Rechercher
Rechercher

Actualités - CHRONOLOGIE

Santé - Médecins, dentistes, pharmaciens, propriétaires de laboratoires, infirmiers et infirmières se solidarisent avec les hôpitaux privés Les arriérés – 500 milliards de livres – ou la catastrophe !

Verra-t-on les médecins, les dentistes et les pharmaciens dans la rue, aux côtés des chauffeurs de minibus à mazout et des cultivateurs de pommes de terre ? Solidaires des hôpitaux, les Ordres et syndicats du secteur de la santé ont à nouveau mis en garde, hier, contre le non-paiement par les tiers payants publics de leurs arriérés aux hôpitaux, environ 500 milliards de livres, estimant que cette façon de faire les menaçait tous. Ils se sont même promis de descendre dans la rue, à la première occasion, pour le dire et défendre leurs droits, si les tiers payants ne s’exécutent pas, dans un délai d’un mois. Les Ordres concernés se sont interrogés sur les graves déséquilibres financiers de la Caisse nationale de sécurité sociale, laissant entendrer qu’il existe, à ce niveau, un formidable gaspillage, et peut-être plus. Jouant la transparence, le collectif syndical a clairement affirmé que certains profitent de façon illégitime des prestations de la CNSS, et qu’il y a là matière à enquête. Le président de l’Ordre des dentistes a affiché sa volonté d’engager des poursuites contre la CNSS devant le Conseil d’État, pour la non-application du décret sur la couverture des soins dentaires. Le cri d’alarme a émané de tous les Ordres et syndicats du secteur de la santé, dont les présidents se sont réunis au siège de l’Ordre des médecins. Il y avait là le président de l’Ordre des médecins, Mario Aoun, le président de l’Ordre des dentistes, Élias Maalouf, le président du syndicat des propriétaires d’hôpitaux, Sleimane Haroun, le président de l’Ordre des pharmaciens, Ziad Nassour, le président de l’Ordre des propriétaires de laboratoires, Fady Hobeiche, le président de l’Ordre des physiothérapeutes, Georges Boueri, la vice-présidente de l’Ordre des infirmiers et infirmières, Sr Françoise Bakhache, et le secrétaire général de l’Ordre des médecins du Nord, Élie Habib. Au nom des présents, le Dr Aoun a ensuite donné lecture d’un communiqué, insistant sur le fait que tous les Ordres du secteur de la santé unissent leur voix pour donner encore plus de force à leur cri d’alarme. « Nous mettons en garde avec la dernière énergie contre la grande catastrophe qui a affecté le secteur de la santé au Liban, affirme le communiqué. Nous qui sommes en charge d’un secteur vital entre tous, nous sommes conscients que la crise économique et financière pèse de tout son poids sur la société, et nous mettons en garde contre la poursuite de la dégradation du volume et du niveau des prestations de la santé. À notre avis, elle entraînera un surcroît de ressentiment dans les cœurs, et entraînera par conséquent un surcroît de manifestations violentes dans la rue. » L’anarchie à la CNSS « Les sommes dépensées sur la santé au Liban, poursuit le communiqué, même si elles sont relativement modestes, comparées à celles des pays développés, paraissent quand même exorbitantes par rapport aux Libanais, en raison de leurs modestes revenus et du fait qu’ils assument en personne la partie la plus importante de la facture hospitalière. Le Libanais paie en effet 80 % de cette facture, alors que l’État n’en assume que 20 %. Par ailleurs, l’anarchie dans la façon de dépenser permet à certains d’en profiter illégitimement, et empêche d’autres de recevoir ce qui leur est dû. » Et le communiqué de préciser : « Le Libanais moyen sait-il que le médecin spécialiste ne touche que 12 500 LL comme frais de consultation, au troisième jour d’hospitalisation, et que cette somme se réduit à 6 250 livres au septième jour, ce qui représente moins que le tarif d’une course en taxi jusqu’à l’hôpital? Sait-on que le physiothérapeute touche 10 000 LL pour une séance qui peut prendre plus de deux heures, et que ce montant