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Actualités - RENCONTRE

RENCONTRE - Sebouh Hovnanian dresse, pour « L’Orient -Le Jour », le bilan de son action « C’est au ministère que revient le dernier mot concernant le sport au Liban »

En octobre 2000, un ministère de la Jeunesse et des Sports voyait le jour pour la première fois au Liban. C’est à Sebouh Hovnanian, jeune élu du Tachnag, qu’échut la lourde responsabilité de restructurer le sport dans notre pays. Relevant les manches, Hovanian s’attelait avec enthousiasme à la lourde tâche qui lui tendait les mains. L’Orient-Le Jour a rencontré le ministre qui dresse pour notre journal un édifiant état des lieux. Des clubs fantômes, au budget dérisoire alloué à son ministère, en passant par les relations tendues avec le Comité olympique libanais et le dopage, Hovnanian expose les problèmes rencontrés au cours de sa longue campagne d’assainissement du sport local. L’Orient-Le Jour : Après plus de trois ans à la tête du ministère de la Jeunesse et des Sports, quels sont les obstacles que vous avez dû affronter et quel bilan pouvez-vous dresser ? Sebouh Hovnanian : Le premier problème auquel nous avons été confrontés est l’absence de toute structure humaine et matérielle nécessaire au bon fonctionnement d’un ministère ou d’une administration. Jusqu’à ce jour, l’organigramme du ministère de la Jeunesse et des Sports n’a toujours pas vu le jour. Réalisant l’importance que ce ministère doit accorder aux jeunes et aux nombreux dossiers et projets les concernant, j’ai présenté au départ un projet de loi comprenant deux directions générales : l’une pour les sports, l’autre pour la jeunesse. Malheureusement, les restrictions budgétaires ont empêché ce projet de voir le jour et j’ai dû amèrement me contenter d’un second projet actuellement en phase d’approbation à la commission parlementaire de la Jeunesse et des Sports, prévoyant une seule direction générale pour les deux départements. Ce projet de loi devrait être, je l’espère, définitivement approuvé par le Parlement d’ici à un mois, ce qui nous permettra d’embaucher de jeunes cadres compétents pour combler les postes vacants. O.J : Quels sont les dossiers les plus importants au niveau de la coopération internationale que vous avez pu activer ? À notre arrivée au ministère, nous avons trouvé deux dossiers délaissés : celui de la Confejes (Conférence permanente des ministres de la Jeunesse et des Sports des pays francophones) et celui de l’Euromed Jeunesse. La Confejes s’occupe, dans son volet sportif, de la formation de techniciens et d’entraîneurs ainsi que des stages de perfectionnement pour les jeunes espoirs sportifs. Dans son volet jeunesse, la Confejes développe le FIJ (Fonds d’insertion des jeunes), des prêts pour des microentreprises qui aident les jeunes à démarrer, ainsi que des programmes de formation continue pour les cadres des associations des jeunes. Deux mois après notre prise en charge du ministère, une « ministérielle » de la Confejes s’est tenue au Caire avec la participation de 45 pays. À cette occasion, le Liban a été désigné pour organiser « la ministérielle » de 2003. Cette réunion des ministres de la Jeunesse et des Sports des pays francophones a été un grand succès et à cette occasion, le Liban s’est vu accorder l’organisation des Jeux de la francophonie de 2009, une compétition sportive et culturelle qui regroupe 54 pays. De plus, le Liban assume depuis 2003 la présidence de la Confejes. En 2005, la France va prendre la présidence de cet organisme, mais le Liban conservera le poste de vice-président. L’Euromed Jeunesse est, quant à lui, un programme de coopération dans le domaine de la jeunesse entre les pays du Nord et ceux du Sud du bassin méditerranéen. Il consiste à aider et à financer des séminaires et des stages qui couvrent les échanges de jeunes dans les pays de l’Euromed. Vu le manque d’effectifs compétents, ces programmes n’ont pu être mis sur pied que grâce à l’aide de bénévoles. Toujours dans le domaine international, nous avons mis sur pied des protocoles de coopération avec la France, l’Allemagne, l’Italie