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Actualités - REPORTAGE

CORRESPONDANCE L’hymne marial des marins d’Antibes, «politiquement incorrect»

CAP D’ANTIBES – Irène MOSALLI «Vierge Sainte exaucez-nous Notre espoir est tout en vous… Si vous daigner nous garder Nous pourrons tout hasarder Quelque effort que le Turc fasse Nous nous moquerons de lui En abattant son audace… En dépit de sa furie Nous braverons le Croissant Et toute sa barbarie…» C’est là un extrait du Chant des mariniers d’Antibes, qui est entonné, depuis des siècles, toutes les années et à la même période. Et cela, lors d’une célébration qui dure quatre jours et qui est dédiée à la Vierge de la chapelle Notre-Dame-de-Bon Port située sur le plateau de la Garoupe, dominant le cap et la ville d’Antibes. La coutume veut que le premier jeudi de juillet cette statue de la Vierge soit emmenée en procession de la Garoupe à la cathédrale d’Antibes, en suivant ce qui est appelé «le chemin du calvaire». Puis, après avoir reposé durant deux jours à Antibes, la statue est ramenée, toujours en procession et toujours par le chemin du calvaire, à la chapelle de la Garoupe. Ce retour est marqué par une grand-messe. Le «Turc» et le «Croissant» d’antan Cette année, tout s’est passé comme prévu. Sauf qu’il y a eu polémique autour de l’extrait du Chant des mariniers cité plus haut. Le curé de la paroisse, le père Paul Carpentier, s’est opposé à ce que ce chant soit interprété à l’intérieur de la cathédrale d’Antibes à cause des injonctions haineuses d’antan, et qui n’ont plus lieu d’être aujourd’hui, contre le «Turc» et le «Croissant», symboles de l’islam. Il a proposé de remplacer le mot «Turc» par «le mal» et le «Croissant» par «le méchant». Mais il s’est avéré, une fois de plus, que les traditions ont réellement la vie longue: il n’était pas question pour la Corporation des marins d’Antibes de changer un iota de leur hymne. Après de longues tergiversations autour du concept «autre temps, autres mœurs», le président de la corporation s’est donné jusqu’au mois de septembre pour décider s’il y aurait ou non substitution de ces mots employés d’une manière «politiquement incorrecte». Entre-temps, il avait été convenu que ce chant serait interprété, tel quel, à la fin de la messe du dimanche qui a eu lieu à l’extérieur de la chapelle de la Garoupe. C’est aux alentours de l’an mille que remontent les premiers pèlerinages à Notre-Dame-de-Bon Port. Le millénaire des pèlerinages a été célébré en 1981. Concernant la tradition des processions et la descente de la statue de la Vierge à Antibes, il est probable qu’elle remonte au XVIe siècle. Plus précisément à l’époque où l’épidémie de peste avait fait une centaine de morts dans la ville d’Antibes. Les habitants de cette ville, ayant appris qu’à Marseille Notre-Dame de la Garde avait chassé la peste, avaient fait descendre Notre-Dame-de-Bon Port chez eux, accompagnée par les marins et les ecclésiastiques. Quelques jours après, mais non sans prières, l’épidémie avait cessé. Dès lors, la tradition de la descente de la Vierge perdure. Cette Vierge en qui marins et pêcheurs mettent toute leur foi, leur confiance et leur protection. Elle tient un bateau dans sa main droite et elle est ornée, de même que l’église, d’une multitude d’ex-voto qui témoignent de la ferveur et de la gratitude que lui vouent les gens de la mer.
CAP D’ANTIBES – Irène MOSALLI

«Vierge Sainte exaucez-nous
Notre espoir est tout en vous…
Si vous daigner nous garder
Nous pourrons tout hasarder
Quelque effort que le Turc fasse
Nous nous moquerons de lui
En abattant son audace…
En dépit de sa furie
Nous braverons le Croissant
Et toute sa barbarie…»
C’est là un extrait du Chant des mariniers d’Antibes, qui est...