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Actualités - CHRONOLOGIE

Un scrutin qui présente une faille majeure au niveau de la présidence

Comme les bolides de Formule 1, le char de l’État est toujours perfectible. En fait, la marge de progression est immense dans ce pays. Mais s’il est difficile, pour le moment, de toucher au moteur, c’est-à-dire à la Constitution, il est possible de consolider la fiabilité en traitant des éléments d’appoint. Dans le sens d’une évolution vers une meilleure démocratie. L’actualité locale en offre un exemple frappant : le président d’une municipalité, qui en est l’âme politique, est désigné après la proclamation des résultats par les autres membres du conseil municipal. En bonne logique, l’importance de son rôle qui en fait l’équivalent d’un maire en France, implique qu’il soit élu au suffrage universel. Car, comme en France, il est de fait le premier responsable, le premier représentant de sa cité. C’est lui qui négocie, c’est lui qui traite avec le pouvoir central. Sans son accord, par exemple, aucun député, aucun ministre, aucun président ne peut déployer sa promotion professionnelle. En obtenant de parrainer une quelconque activité du syndicat d’initiative, un festival, une kermesse, une commémoration, un meeting. C’est surtout par son président qu’un politicien tient ou non une agglomération donnée. Les fédérations municipales, notamment, ne sont en pratique qu’une assemblée de présidents. Dès lors, plusieurs pôles réclament avec insistance que la tête d’une municipalité soit élue par le peuple et non désignée par les autres édiles. Cela, dans le cadre d’une refonte du code des municipalités, promise depuis longtemps, mais qui se fait toujours attendre. Dans la foulée de plusieurs figures de proue, l’on entend ainsi Walid Joumblatt soutenir, en substance, la nécessité d’un recours au suffrage universel. Notamment parce qu’à son avis, cela permettrait d’atténuer les frictions d’ordre familial, clanique, confessionnel ou sectaire au sein des agglomérations. En même temps, le leader progressiste enfonce le doigt dans la plaie : la proposition de démocratiser la procédure a été rejetée par la commission parlementaire de l’Administration et de la Justice. Pourquoi ? Parce que, explique Joumblatt, les députés, surtout dans les grandes villes, redoutent qu’un président de conseil municipal élu ne devienne trop fort, trop influent politiquement dans son foyer urbain, à leurs dépens. Pour Joumblatt, qui ricoche par là sur le problème aigu d’une vraie représentation populaire (problème constamment soulevé par Bkerké), la désignation d’un président de conseil municipal lui permettrait en fait d’assurer à sa collectivité propre une meilleure représentation. On peut, au passage, s’étonner d’une pareille remarque. Car elle attribue aux édiles, dans le fond, un rôle institutionnel politique qui déborde largement leur vocation fonctionnelle et administrative. Mais comme les députés, dans le système de parachutage actuel, ne sont pas tous représentatifs, ou ne s’intéressent même pas aux préoccupations de la population, il faut bien que quelqu’un le fasse à leur place. Cependant, le risque d’une réforme dans ce sens précis serait que l’on renonce à traiter directement le mal dont on se plaint. C’est-à-dire que l’on renonce à modifier, avant le code électoral municipal, la loi électorale des législatives, dont le changement est une nécessité qui saute aux yeux. Cette constatation amène certains opposants à soupçonner Joumblatt de vouloir une promotion du rôle de représentation municipale pour favoriser le maintien, à quelques nuances près, d’un système de législatives taillé à sa mesure. Et qui permet à ce chef de minorité de disposer de l’un des plus grands blocs parlementaires, place de l’Étoile. Mais en réalité, et à sa décharge, Joumblatt est parti en campagne pour une réforme de la loi électorale des législatives, en faveur de la représentation de proximité (petite circonscription ou caza) bien avant la campagne des municipales. Lui non plus n’admet pas les parachutages qui faussent la démocratie. En tout cas, pour les municipales et pour la toute prochaine édition, c’est trop tard : une fois de plus le président du conseil municipal sera désigné après le scrutin et non élu par le peuple. Il faut espérer, parallèlement, qu’il ne sera pas également trop tard, dans quelques petits mois, pour changer la loi inique des législatives par un code assaini. J.I.
Comme les bolides de Formule 1, le char de l’État est toujours perfectible. En fait, la marge de progression est immense dans ce pays. Mais s’il est difficile, pour le moment, de toucher au moteur, c’est-à-dire à la Constitution, il est possible de consolider la fiabilité en traitant des éléments d’appoint. Dans le sens d’une évolution vers une meilleure démocratie....