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Actualités - CHRONOLOGIE

Droits du consomMateur - préparez-vous à éteindre vos portables à partir de demain soir L’idée du boycottage des réseaux reprise et adaptée par les Italiens

C’est la première fois qu’un pays occidental prend exemple sur le Liban. Jeudi prochain, les Italiens, qui ont appris par voie de presse l’excellente initiative prise par les Libanais de boycotter les réseaux de téléphonie mobile, observeront eux aussi une grève de quelques heures pour protester contre les tarifs excessifs adoptés par les quatre principales sociétés qui gèrent leurs réseaux. C’est le correspondant de La Repubblica à Beyrouth, Gabriele Romagnoli, également écrivain réputé en Europe, qui a été à l’origine de la diffusion de la nouvelle en Italie. Le journaliste, qui a été séduit par l’idée de la grève lancée par l’Association libanaise des consommateurs, a écrit un article qui a été publié en première page dans le quotidien italien. L’Association italienne des consommateurs, qui a trouvé l’idée particulièrement intéressante, s’est saisie de l’occasion pour lancer un ordre de grève aux Italiens, les sommant d’éteindre leur cellulaire le même jour – symbolisme exige –, c’est-à-dire le jeudi 15. Sauf que l’Italie, dont la population fait 14 fois celle du Liban, se contentera de 2 heures « d’abstinence cellulaire », soit de 12h00 à 14h00, une heure plutôt creuse en Italie où les gens partent déjeuner et durant lesquelles les banques sont fermées. Cependant, cela suffit pour atteindre des objectifs autrement efficaces. Les chiffres sont à eux seuls parlants : ce boycottage de deux heures coûtera 5 millions d’euros aux réseaux italiens, selon La Repubblica, qui a repris l’information le lendemain même, et près de 3 millions aux réseaux libanais. De quoi encourager les deux groupes d’utilisateurs, libanais et italiens, et les inciter à se solidariser dans un mouvement qui n’a d’autre objectif que d’amener les sociétés concernées à réduire les coûts des appels et des services offerts. Certes, l’idée de limiter la grève à deux heures de temps est peut-être plus réaliste, les associations et ordres libanais ayant placé la barre un peu trop haut en appelant à un arrêt de 24 heures (il est demandé à l’usager de fermer son portable de 0 heure à minuit). Une condition qui risque de déplaire à une partie des consommateurs et plus particulièrement à certains employés et chefs d’entreprise qui craindront probablement les répercussions économiques « immédiates » d’une telle action, sans réaliser pour autant qu’à long terme, « c’est tout le peuple libanais qui en sortira gagnant », comme l’affirment les organisateurs. Conscient du danger de voir certains utilisateurs se désister et succomber à la tentation de composer le numéro du copain (e), d’un membre de la famille, ou plus important encore, d’un client potentiel avec lequel on a rendez-vous, l’Association libanaise des consommateurs s’est solidarisée avec tout un ensemble d’associations et d’organismes, à savoir : les Ordres des journalistes et de la presse, des avocats, des ingénieurs, des médecins, plusieurs ONG, les Associations des commerçants, des industriels, la CGTL et plus récemment le PNL, l’Ordre des dentistes et le syndicat des agences de voyages et de tourisme, soit les représentants d’une tranche importante de la population libanaise active. Il faut savoir toutefois que le seul appel lancé par ces différentes catégories socioprofessionnelles ne suffit pas et qu’en définitive, c’est le sens civique de chaque Libanais qui sera interpellé ce jour-là. Le citoyen ne devra pas oublier non plus qu’il y va également de son intérêt privé aussi bien que collectif, puisque la réussite de ce mouvement de revendication en augurera d’autres et pourra enfin, espèrent les organisateurs, sortir le peuple de sa torpeur en l’incitant à prendre plus activement part à la prise de décision. Sur le terrain, l’appel continue de trouver des échos positifs parmi les citoyens et le cercle de solidarité ne cesse de s’élargir. Les organisateurs ont fait paraître hier un communiqué dans lequel ils ont applaudi à la position affichée par la commission parlementaire des Télécommunications, qui a annoncé hier sa participation au mouvement. Le texte du communiqué a exhorté tous les citoyens à se conformer à l’appel au boycottage et à ne plus utiliser leur mobile durant 24 heures, à partir de demain soir, soit de 0 heure jusqu’à minuit. Les organisateurs précisent en outre qu’une chambre d’opération sera prévue au siège de l’Ordre de la presse pour superviser l’opération de grève et vérifier, à partir d’un échantillon d’abonnés, si le mouvement a été suivi dans l’ensemble. Les personnes chargées de cette opération procéderont à l’appel – à partir du téléphone fixe bien entendu – de plusieurs utilisateurs, dont ils ont déjà la liste, pour voir le taux de personnes qui ont « répondu » favorablement à l’appel à la grève. L’indice sera, bien entendu, l’enregistrement sonore affirmant que « l’abonné n’est pas disponible ». Le communiqué précise en outre que les organisateurs ont présenté une demande officielle au ministère des Télécommunications lui réclamant le nombre d’appels effectués ce jour-là et ceux qui ont été effectués le même jour du mois dernier, afin de pouvoir comparer. Cette méthode ne semble pas toutefois faire l’unanimité parmi certains usagers qui sont prêts à s’abstenir d’appeler à partir de leur portable, mais estiment qu’il n’est pas nécessaire de fermer pour autant le cellulaire. En s’abstenant simplement de répondre, l’abonné pourra au moins savoir qui est son correspondant et aura au moins la latitude de pouvoir le rappeler à partir d’un téléphone fixe. Cette campagne nationale concerne les 550 000 usagers de la carte prépayée et les 300 000 abonnés possédant une ligne en leur nom. Elle vise en outre à obtenir la baisse des prix de la communication, l’abolition des 25 dollars d’abonnement mensuel, des prix des services offerts et la baisse des tarifs durant la nuit (de 20 heures à 8 heures). Quant aux slogans adoptés par les organisateurs, il varient entre « le droit du consommateur à tous les moyens de télécommunications », « la prospérité du Trésor qui se fait aux dépens de celle de l’individu », ou encore « le droit du citoyen à prendre part aux décisions qui le concernent ». Le communiqué avance également des arguments économiques, à savoir que « la baisse des tarifs des factures signifie pour les sociétés davantage d’abonnés », et que le pays ne connaîtra « pas de développement continu à l’ombre de tarifications aussi élevées », rappelant au passage que les rentrées annuelles de l’État sont estimées à 800 millions de dollars. Un chiffre qui suffit à lui seul de convaincre les récalcitrants à débrancher leur portable. Il ne nous reste plus qu’à nous dépêcher de prévenir amis, collègues, clients ou parents qu’à partir de demain soir, et durant les prochaines 24 heures, ils ne verront plus notre numéro de portable s’afficher sur leurs écrans. Jeanine JALKH
C’est la première fois qu’un pays occidental prend exemple sur le Liban. Jeudi prochain, les Italiens, qui ont appris par voie de presse l’excellente initiative prise par les Libanais de boycotter les réseaux de téléphonie mobile, observeront eux aussi une grève de quelques heures pour protester contre les tarifs excessifs adoptés par les quatre principales sociétés qui gèrent...