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Actualités - REPORTAGE

GROS PLAN - Une réponse artistique à la production en usine Des meubles d’art et d’essai au musée Renwick

WASHINGTON-Irène MOSALLI Les fauteuils qui vous tendent actuellement les bras à la Renwick Gallery à Washington sont plus qu’une simple invite au confort. De même que les tables et les bureaux installés dans cet espace. Chaque pièce est un modèle unique et toutes relèvent de la belle ouvrage. Elles sont faites main par de célèbres artistes et constituent une exposition intitulée « Chez soi : meubles du studio américain ». En effet, ces pièces, une cinquantaine, ont été exécutées dans les studios de leurs créateurs et non dans des usines de production massive. Elles relèvent plus d’une vision conceptuelle du design que de son aspect fonctionnel. C’est après la Seconde Guerre mondiale que des artistes ont établi des studios de réalisation de meubles, en réaction à la fabrication en chaîne qui s’était notamment lancée dans le style moderne et le style colonial. Ils avaient en partage une même philosophie: le respect du bois, en particulier l’acajou, le noyer et le bois de rose. La texture du matériau leur servait d’élément décoratif. Et le meuble prenait des allures de sculpture. Il pouvait être ou ne pas être utilitaire. Ces innovateurs avaient notamment pour noms Sam Maalouf (d’origine libanaise, que nous avions présenté dans cette page et qui avait réalisé la célèbre chaise à bascule de John F. Kennedy), Wendell Castle, Wharton Esherick et Georges Nakashima. Cette tendance s’est poursuivie avec d’autres artistes qui, entre 1970 et 1990, avaient opté pour des cours de design dans des instituts spécialisés au lieu de s’en tenir, comme leurs aînés, au seul programme d’apprentissage. Devenu source de créativité, le design a donné lieu à diverses tendances: un nouveau classicisme privilégiant la pureté des formes, l’inspiration scandinave aux lignes simples et inspirées de la nature, la primauté de la couleur et du métal en place du bois traditionnel et le mobilier fait sculpture. Mieux que les chaises de Ionesco Incontestablement, les auteurs de ces labels sont bien dans leurs meubles. Comme le sont les personnes qui se plaisent à sortir des sentiers battus pour enrichir leurs intérieurs d’une note mêlant l’art à l’inattendu et parfois à l’ironie. Exemple «Le bureau de la bureaucratie», une table de travail sciemment non fonctionnelle pour dire l’inefficacité des clercs. Réalisé néanmoins dans du bel acajou, il laisse peu de place à l’espace écriture et comporte une multitude de petits tiroirs, dont certains secrets, fait chacun pour un seul dossier. Pour dire la complexité du processus des formalités. Cette pièce est inspirée du cabinet des curiosités, en vogue dans l’Europe des XVIe et XVIIe siècles. Il y a aussi «Le bureau-secrétaire» avec un tiroir en verre installé sur toute sa longueur: pour être mieux contrôlé par le patron. Le fameux «Bureau cylindrique» des années 20 est présent, sans connotation humoristique cette fois. Puis retour à la fantaisie avec de petites tables assemblées en escabeau de bibliothèque et surmontées de plusieurs miroirs dont l’un placé sur un dictionnaire. Ici, le message est féminin et féministe. Ce meuble sert à se refaire une beauté et une culture. Les chaises? C’est mieux que Ionesco. Elles sont droites, mais en bronze, couchées comme un hamac en bois, à bascule, et à deux places, et banquettes. Une des vedettes est celle inclinée qui pourrait être la chaise du pêcheur. Faite en morceaux de bois croisés, elle est occupée par un poisson attaché par des cordages. Arrêt obligé sur la chaise «Oops», qui essaie de rattraper la balle-support échappée de l’un de ses pieds. Au total, des sièges délirant mais bien étudiés pour procurer un bien-être. Dans ce chez-soi pas comme celui de tout le monde, le temps s’écoule également d’une manière peu conventionnelle. Dans cet environnement d’art, d’essai et de métaphore, les heures sont marquées par une horloge fantôme: elle est recouverte d’un drapé en bois blanc.
WASHINGTON-Irène MOSALLI

Les fauteuils qui vous tendent actuellement les bras à la Renwick Gallery à Washington sont plus qu’une simple invite au confort. De même que les tables et les bureaux installés dans cet espace. Chaque pièce est un modèle unique et toutes relèvent de la belle ouvrage. Elles sont faites main par de célèbres artistes et constituent une exposition intitulée...