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Actualités - ANALYSE

Éclairage - Présidentielle : le président de la Chambre restera impartial jusqu’au 25 octobre Pour Nabih Berry, prudence est désormais mère de sûreté

En 1995, le locataire de Baabda, Élias Hraoui, avait « accepté » d’entamer, à la mi-octobre et à la demande du gouvernement présidé par Rafic Hariri et de plusieurs blocs parlementaires, la procédure visant à la prorogation pour trois ans de son mandat. Le président de la Chambre, Nabih Berry, avait alors convoqué les députés à se réunir pour voter le projet de loi visant à l’amendement de l’article 49. Il ne voulait pas, pourtant, entendre parler d’un amendement simple de l’alinéa 2 de l’article 49, sachant que les consultations parlementaires qu’il avait menées quelques mois plus tôt avaient fait état d’une majorité favorable au double amendement des alinéas 2 et 3 du même article. Lequel aurait permis la prorogation du mandat Hraoui ou l’élection à la première magistrature de l’État d’un fonctionnaire de première catégorie en exercice (en l’occurrence, le commandant en chef de l’armée, Émile Lahoud). En 2000, il serait fort improbable qu’en cas de velléité de prorogation, l’on assiste au même scénario. Fort improbable de voir le Premier ministre demander au chef de l’État, au nom du gouvernement, de signer avec lui un projet de loi visant à amender l’article 49 de la Constitution. Rafic Hariri a certes prouvé sa maestria dans l’ingestion de couleuvres, mais point trop n’en faut non plus. Reste donc, pour les décideurs damascènes, au cas où ils opteraient pour la reconduction, l’option Nabih Berry. Seul à même de trouver une échappatoire constitutionnelle pour que cet amendement se fasse en respectant les bancales et très rachitiques apparences d’un Liban souverain, indépendant et jouissant de sa libre décision. Et surtout qu’un changement de cabinet avant la fin novembre semble désormais carrément hors sujet. Il n’en reste pas moins que quel que soit le mot d’ordre syrien (ou américano-syrien), le n°2 de l’État aura un rôle prépondérant à jouer dans les quatre mois à venir. Les Syriens ont ainsi besoin de lui, mais il a également besoin d’eux, surtout après les affres plus ou moins épuisants pour lui des municipales, puis de l’incident de Hay el-Sellom, qu’« on » a voulu imputer à sa formation. Les points ont d’ailleurs été mis sur les « i » et les deals parachevés au cours, entre autres, du déjeuner de Chtaura, il y a une dizaine de jours. Agapes chiito-syriennes au lendemain desquelles Nabih Berry a abondé dans ses critiques à l’encontre du gouvernement (qui compte bon nombre de ses lieutenants) et de son chef, vers lequel pourtant l’emporte son cœur. Parce que, désormais, le président de la Chambre ne peut plus se permettre de soutenir Rafic Hariri comme il le faisait auparavant. Sa mission automnale – et il l’a évidemment acceptée – l’oblige à être équidistant de tous – voire même à ne pas lâcher le chef de l’État. Sans compter que les mots de Hussein Husseini – « Êtes-vous l’avocat du gouvernement ou le président de la Chambre ? » – doivent encore claquer à ses tympans. Neutre et impartial, Nabih Berry le sera : « Je ne me prononcerai pas sur la prorogation avant le 25 octobre », a-t-il dit hier à Melhem Karam (lire par ailleurs). Mais il devra manœuvrer avec toute l’intelligence politique qui est la sienne pour réussir à zigzaguer avec le moins d’éclaboussures possible dans l’impitoyable surenchère médiatique à laquelle se livrent désormais les anti et les pro-reconduction. L’opposition de l’Est politique, épaulée presque ouvertement par Koryatem, entend bien marteler au quotidien, jusqu’à l’extinction de voix, son refus de tout amendement de la Constitution à des fins personnelles. En face, les reconductionnistes – armés notamment de sondages menés par des instituts aux méthodes de travail inconnues – insistent sur la popularité de l’actuel locataire de Baabda, sur l’ensemble de ses réalisations et la qualité de son bilan. Et au milieu, Nabih Berry, en équilibriste, qui s’emploie, bon gré, mal gré, à faire oublier ce sujet pour au moins les trois mois à venir : « Aucun débat sur l’amendement de l’article 49 ne se fera avant octobre », a-t-il insisté, hier. Quant à un éventuel package d’amendements constitutionnels – la terreur du locataire de Aïn el-Tiné et des sunnites réunis, pour des motifs bien entendus différents –, « il est catégoriquement inenvisageable ». Cela doit sans doute faire partie de l’accord made in Chtaura. En un mot comme en cent donc, l’homme qui tient les rênes du jeu et des apparences constitutionnels semble avoir décidé de ne pas dévier d’un pouce de son nouveau credo : prudence est mère de sûreté. Ce qui n’est pas nécessairement une mauvaise chose... du moins pour certains. Ziyad MAKHOUL

En 1995, le locataire de Baabda, Élias Hraoui, avait « accepté » d’entamer, à la mi-octobre et à la demande du gouvernement présidé par Rafic Hariri et de plusieurs blocs parlementaires, la procédure visant à la prorogation pour trois ans de son mandat. Le président de la Chambre, Nabih Berry, avait alors convoqué les députés à se réunir pour voter le projet de loi...