Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Pakradouni donnerait-il à Lahoud les mêmes conseils qu’à Hraoui ? De la manière d’éviter la tentation d’un renouvellement

Que faire pour éviter que les présidents de la République au Liban soient systématiquement tentés par un renouvellement de leur mandat ? Évidemment, la question est plus que jamais d’actualité dans la mesure où le pays est divisé aujourd’hui sur l’opportunité d’une reconduction du président Émile Lahoud. Il s’agit plus précisément de trouver le mécanisme adéquat susceptible de dissuader un chef d’État de vouloir se maintenir au pouvoir au bout de son sexennat. On peut envisager d’ajouter par exemple une clause à l’article 49 de la Constitution, prévoyant des sanctions à l’encontre de quiconque chercherait à amender la Constitution à des fins personnelles. Une telle mesure pourrait être ainsi considérée comme un acte de haute trahison. Une deuxième éventualité consiste à ajouter une phrase à l’article 50 de la Constitution relatif à la prestation de serment du président de la République devant les députés, en l’occurrence : « Je m’engage à refuser d’amender l’article 49 de la Constitution en vue d’une prorogation ou d’un renouvellement de mon mandat. » En réalité, ni la Constitution ni la Chambre des députés ne sont vraiment dissuasifs dès lors que le président de la République en question est déterminé à proroger son mandat. De fait, le député évite de réclamer des comptes à ceux qui enfreignent les dispositions de la Constitution de peur de ne plus être réélu s’il venait à s’opposer à une reconduction approuvée par la majorité. Cette situation n’existait pas autrefois car si les décideurs étrangers intervenaient dans l’élection présidentielle, ils s’abstenaient en revanche de toute interférence dans les législatives. Preuve en est, par exemple, l’accession de Sleimane Frangié à la tête de l’État, élu à une voix de différence face à son rival Élias Sarkis. À cette époque, les députés étaient effectivement libres de leur choix, et la presse jouait aussi un grand rôle dans ce cadre. L’opposition de Pakradouni à la reconduction de Hraoui Quand il fut question plus tard de la reconduction du président Élias Haroui, l’actuel ministre Karim Pakradouni avait alors écrit un article dans la quotidien as-Safir, intitulé : « D’Élias Sarkis à Élias Hraoui ». Il avait avait alors donné deux conseils à M. Hraoui au nom du président Sarkis. Le premier concernait l’armée, et M. Pakradouni écrivait, citant Élias Sarkis : « Vous avez eu plus de chance que moi puisque vous avez réussi à constituer une armée en bonne et due forme. Je n’ai jamais pu le faire tout au long de mon mandat », ajoutait l’ancien chef de l’État, avant de poursuivre : « Malgré tous ses défauts et les dépenses qu’elle suppose, une armée est toujours préférable à pas d’armée du tout ou à une armée faible. En effet, le pouvoir reste faible en l’absence de la troupe, car le président de la République devient l’otage des différentes parties au conflit. Avec une armée, il devient au contraire un arbitre à même de gérer ces mêmes conflits. » Le second conseil concernait la prorogation du mandat présidentiel. M. Pakradouni faisait dire à Élias Sarkis : « Écoutez-moi une fois au moins : même si le monde entier, tous les Arabes et tous les Libanais vous demandaient de rester au pouvoir une heure de plus au terme de votre mandat, refusez. Ne succombez pas à la tentation et préservez votre dignité personnelle ainsi que la spécificité du système libanais (...) ». Néanmoins, malgré les « conseils » prodigués par son prédécesseur, via Karim Pakradouni, le président Élias Hraoui a tout de même opté pour la reconduction. Certains observateurs se demandent aujourd’hui si M. Pakradouni continue d’avoir la même opinion concernant le renouvellement d’un mandat présidentiel. Émile Lahoud prêterait-il lui-même l’oreille aux conseils de ses amis fidèles qui n’ont aucun intérêt personnel dans cette affaire ? Un fait est sûr: si le président Lahoud évite de succomber à la tentation d’une reconduction, il figurera dans les annales de l’histoire libanaise comme le chef d’État qui a réussi à unifier l’armée sur des bases nationales. On retiendra aussi parmi les principales réalisations de son mandat : la libération du Sud, le rétablissement de la sécurité dans le pays et la préservation de la Constitution libanaise. Il aura été en somme un président de la République modèle, et le peuple pourrait fort bien réclamer son retour au pouvoir dans six ans. Émile KHOURY

Que faire pour éviter que les présidents de la République au Liban soient systématiquement tentés par un renouvellement de leur mandat ? Évidemment, la question est plus que jamais d’actualité dans la mesure où le pays est divisé aujourd’hui sur l’opportunité d’une reconduction du président Émile Lahoud.
Il s’agit plus précisément de trouver le mécanisme...