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Actualités - CHRONOLOGIE

L’ayatollah Sistani, plus que jamais incontournable

Le grand ayatollah Ali Sistani, dont les réserves ont amené les dirigeants chiites à rejeter la Constitution provisoire favorisant à leurs yeux les Kurdes, confirme son statut de chef politico-religieux incontournable en Irak. Les principaux membres chiites du Conseil de gouvernement transitoire ou leurs représentants se sont précipités samedi à Najaf, le centre spirituel des chiites dans le centre de l’Irak, pour rencontrer le grand ayatollah reclus, qui ne quitte presque jamais sa résidence. Ils se sont résolus à parler avec lui à travers son fils et bras droit, Mohammed Rida Sistani, qui a fait la navette entre eux et son père. Dans un retournement de situation inattendu vendredi, plusieurs des membres chiites de l’Exécutif ont contesté l’un des articles du texte fondamental provisoire, donnant aux Kurdes la possibilité de bloquer la future Constitution permanente. Pourtant, cinq jours plus tôt, ces mêmes dirigeants avaient approuvé le texte. Fidèle à sa tradition de prudence et de retenue, le grand ayatollah, âgé de 73 ans, ne s’était pas exprimé directement sur ce texte. Mais, depuis lundi, ses représentants n’ont pas ménagé leurs critiques à l’encontre de la Constitution provisoire. Au moment même où les membres chiites de l’Exécutif bloquaient la cérémonie de signature du document à Bagdad vendredi, l’un des membres du bureau du plus prestigieux des ayatollahs d’Irak soulignait que « le texte ne sert pas les intérêts du peuple irakien mais uniquement des Kurdes qui disposent de la majorité et sont bien organisés dans leurs (trois) provinces ». « Sayyed Sistani n’a pas encore publié de déclaration officielle sur le sujet, car il attend des détails », avait déclaré cet assistant de l’ayatollah, sous le couvert de l’anonymat. De son côté, Abdel Mahdi Kerbalaï, représentant de l’ayatollah Sistani à Kerbala, autre ville sainte chiite du centre de l’Irak, disait tout le mal qu’il pensait de l’article contesté de la Constitution provisoire. « Cet article crée un grave précédent et peut nuire aux relations entre les différentes communautés d’Irak, car il donne une sorte de veto à une minorité sur la Constitution permanente », estimait-il. « Nous espérons voir cette partie (les Kurdes) réviser sa position en ce qui concerne cet article et que nos réserves seront entendues », avait-il ajouté. Publiquement, l’entourage de l’ayatollah Sistani, qui a survécu au régime de Saddam Hussein en s’abstenant de toute prise de position publique, assure que ses déclarations depuis le début de l’occupation ne touchent pas au domaine politique mais sont inspirées par sa volonté de servir les intérêts des Irakiens. Et pourtant, ses prises de position revêtent depuis près d’un an un caractère éminemment politique. Tour à tour, il a exigé des élections générales rapides, contestant le schéma de transfert des pouvoirs mis en place par les Américains prévoyant au départ une Assemblée en partie désignée. Il a réclamé un rôle pour les Nations unies dans le processus de transition politique et demandé ensuite à l’organisation internationale de fixer une date pour les élections générales. En même temps, le chef religieux s’est abstenu de tout contact avec les Américains dont le représentant en Irak, l’administrateur civil Paul Bremer, a exprimé plusieurs fois le respect qu’il a pour lui. Le sort de la Constitution provisoire semble suspendu à un mot de l’ayatollah Sistani, qui tire son prestige et son poids politique du fait que ses avis religieux sont suivis par la majorité des chiites d’Irak et beaucoup de membres de cette communauté dans le monde.
Le grand ayatollah Ali Sistani, dont les réserves ont amené les dirigeants chiites à rejeter la Constitution provisoire favorisant à leurs yeux les Kurdes, confirme son statut de chef politico-religieux incontournable en Irak. Les principaux membres chiites du Conseil de gouvernement transitoire ou leurs représentants se sont précipités samedi à Najaf, le centre spirituel des...