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Actualités - ANALYSE

LIBAN-IRAK - Les responsables évitent de se livrer à des commentaires publics Beyrouth, sur la réserve, suit avec inquiétude le drame de Najaf

Les autorités locales redoutent l’impact du drame de Najaf sur la communauté chiite libanaise, particulièrement concernée par le sort de ce sanctuaire. Déjà en mai, alors que la situation n’était pas aussi dramatique en Irak, le Hezbollah avait mobilisé les masses, jeunes surtout, pour la journée dite des linceuls. Au Liban, les responsables, mais aussi les instances religieuses concernées, suivent de près les développements sur le terrain. Les Américains et les réguliers irakiens ont encerclé la cité et se sont focalisés sur son immense cimetière de 15 km carrés, où niche la résistance, incarnée par la milice de Moqtada Sadr, l’Armée du mehdi. Les Américains ont enjoint à la population de quitter la ville, en annonçant qu’ils allaient donner l’assaut final. Préparé par un tir de barrage d’artillerie et par des pilonnages aériens. Les miliciens ont opposé une résistance acharnée durant les premiers jours du combat. Dopés par les harangues de sayyed Moqtada Sadr, qui se dit prêt à se battre jusqu’à la dernière goutte de son sang, et leur demande d’en faire autant même si lui-même devait être tué ou capturé. Cependant à Beyrouth, il faut le souligner, les responsables évitent de se livrer à des commentaires publics. Car la situation est par trop délicate, et en mouvement. De plus, ils gardent sans doute un œil sur Damas, lui-même également sur la réserve, et qui se trouve être en période de pourparlers avec Washington. Par contre, ces responsables locaux multiplient les relances en direction des leaderships chiites. Qui sont absolument révoltés par les agressions américaines contre la sainte cité de Najaf, site hautement symbolique pour la communauté. Dont les dignitaires religieux réclament le retrait d’Irak des forces américaines qu’ils qualifient d’occupantes. Les cadres chiites locaux pensent qu’une tentative d’interception de Sadr serait beaucoup plus coûteuse pour les Américains que la capture de Saddam Hussein. Ils affirment qu’il y aurait un bain de sang, des tués et des blessés par centaines, un exode massif de la population fuyant la violence. Et si les lieux saints de la ville devaient être atteints, il y aurait, toujours d’après ces sources, un immense soulèvement chiite en Irak. Des manifestations monstres à Bagdad, à Bassora ou ailleurs. Selon toute vraisemblance, les sunnites irakiens se solidariseraient avec les chiites au nom de l’union nationale. D’ailleurs, les ulémas sunnites ont commencé à publier des communiqués dénonçant l’agression US contre Najaf, la considérant comme une atteinte à des symboles islamiques autant que nationaux. Selon les mêmes cadres, Najaf pourrait accroître considérablement le mouvement de rejet irakien des forces de la coalition. Et un afflux massif de nouveaux combattants de la résistance à l’occupation américano-britannique. L’arrestation ou le meurtre de Sadr ne feraient que généraliser la résistance, dont les opérations se diversifieraient en se multipliant. Toujours à Beyrouth, et toujours de source chiite, on pense que la visite d’Iyad Allaoui dimanche dernier à Najaf, son appel à Sadr pour qu’il dépose les armes, ont eu pour effet de stimuler encore plus, et d’élargir même, le camp hostile à la présence US comme aux autorités provisoires. Qui deviennent des cibles premières parce qu’elles sont accusées de complicité active avec les étrangers. D’autres critiquent le directoire irakien actuel parce que deux mois après la passation des pouvoirs, il n’a pas su régler le conflit concernant l’Armée du mehdi, ni rétablir la paix ou la stabilité. Conditions nécessaires pour parachever l’application de la résolution onusienne numéro 1546 relative au transfert complet du pouvoir aux Irakiens et à la normalisation dans leur pays. Cependant, ces mêmes sources de Beyrouth soulignent que nombre de leaderships chiites, ici comme en Irak, sont loin de partager les vues de Moqtada Sadr. Et préconisent une solution pacifique. Car la première armée du monde peut causer beaucoup de malheurs, de morts et de destructions. Elle peut raser, écraser des villes entières. Mais, selon ces personnalités, l’aveuglement des Américains, qui ne réalisent pas ce qu’est la sacralité de Najaf, est en train de grandir Sadr, tout en aggravant la haine ressentie à leur encontre. Khalil FLEYHANE

Les autorités locales redoutent l’impact du drame de Najaf sur la communauté chiite libanaise, particulièrement concernée par le sort de ce sanctuaire. Déjà en mai, alors que la situation n’était pas aussi dramatique en Irak, le Hezbollah avait mobilisé les masses, jeunes surtout, pour la journée dite des linceuls. Au Liban, les responsables, mais aussi les instances...