits laitiers, et bonjour la santé et le bien-être. « Je me suis très vite rendu compte que nous n’avions pas d’endroits qui servaient des produits et des plats naturels. Lorsque j’étais invitée à dîner, je mangeais à la maison avant de sortir. » Ouverture timide Fatina, la cinquantaine passée et à peine visible – son sourire est lisse, son teint vigoureux et sa taille enviable –, est une femme sereine qui a beaucoup appris avant d’ouvrir Olive, car une ouverture timide et non officielle a eu lieu en juillet. « Nous attendons d’être complètement rodés pour faire un vrai lancement.» Deux ans que l’idée, plantée naturellement, germe dans sa tête, « bien manger, bien boire, pour moi, ma famille et mes amis ! » Deux ans que l’envie de produire quelque chose, de transmettre tout ce qu’elle a appris l’a saisie ; et puis celle de permettre aux végétariens et autres personnes concernées par leur bien-être de trouver les produits et les plats désirés. Dans son projet, elle embarque également son fils Karim, 27 ans, végétarien convaincu. Ils iront, à tour de rôle, subir une formation culinaire en Europe. « J’ai visité de nombreux restaurants organiques et végétariens, j’ai fait une tournée de 6 mois et j’ai beaucoup appris», précise la mère comblée. Ils reviendront, tous les deux, avec des connaissances poussées sur chaque graine, chaque plante ; ils reviendront avec ces graines et ces plantes dans leur panier, et des centaines de recettes sous le bras. Zen, soyons zen Situé à la rue Abdel Wahab el-Inglizi, où fut longtemps logée la Galerie Ingea, il suffit de pousser la porte d’Olive pour pénétrer dans une zone de non-turbulence. Oubliés en quelques secondes les klaxons assourdissants de la rue, la pollution étouffante et les contraintes d’une ville qui nous laissent à bout de souffle. Très vite, la magie opère. Sans doute cette musique soft, ce décor à la fois simple et coquet, cet air de Provence en pleine cité de tous les dangers. Et très vite, nous entrons dans le vif du sujet : la nourriture saine. Un comptoir vous accueille les bras ouverts. Là sont exposés produits importés et desserts préparés par la maison, « sans sucre, sans beurre et sans lait». Un deuxième stand expose des fruits et des légumes plantés par le célèbre Élias Ayoub el-Tabihé, ainsi surnommé pour ses cultures 100% naturelles. « Toutes nos salades, tous nos plats et les jus de fruits que nous servons sont préparés avec ces ingrédients. » Parlons-en des salades, et puis des plats… Un buffet est préparé tous les jours, constitué d’un bar de salades et d’un choix de cinq plats chauds par jour, qui vont des pois noirs aux légumes, aux pois roses au curry, en passant par les aubergines et zucchini, du kusa avec tofu et des pizzas organiques. Les recettes, inspirées de livres de cuisine du monde, que vous pouvez feuilleter en mangeant – une bibliothèque est également mise en place et fait naturellement partie du décor –, sont revisitées par Fatina et son fils pour adhérer au mieux au goût des Libanais. Passionnés par cet art de vivre, les Khatib peuvent passer des heures à vous expliquer, calmement, les bienfaits de chacun des ingrédients qu’ils proposent à leurs clients, dont certains sont devenus très vite des habitués. Rien n’est laissé au hasard ou oublié ; même le vin, le chocolat et les desserts, halawé et autres tartes, portent l’étiquette « 100% organique ». « La majorité des gens qui viennent manger chez nous ou s’approvisionner en produits est jeune, et semble bien plus consciente que les adultes de tous ces problèmes. » En attendant, en espérant que la réaction d’un plus grand nombre soit, elle aussi, 100% naturelle, une visite chez Olive s’impose. Amateurs de bouffe rapide, communément appelée par ses inventeurs « fast food », prière de s’abstenir. Carla HENOUD