Rechercher
Rechercher

Actualités

Social - Un brillant coup médiatique, alors que la CNSS crie misère Siniora a littéralement pleuré dans les chaumières !

Certaines âmes endurcies ont ricané. Mais il est indubitable, si l’on en croit l’homme de la rue, que Fouad Siniora, ce froid comptable brusquement transformé en Père Noël, a réussi à émouvoir les foules. En passant, sous l’œil attentif des caméras de la LBCI, une journée auprès d’une famille nécessiteuse de Bourj Hammoud. Plusieurs fois, au récit des épreuves, des difficultés de ces braves gens, le ministre des Finances a eu la larme à l’œil. En proposant des solutions pour ce cas social, considéré comme un échantillon des centaines de familles libanaises vivant au-dessous du seuil de pauvreté. En partie, en grosse partie, à cause de l’attentive politique et de la non moins vigilante gestion des pouvoirs publics.
La leçon que ses hôtes d’un jour ont pu donner au ministre est qu’ils ne baissent pas les bras, qu’ils ne se laissent effleurer par aucune désespérance, qu’ils veulent vivre dans l’espérance. Qu’ils veulent lutter aux côtés du père, qui un jour avait possédé une fabrique, pour retrouver leur rang social et leur aisance d’antan.
Cela malgré la nette régression de l’économie locale. Et malgré la déperdition accentuée des prestations sociales. Que le ministre a timidement tenté de démentir. En arguant du fait que les crédits prévus dans le budget 2004 sont supérieurs à ceux qui ont été alloués en 2003. Ce qui ne veut pas dire grand-chose, du moment qu’on reste dans l’insuffisant, pour la bonne raison que le Trésor est ruiné.
Sans compter que le principal organisme étatique social, la Caisse nationale de Sécurité sociale, est en crise. Parce que l’État ne lui paie pas ce qu’il lui doit. On sait que le syndicat des hôpitaux privés a dénoncé les conventions passées avec la Caisse, dont il rejette les nouvelles tarifications, revues à la baisse. Sans compter qu’il réclame d’astronomiques arriérés impayés, pour les soins accordés aux frais du ministère de la Santé. Les assurés devront donc désormais payer la note de leur poche, quitte à se faire rembourser partiellement par la Sécu.
Dans ce magma, et tandis que l’on continue à débattre de la légitime révolte de l’Université libanaise (autre cas social, si l’on peut dire), les organismes syndicaux mettent en garde contre la politisation des dossiers sociaux. C’est-à-dire qu’ils craignent deux choses, qui vont d’ailleurs généralement de pair : l’exploitation démagogique de ces problèmes par des politiciens et l’éclatement de nouvelles querelles entre les dirigeants, comme entre les différents camps, sous prétexte de défendre le social. Avec pour résultat le blocage de toute décision positive, de toute réponse plus ou moins satisfaisante aux revendications syndicales.
Réagissant à cette grogne par le « geste auguste du semeur », le président du Conseil, Rafic Hariri, promet aujourd’hui de rembourser les centaines de milliards de livres (près de 700 millions de dollars, dit-on) que l’État doit à la CNSS. Avec quoi, on se le demande. Plus réalistes, sinon plus véridiques, des responsables reconnaissent que tout ce que le gouvernement peut faire pour le moment, c’est de verser un viatique, quelques fonds d’urgence, à la Caisse, pour qu’elle puisse assumer une partie de ses engagements. Et, sans doute, faire patienter les créanciers. En omettant un peu un point important : si les assurés ne peuvent plus se tourner aussi facilement vers les hôpitaux privés conventionnés, il faut réhabiliter, mettre à niveau acceptable, les hôpitaux gouvernementaux. Et prévoir de dépenser sur ce secteur vital au moins autant que sur les milliers de parasites que l’État paie à ne rien faire. La solution serait d’ailleurs, comme le souligne un ministre versé en économie, de rayer des cadres les surnuméraires de la Fonction publique, pour économiser les sous que le social réclame.
Retour à Siniora. Il a peut-être ponctuellement, ou personnellement, marqué des points en termes de sympathie, par son initiative à caractère humain. Mais à la réflexion, et l’homme de la rue ne s’y trompe pas, sa prestation télévisée montre la largeur du fossé qui existe entre le pouvoir et une population qui n’a plus confiance dans la caste politique tout entière.

Philippe ABI-AKL
Certaines âmes endurcies ont ricané. Mais il est indubitable, si l’on en croit l’homme de la rue, que Fouad Siniora, ce froid comptable brusquement transformé en Père Noël, a réussi à émouvoir les foules. En passant, sous l’œil attentif des caméras de la LBCI, une journée auprès d’une famille nécessiteuse de Bourj Hammoud. Plusieurs fois, au récit des épreuves,...