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Actualités - OPINION

Diaspora - L’espoir le dispute au scepticisme Les émigrés du Brésil attendent la réalisation des promesses libanaises

Chat échaudé craint l’eau froide. Les multiples déceptions engrangées pendant des dizaines d’années restent dans la mémoire de la diaspora. Mais les émigrés du Brésil n’en attendent pas moins avec espoir la concrétisation des promesses reçues durant la visite que le président Lahoud, et une importante délégation officielle, leur ont récemment rendue. Il s’agira de voir si cette fois on va dépasser le niveau des bons sentiments. Ce qui n’avait jamais été le cas après les tournées de présidents antérieurs. Désireux d’honorer sa parole, le président Émile Lahoud a saisi le Conseil des ministres de la question, pour exposer les résultats de sa visite au Brésil. Et demander un début d’exécution. Il a donc été décidé de confier à une commission ministérielle, dirigée par Issam Farès, le soin d’étudier en profondeur le dossier de la diaspora. En mettant l’accent, en termes concrets, sur les moyens à mettre en œuvre pour réactiver vraiment l’Union libanaise culturelle dans le monde (ULCM). Qui est censée regrouper, et représenter, l’émigration libanaise. Mais qui, pour l’heure, est pratiquement disloquée. De même, la commission va réfléchir sur la réalisation des engagements qui se résument comme suit : – Renforcement des liens bilatéraux avec le Brésil, principale terre d’accueil des Libanais d’origine, dans tous les domaines, notamment économiques et commerciaux. Afin que le Liban devienne un tremplin, une porte ouverte, pour la production brésilienne qui cible le marché du Moyen-Orient. Et vice versa. Dans ce cadre, un projet prévoit de rétablir une ligne aérienne directe, de voyageurs et de fret, avec São Paulo. Du même coup, la MEA aiderait sans doute ce petit pays à attirer des investisseurs. Le PDG de la compagnie, Mohammed el-Hout, promet d’étudier ce plan sous un angle favorable. D’autant que la ligne desservirait au passage le continent africain, autre point de chute important des émigrés libanais, avec escale à Abidjan. Mais Hout ne cache pas que la ligne envisagée serait dispendieuse, peu rentable probablement, et difficile à organiser sur le plan logistique. Il estime, en gros, que la MEA risque de perdre par an quelque 6 millions de dollars avec ce service. Or, la compagnie, qui sort à peine de la tourmente, doit surveiller de près ses comptes. Hout va donc présenter ses conclusion au Conseil des ministres. Qui décidera si le sacrifice en vaut la peine. Et s’il faut, éventuellement, que l’État couvre la dépense par une subvention spéciale. – Un autre projet qui a pris corps lors de la visite présidentielle au Brésil : la tenue d’un sommet groupant les pays arabes et les pays d’Amérique du Sud. Le Liban doit en exposer les détails lors de la prochaine réunion de la Ligue, à Tunis. La rencontre, en cas d’approbation, devrait avoir lieu à Brasilia en janvier 2004. – La création d’un comité groupant des hommes d’affaires libanais et brésiliens, pour multiplier les projets communs. Dans le même créneau, l’installation au Liban d’une foire permanente des produits brésiliens destinés aux marchés de cette région. Également proposée à l’étude, quoique difficile à réaliser : l’instauration d’une zone monétaire unifiée comme dans l’Union européenne. – Bien entendu, l’essentiel de la mission de la commission ministérielle libanaise tiendra dans l’activation du rôle des émigrés. Pour en attirer les capitaux. En pratique, et pour faciliter les échanges, il faudra prévoir des mécanismes d’octroi mutuel automatique de visas. Dans le même esprit, il faudra promouvoir les échanges culturels et pédagogiques. – Reste une question-clé : la participation des émigrés à la vie politique du pays d’origine. Pour renforcer leur attachement à la mère patrie. Mais ce dossier est complexe, car il met en jeu le problème de l’identité et de la double nationalité. Les émigrés réclament que l’État libanais leur accorde les mêmes droits que la Syrie octroie à ses expatriés. C’est-à-dire, tout simplement, qu’il les reconnaisse comme libanais et leur redonne la carte quand ils n’en sont plus pourvus. Pour qu’ils soient considérés comme parfaitement égaux, en termes civiques, avec les résidents. Un ancien ambassadeur relève que l’État a notamment pour devoir de se préoccuper des Libanais qui sont partis à cause, ou à la suite, de la guerre domestique. Et dont beaucoup sont animés de ressentiments divers, qui en font souvent des radicaux. Il faut tenter de les comprendre et de les récupérer, en leur permettant de participer à la vie politique du pays, souligne l’ancien diplomate. Qui estime que cela devrait entrer dans le cadre d’une étude globale du dossier des émigrés, anciens ou nouveaux. Le traitement commençant par des efforts en vue de leur redonner confiance dans l’État libanais. Émile KHOURY
Chat échaudé craint l’eau froide. Les multiples déceptions engrangées pendant des dizaines d’années restent dans la mémoire de la diaspora. Mais les émigrés du Brésil n’en attendent pas moins avec espoir la concrétisation des promesses reçues durant la visite que le président Lahoud, et une importante délégation officielle, leur ont récemment rendue.
Il s’agira...