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Téléphonie mobile - Cardahi promet une solution dès la semaine prochaine Guerre des chiffres sur le véritable taux de participation à la grève

On s’y attendait un peu : la guerre des chiffres a commencé sitôt la grève du cellulaire terminée. Alors que l’Association de défense du consommateur annonçait jeudi soir une moyenne de 50 % de participation à la grève – un chiffre qui a été à nouveau confirmé par les organisateurs hier lors d’une conférence de presse –, le ministre des Télécommunications Jean-Louis Cardahi a répliqué chiffres à l’appui : « Le pourcentage des “appels en moins” n’a pas dépassé les 3,34 % », a-t-il annoncé. Dans une interview accordée à L’Orient-Le Jour, M. Cardahi a souligné que le taux calculé par son ministère était « précis » puisqu’il s’agit « d’un calcul exact des appels qui ont été réellement effectués », et qui ont été comparés au nombre de communications faites les 1er, 8 et 14 juillet. Selon lui, les résultats du sondage entrepris par les organisateurs n’est pas « aussi fiable ». Réagissant aux propos du ministre, le président de l’Association de défense du consommateur, Zouheir Berro, a affirmé qu’« il n’est pas permis d’humilier le peuple à ce point. C’est une atteinte à l’intelligence des Libanais qui savent pertinemment que le chiffre de 3,34 pour cent n’est pas crédible ». Reconnaissant que le sondage effectué par les organisateurs « n’est pas parfait non plus », il rappelle toutefois que cette étude a pu être réalisée grâce à des experts en statistiques. « Si on compte seulement les membres des associations qui se sont solidarisées avec le mouvement, soit 36 syndicats, associations professionnelles et ONG, nous atteignons facilement les 95 % des consommateurs », a précisé M. Berro. « Nous avons mené un sondage à grande échelle avec l’aide de multiples associations et appelé 4 000 abonnés. Plus de 50 % d’entre eux avaient fermé leurs appareils », a-t-il dit. De son côté, et en réponse aux accusations portées contre son département « d’avoir refusé de mettre à la disposition du comité organisateur de la grève ses services de contrôle pour vérifier le nombre d’appels enregistrés » le jour de grève, M. Cardahi a soutenu qu’il « n’est pas possible qu’une institution publique admette des observateurs étrangers sur son site ». Dans son communiqué, le ministère a en outre nié « avoir reçu au cours des deux derniers jours une demande (dans ce sens) de la part des organisateurs », une information démentie par M. Berro qui assure qu’une lettre officielle a été enregistrée au bureau du ministre dès lundi dernier, et qu’une dizaine d’appels à son bureau ont été effectués en cours de semaine. M. Berro rappelle qu’en Italie où le même type de grève a eu lieu en même temps que le Liban, et pour les mêmes raisons, la Fédération des associations de consommateurs, qui était en contact avec les organisateurs libanais, a reçu l’autorisation des trois principales sociétés de téléphonie mobile pour superviser l’opération à partir des compteurs. Alors que ces dernières avaient affirmé, jeudi, que le boycottage « n’a eu aucun impact sur le volume des communications », l’Intesa dei consumatori (l’entente des consommateurs), qui regroupe quatre associations, a avancé le chiffre de 20 %, soulignant que ce taux, relativement faible, est dû au fait que l’association n’a pas eu assez de temps pour mobiliser les consommateurs, ayant décidé seulement deux jours auparavant de suivre le Liban dans son mouvement de boycottage. Pour en revenir au Liban, M. Cardahi s’est dit « étonné » que la campagne ait été ainsi dirigée contre lui, alors qu’il « n’a cessé d’œuvrer en faveur de la réduction des tarifs » appliqués par les opérateurs que réclament depuis plusieurs semaines les associations professionnelles. « Après tout, c’est notre ministère qui a fourni à l’Association de défense du consommateur les chiffres pratiqués dans les pays arabes. C’est également nous qui avons dénoncé en Conseil des ministres la hausse des prix », s’indigne M. Cardahi, promettant que d’ici à la semaine prochaine, il soumettra au Conseil des propositions pour revoir les tarifs à la baisse. D’après les chiffres comparatifs, 500 minutes de communications coûtent 121 USD au Liban, contre 65 en Syrie, 66 en Jordanie, 47 à Chypre, 42 en Égypte et 39 aux Émirats. Rappelons qu’il existe au Liban 850 000 lignes de téléphone mobile, gérées par MTC, un groupe de télécommunications koweïtien, et la firme allemande Detecon, qui versent chacune en contrepartie au gouvernement 4 millions de dollars par mois. Les associations professionnelles réclament la comptabilisation des communications à la seconde et non plus à la minute, la baisse des tarifs de 30 %, une baisse de 50 % pour les communications nocturnes, l’abolition des 25 dollars d’abonnement mensuel et des cartes prépayées moins chères avec une échéance prolongée. Le boycottage était un avertissement au gouvernement qui doit diminuer les tarifs ou faire face à de nouvelles actions de protestation. Dans leur communiqué, les organisateurs ont mis en garde contre « un nouveau boycottage le 15 août prochain si le Conseil des ministres ne décide pas la baisse des tarifs ». Pour M. Berro, « le ministre concerné (leur) a fait des promesses en avril dernier qu’il n’a pas tenues. C’est pour cette raison que nous avons décidé de lancer cette campagne qui se poursuivra si le gouvernement ne réagit pas ». Jeanine JALKH
On s’y attendait un peu : la guerre des chiffres a commencé sitôt la grève du cellulaire terminée. Alors que l’Association de défense du consommateur annonçait jeudi soir une moyenne de 50 % de participation à la grève – un chiffre qui a été à nouveau confirmé par les organisateurs hier lors d’une conférence de presse –, le ministre des Télécommunications Jean-Louis...