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Des échéances cruciales, bien au-delà de l’élection du chef de l’État

La présidentielle, c’est important. Mais beaucoup moins que les problèmes qui continueront à se poser par la suite. Et dont le traitement nécessite avant tout une saine solidarité entre gens du pouvoir. Un officiel se demande, dès à présent, si le premier gouvernement du prochain régime se contentera de superviser les législatives. En passant à côté de missions essentielles, comme la mise sur pied, justement, d’une nouvelle loi électorale aussi durable qu’équilibrée. La Chambre, est-il besoin de le souligner, a également son mot à dire à ce propos. La question étant de savoir si les députés actuels accepteront une loi assainie qui risquerait de porter atteinte à leurs intérêts. On sait en effet que pour retrouver la norme, en termes de représentativité, il faut larguer le système élargi, qui autorise les parachutages, au profit de la petite circonscription ou du caza. Ou encore adopter une dose de proportionnelle. Or cela voudrait dire que beaucoup de parlementaires de la présente législature ne retrouveraient pas leurs strapontins. Autre embûche : est-ce que les membres du gouvernement vont pouvoir s’entendre sur une formule raisonnable ? À supposer qu’ils le fassent, et du moment que la Chambre actuelle ne serait pas trop réceptive, auraient-ils le courage d’exiger des pouvoirs exceptionnels pour promulguer la loi électorale par décret ? Il est presque certain que la personnalité du prochain président de la République comptera beaucoup dans l’orientation qui prévaudra. Sa personnalité, et aussi le degré de soutien dont il bénéficiera de la part des Syriens. De plus, tout dépendra de la sincérité des intentions, en vue de générer une nouvelle Chambre vraiment représentative, à travers des élections aussi propres que libres. Il faudra donc voir si cette correction de trajectoire conviendra au régime prochain, qu’il soit nouveau ou renouvelé. Ou encore au gouvernement, qui ne serait peut-être pas très enthousiaste à être confronté à un Parlement libre de ses mouvements, susceptible de lui demander vraiment des comptes. Peut-être même de lui dénier la confiance, ce qui ne risque pas d’arriver avec une Chambre majoritairement parachutée. Qui reste tellement sous contrôle qu’elle n’entreprend pratiquement rien pour lutter contre la corruption, cette gangrène qui dévore aussi bien l’économie nationale que les finances publiques. En aggravant, comme on sait, la plaie dangereuse de la dette publique. La loi électorale n’est évidemment pas la seule préoccupation majeure qui se profile à l’horizon du futur pouvoir. Il y a également la crise socio-économique et financière. On sait en effet que le swap ne suffit pas : il faut, dans les deux années à venir, commencer à rembourser une partie de l’énorme créance nationale. Bien entendu, répétons-le, les mesures adoptées ne peuvent servir à rien s’il n’y a pas une véritable campagne contre la corruption, la gabegie, le détournement de fonds publics et le gaspillage. Autrement dit, il faut engager une grande réforme touchant les mœurs politiques et l’Administration. En commençant par un mouvement de nominations, de mutations ou de permutations, pour mettre the right man at the right place. Afin que les critères de compétence, de transparence et de probité prennent le pas sur le clientélisme roi. Les défis sont a priori difficiles à relever. Il faut en effet rappeler qu’aux termes de la Constitution, le premier gouvernement du prochain régime n’aura qu’un petit semestre à vivre. Car il est tenu, une fois les législatives terminées, de rendre son tablier. Pour que la nouvelle Chambre exerce son droit de choisir un président du Conseil, à travers la procédure de consultations parlementaires contraignantes. C’est seulement dans le cas d’un nouveau pouvoir ultrafort, après la présidentielle, que l’Exécutif pourrait mener à bien, de front, plusieurs projets essentiels, ou les mettre sur les rails. Sans risque d’être contré par les parties que la réforme léserait. Par exemple, pour espérer effectuer un large mouvement administratif sans entraves, il faudrait que le gouvernement dispose des pleins pouvoirs. C’est difficile à imaginer. Surtout, si pour répondre aux aspirations de la population, on devait mettre sur pied un gouvernement formé de personnalités indépendantes, propres, qui ne seraient pas elles-mêmes candidates aux élections. Et seraient en somme dépolitisées. Ce qui est rassurant d’une part, mais signifie d’autre part une déconnexion au niveau des mécanismes d’influence et de capacité effective. Surtout que le temps manquerait cruellement à un tel gouvernement pour asseoir son autorité face aux professionnels. Émile KHOURY
La présidentielle, c’est important. Mais beaucoup moins que les problèmes qui continueront à se poser par la suite. Et dont le traitement nécessite avant tout une saine solidarité entre gens du pouvoir. Un officiel se demande, dès à présent, si le premier gouvernement du prochain régime se contentera de superviser les législatives. En passant à côté de missions...