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Vie politique - Une autorité religieuse relève les risques encourus Étonnante inquiétude à l’Est : Que deviendrait le pouvoir une fois la tutelle syrienne levée ?

Étonnante interrogation entendue de la bouche d’une autorité religieuse de l’Est : Les gens du pouvoir ont-ils un moment songé à ce qu’il conviendrait de faire sur le plan politique le jour où les Syriens ne seraient plus là pour rabibocher les dirigeants ? De même, sur le terrain, ont-ils prévu un dispositif de prise en main efficace après le départ des forces syriennes, dans l’ensemble des régions.
Pour autant qu’un tel aveu puisse lui coûter, cette personnalité souligne que sans la ferme intervention syrienne, la trêve interprésidentielle n’aurait jamais été conclue. Et le pays en aurait payé le prix économique. Sans compter les risques plus élevés qu’il aurait encourus dans la phase critique présente. Allant plus loin, le prélat reconnaît de même que sans les Syriens, il est peu probable que les opérations de nettoyage policier auraient pu avoir lieu, ou se dérouler aussi bien, dans la Békaa comme sur la côte.
Évidemment, ce constat n’est pas fait pour soutenir la présence syrienne. Mais pour accabler un pouvoir qui, depuis Taëf, démissionne pratiquement de ses responsabilités nationales, pour s’en remettre à la Syrie. Tant pour le fonctionnement du système politique que pour la stabilité sécuritaire. Les autorités locales sont devenues ainsi prisonnières d’une logique d’assistance, aliénant toute volonté propre au point qu’un gouvernement libanais ne peut même pas rendre son tablier de son propre chef. Ni une Chambre le renvoyer à ses foyers, si elle le juge défaillant. Même la rue est privée d’autonomie, surveillée de près, pour le compte du pouvoir véritable, sous prétexte que rien ne doit menacer la stabilité intérieure. Le Liban est donc sous contrôle étroit d’une partie étrangère.
Une anomalie qui doit certes cesser. Mais, répète ce pôle, par quoi remplacer l’arbitrage syrien lors des différends entre les dirigeants ? Comment protéger le pays contre une crise de pouvoir aiguë ? Autrement dit, comment mettre en place un État fort, cohérent, avec le personnel existant ? Qui est trop habitué à compter sur autrui en toute chose. Et à tabler sur le verdict syrien pour régler tout différend intérieur, en commençant par l’ordre du jour du Conseil des ministres, autorité exécutive suprême. Or cette instance n’arrive plus à se réunir sans invites syriennes pressantes auprès de ses membres. Et quand elle se retrouve, elle ne débat dans le calme que sous la menace de sanctions déterminées frappant les frondeurs ou les mettant en disgrâce.
Le pays doit recouvrer une existence publique normale, c’est-à-dire autonome. Mais, insiste le prélat, comment éviter un effondrement brutal du système, et de l’État, le jour où les Syriens partiraient ? En d’autres termes, il est de la responsabilité de toutes les parties locales, et surtout des responsables en place, de préparer une saine transition. Pour que le Liban puisse s’autogouverner, tout en gardant les meilleurs liens avec la Syrie. Surtout dans les domaines d’intérêt commun, comme la Défense, la Sécurité et les Affaires étrangères. En revoyant, pour les rééquilibrer, les accords et protocoles bilatéraux conclus durant ces dernières années, notamment au niveau économique.
Le prélat ajoute qu’en cas de départ des Syriens, il deviendra absolument impératif que les dirigeants s’entendent entre eux, pour assurer la cohésion et la bonne marche du pouvoir comme de l’État et de ses institutions. Le président de la République et le président du Conseil auraient beaucoup moins de marge de manœuvre en termes de querelles intestines. Leur responsabilité à cet égard serait démultipliée.

Émile KHOURY
Étonnante interrogation entendue de la bouche d’une autorité religieuse de l’Est : Les gens du pouvoir ont-ils un moment songé à ce qu’il conviendrait de faire sur le plan politique le jour où les Syriens ne seraient plus là pour rabibocher les dirigeants ? De même, sur le terrain, ont-ils prévu un dispositif de prise en main efficace après le départ des forces...