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Actualités - OPINION

Chambres closes

Le hasard de l’actualité aura voulu que votre petit écran ait été envahi ces derniers jours d’images parfois spectaculaires et parfois cocasses, mais au fond assez déprimantes, de la démocratie parlementaire telle qu’elle est pratiquée dans cette partie du monde. Comprendre malmenée, défigurée, massacrée. En Iran, on a pu enregistrer une victoire écrasante des islamistes purs et durs au premier tour des législatives : triomphe qui eut pu faire illusion quant à l’adhésion massive et inconditionnelle du peuple au régime des ayatollahs, si seulement ce scrutin en était véritablement un. Car toute consultation électorale digne de ce nom commence par la latitude offerte à l’électeur de faire son choix parmi les candidats en lice. Les Iraniens n’avaient droit, eux, qu’au menu standard riz et viande ou bien alors viande et riz, puisque 2 400 candidats réformateurs avaient été disqualifiés d’office pour manquements à l’islam et à la Constitution. C’est dire que les résultats annoncés, et qui ont donné lieu à des empoignades en plein Majlis, sont rien moins que probants, surtout avec un taux d’abstention frôlant les 50 % : un véritable record en Iran, lequel n’est pas sans rappeler d’ailleurs le désenchantement et le sentiment d’impuissance qui, lors des premières législatives de l’après-guerre, avaient poussé de nombreux Libanais à bouder les urnes. C’est finalement une république encore plus en porte-à-faux avec les aspirations de ses propres citoyens, comme avec les souhaits de la communauté internationale, qui émerge de ce scrutin. Entre autres fâcheuses perspectives, la femme iranienne devra faire son deuil du processus d’émancipation timidement enclenché depuis quelque temps. Au plan international, ces élections ne sont pas faites pour améliorer les relations entre la République islamique et le monde occidental. Les Iraniens ont vite fait de fustiger les « ingérences » de l’Amérique et de l’Union européenne qui avaient déploré, l’une ce « revers pour la démocratie », et l’autre ce « pas en arrière ». Et Donald Rumsfeld a soudainement repris ses vieilles accusations contre Téhéran (et aussi contre Damas) tandis que l’Agence de l’énergie atomique, tout récemment admise à entreprendre des inspections en Iran, reprochait sévèrement à ce dernier d’avoir caché la vérité sur ses programmes à potentiel militaire. À défaut d’engins nucléaires, nous cultivons quant à nous la bombe à sensation, et c’est même là un des aspects les plus frappants – les plus trompeurs hélas aussi – de notre chère démocratie. Lors de la première tranche, hier, du débat parlementaire sur la téléphonie mobile, des accusations énormes ont été portées à propos de l’incroyable imbrication des intérêts étatiques et privés en matière de privatisation. On a même pu voir dans toute sa splendeur, en direct, cette hallucinante dérogation à la règle élémentaire de la cohésion gouvernementale qu’est la querelle entre les ministres des Finances et des Télécommunications sur l’évaluation des recettes du cellulaire. Et pourtant, tout un chacun sait très bien qu’une fois terminé le spectacle, le gouvernement quittera le banc des accusés nanti, une fois de plus, d’une confortable majorité. C’est que, viciée à la base par des lois et découpages de circonscriptions invariablement taillés sur mesure, de même que par la falsification des listes électorales, fraudes au décompte des suffrages et autres irrégularités, notre représentation nationale est plus que jamais conséquente avec le reste. C’est-à-dire avec la captation du pouvoir exécutif par la Syrie, la course effrénée aux avantages, l’assurance-fauteuil délivrée aux amis qui, en dépit de leurs médiocres prestations et des scandales qui les éclaboussent, ne redoutent guère le verdict des citoyens. Un peu à l’image de la liberté concédée à la presse libanaise et qui, dans le contexte actuel, surprend tant les diplomates étrangers, les audaces saisonnières du Parlement ne sont en dernier ressort qu’un défouloir. Jamais prise en compte par les dirigeants, l’opinion publique est seulement prise à témoin par les élus, sans que les choses aillent plus loin. Pour un peu et jusqu’à nouvel ordre, on croirait que les uns et les autres sont faits pour s’entendre. Sans qu’il y ait trop besoin pour cela de vociférations, place de l’Étoile.
Le hasard de l’actualité aura voulu que votre petit écran ait été envahi ces derniers jours d’images parfois spectaculaires et parfois cocasses, mais au fond assez déprimantes, de la démocratie parlementaire telle qu’elle est pratiquée dans cette partie du monde. Comprendre malmenée, défigurée, massacrée.
En Iran, on a pu enregistrer une victoire écrasante des...