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Embarras à Washington : le rapport annuel sur les droits de l’homme occulté après le scandale des sévices

WASHINGTON-Irène MOSALLI Dans le rapport rédigé annuellement par le département d’État américain sur le respect des droits de l’homme dans le monde, le Liban figure depuis plus de trois décennies parmi les pays enfreignant certains de ces droits. On ignore comment il aurait été jugé en 2004 étant donné que ce rapport n’a pas été présenté au Congrès, comme prévu, avant-hier. La raison première en serait, selon une source bien informée, le scandale des prisons américaines en Irak qui occupe les médias presque 24 heures sur 24 ainsi que les politiques, les militaires et l’esprit de toute la population. Il n’est pas un responsable qui ne se soit prononcé à ce sujet. La sénatrice Hillary Clinton a notamment mis l’accent sur la gravité interne de cette situation : « Au-delà de l’horreur des faits et de leur inadmissibilité, et de l’inefficacité de ces pratiques, a-t-elle dit, au-delà de l’image que nous donnons au reste du monde, il faut examiner très attentivement aussi bien la chaîne de commandement que le danger de faire appel à des contractuels militaires et civils. » Dans ce contexte, a précisé la source citée plus haut, « il serait hypocrite » de porter des blâmes sur autrui. De source officielle, on allègue que le rapport n’est pas encore tout à fait prêt et que, par conséquent, il ne peut être encore soumis, comme cela doit se faire, au Congrès avant d’être officialisé. Il n’est pas encore clair s’il le sera à la fin de cette semaine ou la semaine prochaine. C’est la première fois depuis sa création, en 1976, que ce document manque un tel rendez-vous. Une date qui, par la même occasion, risque quasiment de réduire son rôle. Ayant toujours été un outil de pression diplomatique sur les pays d’outre-Atlantique, on verrait mal ce rapport sur les droits de l’homme continuer dans cette voie après les traitements inhumains infligés par les soldats américains aux prisonniers irakiens. À noter que le rapport du département d’État sur les droits de l’homme dans le monde est né directement d’un amendement de l’une des clauses de la loi sur l’aide à l’étranger que le Congrès avait adopté en 1976. Cet amendement exige que le secrétaire d’État transmette chaque année au Congrès un « rapport détaillé et complet » concernant le « respect des droits universels de la personne humaine dans chaque pays destiné à recevoir une aide des États-Unis ». Le premier rapport a paru en 1977. Cet amendement a débouché sur la création d’un poste de coordonnateur des affaires humanitaires et relatives aux droits de l’homme au sein du département d’État durant le gouvernement du président Jimmy Carter. Le rapport portait sur 82 pays bénéficiaires de l’aide des États-Unis. La plupart étaient des amis et des alliés de longue date. L’année suivante, on y a ajouté 33 pays qui, en plus de l’aide économique, recevaient une aide en matière de sécurité. Puis la loi sur l’aide à l’étranger a été de nouveau modifiée pour englober tous les États membres des Nations unies. Ainsi le rapport de 1978 comptait 854 pages couvrant 154 pays. C’est également à cette époque que les grandes rubriques du rapport ont été établies : respect de l’intégrité de la personne (excluant donc la torture et les arrestations arbitraires, le déni de justice, etc), respect des libertés civiles et politiques, et comportement du gouvernement face aux organismes internationaux ou non gouvernementaux enquêtant sur les violations des droits de l’homme. Le premier rapport sur les droits de l’homme avait été accueilli à l’étranger avec un intérêt et une curiosité modérés. Par la suite, il était devenu le document de politique étrangère du gouvernement américain le plus recherché. Sans compter qu’il a contribué à l’amélioration de la situation des droits de l’homme dans le monde entier. Quel sera son destin après le scandale des prisons d’Abou Gharib ?
WASHINGTON-Irène MOSALLI
Dans le rapport rédigé annuellement par le département d’État américain sur le respect des droits de l’homme dans le monde, le Liban figure depuis plus de trois décennies parmi les pays enfreignant certains de ces droits. On ignore comment il aurait été jugé en 2004 étant donné que ce rapport n’a pas été présenté au Congrès, comme prévu,...