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Actualités - OPINION

Les motivations des décideurs sont d’ordre uniquement extérieur Un bond qualitatif en avant, promettent les lahoudistes

Un ministre informé confirme les indications fournies dans ces colonnes dès vendredi. À savoir que la Syrie n’a précipité les choses, dans le sens de la reconduction, qu’uniquement pour des raisons extérieures. Sur base d’impératifs stratégiques face à des pressions US accrues. Se traduisant notamment par une campagne livrée contre elle sinon au Liban même, du moins par rapport à son rôle dans ce pays. L’analyse de Damas veut que ses contempteurs occidentaux tentent de lui river son clou à travers la présidentielle libanaise. D’où sa réaction. Le tout, bien évidemment, dans une conjoncture régionale délicate, peut-être même décisive qui peut être marquée par des bouleversements subits. Ce qui nécessite un surcroît de vigilance. Aptitude qu’on ne pourrait optimiser si l’on devait en même temps s’adapter à des conditions institutionnelles libanaises nouvelles. Autrement dit, le changement de président ici pourrait, en ce moment précis, affaiblir des positions que la Syrie souhaite plus stables et solides que jamais. Damas, ajoute ce ministre, pense avoir déjoué des visées américaines de perturbation des rapports syro-libanais. La preuve en étant le défilé de visiteurs US, officiels ou autres, venus matraquer le slogan du retrait syrien doublé d’appels en faveur de l’indépendance, de la liberté, de la souveraineté et de l’autonomie de décision libanaises. L’accent étant mis en outre, dans de multiples communiqués de Washington, sur la nécessité de ne pas s’immiscer dans la présidentielle libanaise. Ni de près ni de loin, pour laisser les Libanais choisir librement un nouveau président. Dans le respect de la Constitution comme du principe démocratique de l’alternance qu’elle consacre. On peut, à partir de ces indications, estimer que Damas n’a renoncé à son élan initial dit de la libanisation que parce qu’il a été poussé à bout par les pressions US. Il estime, en outre, à tort ou à raison, que le dossier a été clos en définitive par les Libanais eux-mêmes. Qui, à l’en croire, auraient fait eux-mêmes, en personne, sous leur propre responsabilité, le choix dernier. Même s’il est indéniable qu’il reste d’inspiration syrienne. On prétend de la sorte, du côté syrien, que la mise en scène actuelle n’est pas identique au scénario d’ukase observé en 1995. À l’époque, malgré un très large rejet libanais de départ, malgré les réticences du principal intéressé lui-même, le président syrien, Hafez el-Assad, avait annoncé la prorogation du mandat Hraoui dans le ahram. En soutenant, sans sourciller, qu’il répondait ainsi au vœu le plus cher des Libanais… Donc, aujourd’hui, on soutient qu’il n’y a pas de mot d’ordre imposé. En oubliant, sans doute un peu vite, que l’on a lancé le bouchon encore plus loin. En effet, en 95, c’est Berry qui avait été chargé de procéder à ces consultations organisées cette fois, sans souci de préserver les formes, à Damas même. Quoi qu’il en soit, la tendance générale, ici ou dehors, maintenant que les jeux semblent faits, est de passer à autre chose. C’est-à-dire de voir quels résultats, quelles retombées la prorogation va produire. Beaucoup de politiciens veulent positiver. En déclarant qu’il faudra voir quel style le régime, qui semble désormais incarner le vrai pouvoir dans ce pays, va adopter. Pour traiter les lourds problèmes du pays, ses difficultés économiques ou financières, dont une écrasante dette publique et un déficit budgétaire considérable. Le défi est de taille. On sait en effet que le Liban doit, en tant que débiteur, faire face dans deux petites années, en 2006, à l’obligation de rembourser 24 milliards sur ses 35 milliards de dette. Les professionnels soulignent que les responsables ne doivent plus du tout, plus jamais, déraper dans de vaines querelles intestines. Mais se consacrer tout entiers, et tous ensemble, au traitement de la crise socio-économique, priorité vitale. Un thème que le président Émile Lahoud a traité d’abondance dans son discours du 1er août. Le cap Ses partisans veulent d’ailleurs y voir un discours d’investiture bis. Ils promettent donc une approche nouvelle, rationnelle, efficace. Avec l’assentiment, il faut le souligner, de beaucoup de convertis de la dernière heure. De ces députés qui, après avoir été initialement pour le respect de la Constitution, ont changé leur veste d’épaule. Par fidélité fraternelle, bien évidemment. Ces prosélytes soutiennent avec componction que jamais, au grand jamais, leurs objections initiales ne visaient la personne même du chef de l’État. Ils ajoutent qu’ils en attendent maintenant avec confiance un sursaut, un choc salutaire, pour redresser la barre, renflouer le navire en perdition. En précisant qu’il faut entamer sans tarder la réforme de l’Administration, éradiquer la corruption, fermer les robinets du gaspillage et de la gabegie, s’occuper des gens. Avec, en écho aux loyalistes de la première heure qui en ont fait étrangement l’un de leurs chevaux de bataille, une pensée attendrie pour l’élément féminin et son quota dans l’Administration. Les néo-loyalistes et leurs prédécesseurs dans le culte commun reconnaissent que beaucoup trop de fautes ont été commises au niveau de l’État. Que très peu de promesses ont été tenues. Qu’il y a énormément de failles, de brèches à combler. Qu’il faut que la loi s’applique à tous. Ils promettent donc de pousser à la roue, afin que les dirigeants lancent enfin le grand chantier de la réforme. Mais les indépendants, qui préfèrent commencer par le commencement, se posent des questions. Tout d’abord sur la texture, sur la composition du pouvoir. Va-t-on se trouver obligé de reconduire, grosso modo, la combinaison mise en place après la parenthèse des deux premières années du régime sortant-rentrant ? Pourra-t-on larguer Hariri ? Les décideurs, d’ailleurs, le voudraient-ils ? Ne va-t-il pas devoir se faire douce violence, encore une fois, pour accepter de rester au Sérail ? Et de même, les multiples autres composantes du pouvoir ne vont-elles pas se partager de nouveau les sièges du Conseil des ministres ? Sur le plan technique, le cabinet en place devra rendre son tablier le 24 novembre, date d’expiration du présent mandat présidentiel. Après, il faudra en doser un autre. Selon des pronostics, sans doute hâtifs, la tendance serait à un recours majoritaire à ce que l’on peut appeler des techno-politiciens. C’est-à-dire des gens élus, ou de partis, mais qui seraient des experts dans les domaines qu’ils auraient à administrer. Surtout quand il s’agit de ce que l’on nomme les ministères des services. Parallèlement, on modifierait en profondeur l’Administration au niveau des cadres, même sécuritaires.Tout en rééquilibrant les bureaux sur le plan confessionnel, une balance qui préoccupe beaucoup le régime. En effet la discrimination dans ce champ précis a beaucoup coûté au pouvoir en termes de popularité, face aux récriminations régulières de groupements comme Kornet Chehwane. Philippe ABI-AKL
Un ministre informé confirme les indications fournies dans ces colonnes dès vendredi. À savoir que la Syrie n’a précipité les choses, dans le sens de la reconduction, qu’uniquement pour des raisons extérieures. Sur base d’impératifs stratégiques face à des pressions US accrues. Se traduisant notamment par une campagne livrée contre elle sinon au Liban même, du moins...