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Actualités

Dossier régional Pas de sortie du tunnel en vue au Proche-Orient

Mis à part les Palestiniens, ce sont sans doute les Libanais que la situation régionale affecte le plus. En raison de leurs difficultés économiques, mais aussi de leurs contradictions internes. Or, à l’heure actuelle, le dégagement semble hors de portée. Les diplomates locaux pensent qu’en pratique, il faudra attendre la présidentielle US. À ce moment, s’il est réélu, Bush pourra imposer sa ligne de sortie. Car il se trouvera désenchaîné des contraintes ou complaisances électorales, libre de ses mouvements. En mesure, s’il le veut, de trancher le nœud gordien. Car c’est bien d’un inextricable écheveau qu’il s’agit aujourd’hui. L’Autorité palestinienne n’arrive pas à faire entendre raison aux radicaux, Hamas et Jihad islamique en tête, qui ne veulent pas arrêter leurs actions sur le terrain (de la violence). De son côté, le gouvernement Sharon, lui-même divisé, n’est en tout cas pas disposé à reprendre les pourparlers avant un armistice testé sur de longues semaines. Ainsi, lors de la mise en place du cabinet de Qoreï, Sharon a dicté ses conditions : d’abord un cessez-le-feu total. Ensuite, l’État palestinien qu’Israël pourrait reconnaître devrait être sans frontières définitives, car cette délimitation est conditionnée par l’évolution des rapports bilatéraux. Enfin, Arafat doit être tenu à l’écart, car il contrôle toujours des forces qui comptent dans leurs rangs des terroristes. Sans compter qu’il reste en mesure de négocier seul du côté palestinien. Sharon a ajouté qu’il serait prêt à ordonner l’arrêt des assassinats ciblés si les actes qu’il qualifie de terroristes cessaient. Précisant que ce sont ces attentats qui l’ont poussé à faire construire le mur de clôture, qu’il affirme ne pas être une barrière politique ou une frontière. Dernièrement, Sharon a avancé la menace d’un plan de séparation, qu’il mettrait à exécution dans quelques mois, si les Palestiniens ne cessent pas l’intifada. Sharon a reçu l’appui, sans doute tactique, de Washington. Où il doit d’ailleurs aller s’expliquer. Pour donner l’impression à son puissant allié qu’il reste attaché à la « feuille de route ».
Qoreï pour sa part s’est défaussé sur les Américains. En affirmant qu’ils doivent aider activement à la conclusion d’un cessez-le-feu et qu’ils doivent organiser une nouvelle conférence internationale de paix. Il a ajouté qu’Arafat, président élu, se trouve toujours soumis à un blocus israélien inadmissible, qu’il est littéralement emprisonné et doit redevenir libre de se déplacer hors de Gaza. Qoreï a rappelé enfin que les Israéliens ont pratiquement mis par terre les services de sécurité palestiniens, tout en continuant eux-mêmes les assassinats ciblés.
Ces positions cachent mal les graves contradictions palestiniennes. On sait en effet que des franges estiment que la résistance armée est le seul moyen d’arracher à Israël les droits palestiniens spoliés. Qu’il ne faut pas mettre un terme aux opérations sans contrepartie valable. Des modérés soutiennent par contre qu’il est nécessaire de calmer le jeu, afin de négocier. Selon un officiel libanais, l’on est donc en pleine période transitoire. Les Américains sont focalisés sur l’Irak et le seront bientôt sur leur présidentielle. Du côté palestinien, il faut également du temps pour que l’on sache si Qoreï va réussir là où Mahmoud Abbas avait échoué. En cas d’échec, il faudra voir si des confrontations interpalestiniennes ne vont pas se produire. Pendant ce laps de temps, les relations syro-américaines, tendues mais pas rompues, se seront décantées dans un sens ou dans l’autre.

Émile KHOURY
Mis à part les Palestiniens, ce sont sans doute les Libanais que la situation régionale affecte le plus. En raison de leurs difficultés économiques, mais aussi de leurs contradictions internes. Or, à l’heure actuelle, le dégagement semble hors de portée. Les diplomates locaux pensent qu’en pratique, il faudra attendre la présidentielle US. À ce moment, s’il est réélu,...