n’augmente pas même si le patient a besoin de plus d’une séance par jour, ainsi que l’utilisation d’un équipement coûteux ? Sait-on que les frais de lit, dans un hôpital universitaire, est de 30 000 LL, prix qui comprend la nourriture, le service d’infirmerie, des accessoires médicaux et parfois des examens de laboratoire ? Sait-on que les salaires des infirmiers et infirmières sont parmi les plus bas, comparés à d’autres secteurs? Et, par exemple, que l’infirmière diplômée et titulaire d’une licence universitaire commence à 675 000 LL de salaire mensuel (...) ? » Les 2 milliards de la CNSS Et les Ordres du secteur de la santé de se demander : « Comment sont dépensés les 2 milliards de dollars annuels de la facture de santé, alors que les factures émises par les hôpitaux ne dépassent pas 600 millions de dollars, chiffre qui comprend les traitements des médecins ? Le ministre de la Santé vient de poser cette question, dans une conférence de presse. Comment à la CNSS dépense-t-on 200 milliards de livres sur les médicaments et les examens de laboratoire sans l’ombre d’un contrôle crédible, alors qu’on affirme être incapable d’appliquer le décret 5104 relatif aux soins dentaires ? Comment importe-t-on pour un demi-milliard de dollars, et voit-on en même temps dans les rayons des pharmacies des médicaments importés en contrebande, contrefaits et nocifs, et transforme-t-on le pharmacien spécialiste en un vendeur de médicaments, au lieu de défendre sa profession contre toute dérive commerciale par souci de la santé du malade ? Comment la proportion de dépenses administratives de certains tiers payants peut-elle atteindre 16 % de leur budget global alors qu’elle ne doit pas dépasser les 4 % ? Ces dépenses ne sont-elles pas à l’origine du déficit et de l’incapacité de ces tiers payants à régler leurs factures ? » Le monde à l’envers « Les syndicats et Ordres du secteur de la santé, poursuit le communiqué, constatent que la tournure que prennent les choses récompense ceux qui contreviennent et pénalise ceux qui respectent la loi et les règles en vigueur. Ils ne peuvent donc assister à cette injustice les bras croisés. Ils profitent de la volonté de réforme et de changement qui se manifeste en ce moment pour soumettre toutes ces questions avant qu’il ne soit trop tard. Des manifestations ont eu lieu pour des choses moins vitales. Il ne serait pas étonnant qu’ils le fassent quand il s’agit de leur santé et de celle de leurs enfants. Ce jour-là, les syndicats et Ordres réunis ici et qui lancent ce cri d’alarme seront en tête des manifestants, n’étant plus capables de retenir leur cri de révolte contre tout ce pourrissement. Car la culture de la santé et les institutions hospitalières font partie du patrimoine du Liban depuis le milieu du XIXe siècle, date de l’institution de la première école de médecine à Beyrouth. La réputation médicale du Liban, de ses institutions et de ses hommes, a dépassé nos frontières, et l’on vient au Liban se faire hospitaliser de tous les pays de la région. » Et de conclure : « Cette position conquise au fil des décennies est menacée de disparition. Il nous est devenu pratiquement impossible de conserver ce niveau et cette qualité de soins en raison de l’exode d’un grand nombre de compétences et de l’incapacité matérielle à suivre le rythme du progrès technologique. À l’occasion de cette réunion, nous pressons les tiers payants de régler leurs arriérés jusqu’au 31 décembre 2003, dans un délai n’excédant pas un mois, pour éviter une catastrophe inéluctable contre laquelle a déjà mis en garde le syndicat des hôpitaux. »
Verra-t-on les médecins, les dentistes et les pharmaciens dans la rue, aux côtés des chauffeurs de minibus à mazout et des cultivateurs de pommes de terre ? Solidaires des hôpitaux, les Ordres et syndicats du secteur de la santé ont à nouveau mis en garde, hier, contre le non-paiement par les tiers payants publics de leurs arriérés aux hôpitaux, environ 500 milliards de...