Parlement - Le président de la Chambre ouvre le feu sur le cabinet Berry : Le véritable handicapé, c’est le gouvernement

Le président du Parlement, Nabih Berry, s’est déchaïné hier contre le gouvernement, l’accusant de ne pas faire appliquer les lois votées par la Chambre et estimant, devant une délégation de personnes handicapées, que « le véritable handicap » se trouve au sein du cabinet. Comme chaque mercredi, M. Berry s’est rendu en matinée à Baabda pour y rencontrer le président de la République, Émile Lahoud. Les discussions ont porté sur la situation générale dans le pays et les développements régionaux. À sa sortie du palais présidentiel, le chef du Législatif s’est abstenu de tout commentaire critique à l’égard du gouvernement, indiquant simplement avoir examiné avec le chef de l’État les questions à l’ordre du jour des séances du Conseil des ministres d’hier et d’aujourd’hui. M. Berry s’est même autorisé un commentaire positif à cet égard, affirmant croire que « le climat est positif » pour ce qui est des décisions à prendre concernant les deux thèmes principaux de l’heure, le swap et l’électricité. C’est à son retour « chez lui », c’est-à-dire au siège du Parlement, que M. Berry allait changer radicalement de ton. D’abord en rencontrant une délégation d’associations de personnes handicapées qui manifestaient place de l’Étoile contre la non-application des lois censées favoriser leur intégration au sein de la société (voir par ailleurs). « Vous n’êtes pas les véritables handicapés. Votre handicap à vous est un honneur pour nous car ce qui a été obtenu était le fruit de votre libération et de vos efforts », a déclaré M. Berry devant la délégation. « Le véritable handicap, c’est au gouvernement qu’il se trouve, et c’est un handicap dont nous ne tirons aucune fierté », a-t-il ajouté, promettant de saisir l’occasion la plus proche pour susciter des interpellations à l’adresse du gouvernement autour des revendications des handicapés. « Hélas ! ce gouvernement a pris l’habitude de manœuvrer dans tous les sens pour éviter d’appliquer les lois », a-t-il dit. Ensuite, M. Berry devait garder le même ton devant les députés qu’il a rencontrés, exprimant son mécontentement à l’égard de la situation globale dans le pays et déplorant plus spécifiquement l’absence d’application des lois. « À quoi bon parler de l’ouverture d’une session extraordinaire tant que les lois ne sont pas appliquées ? » s’est-il interrogé. Le président de la Chambre a laissé aussi éclater sa colère au sujet de la situation de l’électricité dans le pays. Selon lui, « le tiers de la dette publique ayant bénéficié à l’électricité, on ne comprend pas pourquoi la crise se poursuit dans ce secteur et pourquoi tout ce désastre ». Enfin, sur un tout autre plan, M. Berry a rencontré lors d’un déjeuner dans la banlieue sud de Beyrouth l’uléma chiite Mohammed Hussein Fadlallah. Cette rencontre a été jugée importante sur le plan des relations interchiites dans la mesure où il s’agit de la première entre les deux hommes depuis de longues années.