et la Suisse. Des contacts sont en cours pour de nouveaux protocoles avec le gouvernement du Québec, la Grande-Bretagne et la Corée du Sud. En prenant en main la responsabilité de ce département, j’ai eu la mauvaise surprise de découvrir que la grande majorité des associations sportives étaient des clubs fantômes ayant engendré une hiérarchie sportive faussée. J’ai dû faire appel à la Direction générale des statistiques qui relève de la présidence du Conseil pour nous dresser un état des lieux. À ce jour, on a pu éliminer 60 % de ces clubs. Enfin, nous allons organiser en 2005 les « Pan-Lebanese Games », des jeux omnisports regroupant les sportifs libanais et les sportifs émigrés d’origine libanaise. Les contacts ont déjà été établis avec plusieurs pays, entre autres l’Australie, la Suède, le Canada, le Brésil, plusieurs pays africains et de nombreux états des États-Unis. Des contacts sont en cours pour organiser en parallèle un regroupement des jeunes d’origine libanaise afin de leur permettre de mieux se connaître et de redécouvrir leur terre d’origine. O.J. : Comment se déroulent les préparatifs pour les Jeux de la francophonie qui vont avoir lieu au Liban en 2009 ? S.H. : Le Niger accueillera en 2005 ces Jeux. Il y a quatre ans, ce pays n’avait aucune infrastructure sportive. Il a fallu tout construire. Par contre, au Liban, nous n’avons pas de soucis à nous faire sur ce point. Le pays est déjà doté de presque toutes les infrastructures pour leur organisation. Ce qui manque en fait, c’est un laboratoire spécialisé dans le dépistage du dopage. Dans le cadre de la coopération francophone, les pays du Nord contribuent financièrement à l’organisation de ces Jeux, donc ces pays peuvent nous aider à nous doter d’un laboratoire ultramoderne. Les locaux pouvant accueillir un tel laboratoire sont disponibles dans le nouvel hôpital gouvernemental de Beyrouth. Une contribution plus généreuse des pays du Nord nous permettra de réaliser un village olympique. Dans un mois, un comité sera désigné pour s’occuper de tous les détails relatifs à ces Jeux. O.J. : Où en sommes-nous de la lutte antidopage au Liban ? S.H. : Nous sommes très concernés par le problème du dopage. Nous avons été parmi les premiers pays à signer la convention de la Wada – Agence mondiale antidopage – lors de la conférence de Copenhague. Nous sommes en train de travailler sur un projet de loi sur le dopage au Liban. Le dopage existe dans notre pays et on ne peut être complaisant sur ce point. O.J. : Parlez-nous du budget alloué à votre ministère ? S.H. : En 2001, l’État avait fixé un budget minime, 10 milliards de livres libanaises. Ils nous avaient dit à l’époque « allez-y l’année prochaine le budget sera nettement supérieur ». Or en 2002, le budget a été revu à la baisse. De 10 milliards, on est tombé à 3, ce qui n’est même pas le budget d’une grande fédération. Il a fallu batailler ferme pour revenir à 9,5 milliards cette année. Mais ceci reste insuffisant. O.J. : Vous avez entamé une vaste politique d’assainissement dans le sport libanais. Toutefois, des problèmes subsistent toujours au sein de différentes fédérations, comme celles du judo et du tir... S.H. : Concernant le judo, c’est terminé. La fédération reconnue par le ministère fonctionne à plein régime. Le Comité olympique libanais avait reconnu une autre fédération, ce qui n’est pas dans ses prérogatives. Les règlements sont clairs, c’est le ministère qui reconnaît les fédérations comme cela se passe dans tous les pays du monde. Actuellement, les clubs qui étaient réticents à collaborer avec la fédération sont en train de rectifier le tir. Concernant le tir, les prochaines élections opposent des clubs divisés en clans. Dès que j’ai senti qu’il peut y avoir des problèmes de nature à avoir un impact négatif sur ce sport, j’ai pris la décision de parler avec tous les présidents de club pour les inciter à collaborer ensemble afin de dégager une fédération unie. Nos jeunes qui pratiquent ce sport sont parmi les meilleurs dans la région, et le Liban peut, grâce à cette discipline, gagner de nombreuses médailles dans les