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Actualités - CHRONOLOGIE

COMMUNAUTÉS - Une délégation de l’Ordre des journalistes à Bkerké Sfeir : « Certaines personnes se sentent marginalisées alors que d’autres considèrent le pays comme leur propriété »

Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a renouvelé hier son appel à la réalisation de la réconciliation nationale : « Avec la réconciliation, tous les Libanais sentiront que ce pays est le leur et qu’ils n’ont pas besoin d’aller ailleurs. Mais jusqu’à maintenant, certaines personnes sentent qu’elles sont marginalisées alors que d’autres croient que le pays est le leur et qu’ils peuvent faire tous ce qu’ils veulent. » Le patriarche a tenu ces propos devant une délégation de l’Ordre des journalistes, conduite par M. Melhem Karam, et venue lui exprimer ses vœux à l’occasion des fêtes pascales. C’est M. Karam qui devait plus tard rapporter à la presse le point de vue exprimé par Mgr Sfeir lors de l’entretien. Le chef de l’Église maronite devait relever les plaintes sur les atteintes à la liberté dans le pays, en constatant toutefois en substance que la situation au Liban aurait bien pu être pire, surtout si on la compare à celle qui prévaut dans les pays voisins. Prié d’expliciter ce qu’il a voulu dire la veille, lorsqu’il a déclaré, devant les manifestants FL à Bkerké, qu’il ne modifie pas ses positions en fonction des changements de situation, Mgr Sfeir a adopté une attitude plus nuancée que la veille en affirmant que les changements de situation justifient parfois une modification des positions. Ce qui est cependant faux pour lui, c’est d’adopter de nouvelles positions sans que cela ne soit justifié. Il n’a pas voulu se prononcer au sujet d’un éventuel renouvellement du mandat du chef de l’État, se contentant d’indiquer que tous les présidents libanais ont tenté d’obtenir une reconduction de leur mandat. Pour ce qui est de l’échéance municipale, Mgr Sfeir a exprimé le souhait qu’elle se déroule dans un climat d’entente, relevant que les rivaux dans certaines localités sont en train de se rencontrer. Pour lui, de telles alliances sont indispensables, parce qu’elles favorisent le développement des villages. « Nous aurions souhaité que l’État fournisse un effort pour assurer le retour des Libanais (déplacés) dans leurs localités », a-t-il déclaré, affirmant que la vie dans un village réduit de moitié les dépenses. Un sentiment d’appartenance Il a insisté à plusieurs reprises sur ce point, en faisant remarquer que tous les efforts de développement se concentrent à Beyrouth, « comme s’il n’y avait que la capitale au Liban, ce qui est faux ». « Il faut qu’il y ait un projet global de développement. La réconciliation implique que tous les Libanais doivent avoir le sentiment d’appartenir à ce pays et qu’ils ne doivent pas aller s’installer ailleurs. Mais jusqu’à maintenant, certaines personnes sentent qu’elles sont marginalisées, qu’elles n’ont pas d’opinions alors que d’autres sentent que le pays est le leur et qu’elles peuvent y faire ce qu’elles veulent », a déploré le patriarche. Pour lui, l’émigration des jeunes a deux raisons, économique et politique. « Lorsqu’une partie des jeunes sent que des pressions politiques sont exercées sur elle, elle a le sentiment que son horizon est bouché. C’est ce qui les pousse à se rendre dans un autre pays où ils peuvent trouver ce qui les aide à réaliser leurs ambitions. » Prié de dire s’il a tenté de rapprocher les vues entre les chefs de l’État et du gouvernement, lors des deux entretiens qu’il a eus avec eux à Bkerké, la semaine dernière, Mgr Sfeir a répondu : « Je n’ai pas de réponse à cette question. » « Il semble que les mentalités sont très différentes », a-t-il renchéri, précisant qu’il a débattu de questions générales avec le président Émile Lahoud, puis avec M. Rafic Hariri. « Et je pense que certaines peuvent être réglées, d’autres pas. C’est ce que nous pouvons dire à propos du président de la République, lorsque nous l’avons rencontré », a-t-il ajouté, sans davantage de précisions. En réponse à une autre question, le chef de l’Église maronite a plaidé en faveur du rétablissement de la souveraineté libanaise : « Nous avons obtenu notre indépendance à un moment où la Ligue arabe ne comprenait que six États membres, contre 22 aujourd’hui, et où les Nations unies n’étaient composées que de 50 États membres, contre 192 aujourd’hui. Pourquoi faut-il que tous ces pays aient leur indépendance, leur souveraineté et leur liberté de décision et pas nous ? Le cours des événements, qu’il s’agisse d’élections ou d’autres, montre aujourd’hui que nous ne détenons pas le pouvoir de décision. Nous ne pouvons même pas demander des comptes à ceux que nous sommes normalement censés relancer parmi les personnes qui nous représentent », a-t-il fait valoir. Il s’est de nouveau prononcé contre l’implantation des Palestiniens au Liban. « Si certains pays ont une importante surface et peuvent accueillir les réfugiés, ce n’est pas le cas du Liban, qui est un petit pays avec une importante densité démographique et dont la population, chrétienne et musulmane, est en train d’émigrer. Une implantation des Palestiniens modifiera assurément le visage du Liban, tôt ou tard. Certains affirment que le discours du président (américain George) Bush ne va pas dans le sens d’une implantation et que ce qu’il a voulu dire, c’est que les Palestiniens et les Israéliens doivent coexister. Mais il est apparu que l’État qu’ils veulent accorder aux Palestiniens est trop petit pour pouvoir accueillir tout le monde », a fait remarquer le patriarche.
Le patriarche maronite, le cardinal Nasrallah Sfeir, a renouvelé hier son appel à la réalisation de la réconciliation nationale : « Avec la réconciliation, tous les Libanais sentiront que ce pays est le leur et qu’ils n’ont pas besoin d’aller ailleurs. Mais jusqu’à maintenant, certaines personnes sentent qu’elles sont marginalisées alors que d’autres croient que le...