Rechercher
Rechercher

Actualités - OPINION

Finances - Siniora attribue l’impasse aux tiraillements politiques Le budget, une bien triste histoire de surenchères…

C’est lamentable. Et même Siniora se lamente. C’est la deuxième fois, en fait, que l’on entend dans ce pays le responsable d’un projet de loi s’en plaindre ouvertement, après l’avoir signé. Le précédent précédent, c’était Sélim Hoss et la loi électorale de l’an 2000. Aujourd’hui, c’est le ministre des Finances et le budget de l’an 2004. Il répète devant ses visiteurs qu’il n’est pas du tout content. Parce qu’on est loin du dispositif qu’il aurait fallu établir pour assainir un peu les finances publiques et entamer le redressement économique. Siniora se dit ulcéré des blocages qui l’empêchent de tenir les promesse faites en 2003. Il avait en effet affirmé alors, en présentant un projet de budget d’un déficit de 25 %, que l’on allait équilibrer la balance, progressivement, pour atteindre le niveau déficit zéro en 2006. Or, c’est le contraire qui s’est produit : le budget de l’an dernier a largement crevé le seuil qui lui était fixé. Et l’actuel, n’en parlons pas, est encore pire, puisqu’il semble voué à plus de 50% de carence en fin de compte… Siniora signale que les raisons de la régression sont multiples. En tête, il place l’inexistence d’une décision de pouvoir à cause des tiraillements politiques. Dès lors, tout le monde est à ses yeux responsable. Notamment de la non-réalisation des réformes promises dans le cadre de Paris II. Il répète que des dossiers éminemment économiques ou financiers ont été politisés, empoisonnés par les luttes d’influence. Ce qui a abouti au résultat suivant : le Conseil des ministres n’a tenu aucun compte de l’alternative présentée par le ministre des Finances. À savoir, un projet à 27 % de déficit et un autre à 31 %, selon qu’il y ait ou non exécution du programme de privatisations et de titrisations. L’Exécutif a cru bon, par surenchères démagos, d’augmenter les dépenses, aggravant de la sorte le déficit. Il a opposé une fin de non-recevoir à la demande du ministre de supprimer les crédits alloués aux parlementaires dans le cadre du ministère des Travaux publics, qui sont de l’ordre de cent milliards de livres ; et, pire encore, il a rejeté l’idée de supprimer ces pompes à prébendes ou à profits que sont divers conseils ou caisses, comme le Conseil du Sud. Sans crainte de se contredire et de nuire au pays, les instances ou les pôles concernés, tout en soulignant la gravité de la situation économique du pays, n’ont agi que pour l’aggraver. Sans même prendre la peine d’étudier les propositions de traitement ou de solutions avancées par les Finances. Dans ces conditions, et bien évidemment, les pays donateurs qui ont participé à Paris II ne sont plus disposés à aider. Ils remarquent en effet que le Liban n’a pas su saisir la chance qui lui était offerte d’opérer son redressement. Désormais, donc, l’organisation d’un Paris III tient du simple mirage. Et les contributeurs se lavent les mains du cas libanais, qui leur semble désespérément suicidaire. Sur un plan concret, Siniora affirme que les traitements classiques, techniques ne peuvent pas marcher tant que la décision politique reste inexistante. Pour lui, c’est un point essentiel qui conditionne tout espoir de sauvetage. Ce qui signifie en clair que les frictions entre les dirigeants empêchent l’État de fonctionner normalement. Et de prendre les mesures qui s’imposent pour commencer à redresser la barre sur le plan économique. Mais, se voulant objectif, Siniora considère que le renflouement est toujours possible. Pour peu qu’on dépolitise les dossiers et que l’on prenne des dispositions courageuses. Un avis plutôt optimiste que ne partage pas une autre personnalité spécialisée. Qui relève, en substance, que pour le moment, rien ne permet de penser que le Liban va pouvoir échapper de sitôt à l’étreinte asphyxiante des rivalités politiques au plus haut niveau. Et, qu’au contraire, on semble s’acheminer vers une période encore plus tendue, au fur et à mesure que l’on se rapproche de la présidentielle, ce grand enjeu. Pour cette source, plus on parle de réformes et moins on en fait. Le seul vrai jeu restant de rejeter la responsabilité sur autrui. Tandis que la dette publique continue à s’accumuler d’une manière catastrophique, en se trouvant aggravée par les palliatifs que le pouvoir administre, ici ou là, afin de résorber la grogne populaire. Philippe ABI-AKL
C’est lamentable. Et même Siniora se lamente. C’est la deuxième fois, en fait, que l’on entend dans ce pays le responsable d’un projet de loi s’en plaindre ouvertement, après l’avoir signé. Le précédent précédent, c’était Sélim Hoss et la loi électorale de l’an 2000. Aujourd’hui, c’est le ministre des Finances et le budget de l’an 2004. Il répète...