différentes compétitions régionales, asiatiques ou autres... En aucun cas je n’admettrai des scissions au sein de cette fédération qui entraîneraient des répercussions négatives sur la progression de ce sport au Liban. O.J. : Où en est le différend entre le ministère et le Comité olympique libanais. Est-ce la fin de la crise ou s’agit-il plutôt du calme qui précède la tempête ? S.H. : Selon la Charte olympique, le rôle de tout Comité olympique national est bien défini. Il s’agit de préparer et d’organiser les délégations pour les Jeux olympiques et les Jeux continentaux ou régionaux, qui ont le label du Comité international olympique et de préparer les athlètes de haut niveau en coordination avec les fédérations agréées par les autorités compétentes du pays. Quant au ministère de la Jeunesse et des Sports, il est la seule autorité légale pouvant agréer les fédérations sportives et les associations de jeunesse et pouvant leur donner le pouvoir de gérer les disciplines sportives et les activités de jeunesse. De ce fait, ce ministère a un droit de regard direct sur le mode de leur fonctionnement. Partant de ces deux réalités, si chacun reconnaît ses prérogatives, les différends n’ont plus lieu d’exister. Les grands changements qui ont eu lieu récemment au sein des fédérations sont très importants car celles-ci sont devenues plus actives et plus représentatives et ont permis un changement dans la base du Comité olympique libanais lors de ses dernières élections partielles. O.J. : L’Algérie accueille les Jeux panarabes en septembre. Sur quels critères les athlètes vont-ils être sélectionnés ? Risque-t-on de se retrouver encore avec une délégation regroupant plus de dirigeants que de sportifs ? S.H. : Tant que je serai en charge de ce ministère, il y aura plus de sportifs que de dirigeants. Fédération par fédération, on va voir qui peut obtenir des résultats en Algérie. Notre but n’est pas d’envoyer une délégation nombreuse, mais uniquement d’être bien représentés. Seules les personnes compétentes seront du voyage. O.J. : Finalement à qui reviennent les décisions finales en ce qui concerne le sport au Liban ? S.H. : Au ministère de la Jeunesse et des Sports. O.J. : Comment sont vos relations avec Ibrahim Menassa ? S.H. : Ibrahim Menassa est mon directeur de cabinet. Je peux vous tranquilliser que tant que je suis ministre, il sera à mes côtés. O.J. : Quelle est la nature de vos relations avec Émile Émile Lahoud ? S.H. : J’entretiens de très bonnes relations avec lui, tant sur le plan personnel que sportif. Il y a une concordance parfaite. En tant que président de la commission sportive parlementaire, il nous aide énormément. D’ailleurs sans lui, la loi qui nous concerne aurait pu rester des années dans les tiroirs. O.J. : Comment envisagez-vous la création d’une Fédération scolaire au Liban ? S.H. : En règle générale, il faut aller chercher les sportifs chez les jeunes, plus précisément dans les écoles. Malheureusement, nous n’avons pas jusqu’à présent de Fédération scolaire. Mais ceci ne relève pas uniquement de notre ministère. Le Conseil des ministres avait étudié un projet de loi il y a deux ans et demi. Avec le ministre Mrad, on n’avait pas pu trouver une formule satisfaisante. J’espère qu’avec le ministre Jisr, il en sera autrement. Le ministère de l’Éducation a un grand rôle à jouer dans ce domaine. Nous sommes en train de préparer conjointement avec ce ministère un nouveau projet à ce sujet. Ceci est d’une extrême importance. J’ajouterai qu’il y a trois ans, les hommes politiques et même les médias n’accordaient pas une grande importance au sport local. Mais maintenant, les choses ont changé. L’amélioration s’observe un peu partout. Propos recueillis par Makram HADDAD
En octobre 2000, un ministère de la Jeunesse et des Sports voyait le jour pour la première fois au Liban. C’est à Sebouh Hovnanian, jeune élu du Tachnag, qu’échut la lourde responsabilité de restructurer le sport dans notre pays. Relevant les manches, Hovanian s’attelait avec enthousiasme à la lourde tâche qui lui tendait les mains. L’Orient-Le Jour a rencontré le ministre qui...