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Actualités - RENCONTRE

Rencontre - Dans le cadre de la rétrospective qui lui est consacrée à l’Empire Sofil, le réalisateur est venu présenter son dernier film « Après vous » : Comment s’aider à vivre, selon Pierre Salvadori

Comédie sentimentale aussi douce qu’amère, le cinquième long-métrage de Pierre Salvadori use du désespoir comme ressort de comédie et présente les sujets de prédilection du cinéaste : l’humanité et la beauté qui ressortent d’une amitié entre deux hommes. Si le point de départ semble invraisemblable et extrême- un soir, Antoine (Daniel Auteuil) sauve Louis (José Garcia) du suicide. L’ayant ramené à la réalité douloureuse de sa vie, Antoine culpabilise, le prend sous son aile et tente d’améliorer autant que possible son existence, il permet néanmoins au film d’acquérir une large palette de thèmes, de situations comiques et de sentiments. Très complet, Après vous rassemble tous les éléments d’une comédie (rebondissements, quiproquos, retournements de situation) tout en étant empreint d’une grande humanité. Humanité, car ambiguïté Si la forme est gaie, le fond, à l’image des personnages, est grave. Pour résumer la situation d’Antoine, « les mots qui revenaient souvent quand nous écrivions (Pierre Salvadori et Benoît Graffin) étaient “troubles et principes”. D’un côté le principe : il aide Louis, il le reconstruit, le répare, et de l’autre côté le trouble, c’est-à-dire sa part d’humanité fragile puisqu’il tombe amoureux de Blanche (l’objet d’affection de son protégé). C’est ce genre de combat-là qui est intéressant pour un personnage ». Par son acte généreux, Antoine améliore paradoxalement sa vie. Le malheur de l’autre fait justement son bonheur. Aider son prochain lui permet indirectement de s’éloigner d’une vie et d’une femme qui ne lui convenaient pas. Autre thème cher au réalisateur et qui rend son personnage (Antoine) d’autant plus attachant, celui de la gratuité : « J’avais envie de parler du geste gratuit et non de l’acte gratuit. C’est souvent dans le territoire assez émouvant et incroyable de l’amitié que l’on peut trouver cela. Le geste gratuit est intéressant car il nous élève, il donne un sens incroyable à la vie, il la transforme, la poétise. Ne reste qu’un geste au nom d’une idée, de la vie, de l’homme. » Malgré leurs gestes nobles et sincères, les héros de Salvadori ne sont pas pour autant des saints. Loin d’être caricaturés, ils représentent simplement le commun des mortels. Cela les rend ainsi crédibles, donc plus accessibles et plus proches des spectateurs. Mystère et poésie La poésie réside essentiellement dans le personnage féminin (Blanche) interprété par Sandrine Kiberlain. Personnage secondaire certes, mais pilier de l’histoire puisqu’il est la cause de la tentative de suicide de Louis, Blanche se présente comme un être un peu décalé, un peu secret. Ses apparitions, plus rares, la rendent poétique et secrète. Tout comme Antoine, le spectateur la découvre pour la première fois en ombre chinoise. De ce fait, « l’histoire d’amour est présentée avec un peu de suspense, presque comme un polar ». Mais si Blanche est poétisée, sa solitude, propre à tous, la ramène au statut d’humain. Transmettant magnifiquement bien la confusion, la maladresse, le désespoir et l’humour, les acteurs défendent, jamais dans l’excès mais toujours dans la nuance, le scénario très bien écrit de Pierre Salvadori et Benoît Graffin. Les répliques font mouche et les situations extrêmes entraînent des moments comiques, en aucun cas exagérés. Le rire n’est jamais gras. Au contraire, il est vrai puisqu’il est puisé dans la réalité/cruauté de la vie, dans une amitié sincère et des faiblesses communes à tous. Malgré quelques passages à vide, aisément pardonnables, Après vous tire une révérence, mêlant bons mots, personnages attachants, situations comiques et émotions tendres mais graves (sortie prévue le 22 avril 2004). Dyma DEMIRDJIAN Rétrospective à l’Empire Sofil jusqu’au 21 avril : Les apprentis, ce soir à 22h ; Comme elle respire, demain, 20 avril à 22h ; Les marchands de sable, le 21 avril à 22h.
Comédie sentimentale aussi douce qu’amère, le cinquième long-métrage de Pierre Salvadori use du désespoir comme ressort de comédie et présente les sujets de prédilection du cinéaste : l’humanité et la beauté qui ressortent d’une amitié entre deux hommes. Si le point de départ semble invraisemblable et extrême- un soir, Antoine (Daniel Auteuil) sauve Louis (José...