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Noël - L’histoire de la Nativité racontée par Don Franco La naissance du Christ aurait eu lieu durant la saison chaude(PHOTOS)

À Noël, l’ensemble des communautés chrétiennes célèbrent la naissance du Fils de Dieu, le 24 décembre à minuit. Messes, sapins aux mille feux, cartes postales, crèches, veillées familliales, père Noël aux pouvoirs magiques, distributions de cadeaux, les symboles propres à cette fête ne manquent pas. Symboles sans lesquels, pour de nombreux chrétiens, la fête ne serait pas complète. Mais que dit l’histoire sur la Nativité ? Correspond-elle vraiment à ce que nous en connaissons ? Quant aux symboles de la fête, sont-ils liés à la naissance du Christ ? À ces questions, l’abbé Don Franco tente de répondre, tout en essayant d’établir une distinction entre l’histoire et le message.

Le choix de Bethléem pour la naissance du Christ a été différemment analysé par les livres saints et par les historiens. Les livres saints racontent que c’est à cause d’un recensement que Joseph a emmené Marie à Bethléem, où elle a donné naissance à Jésus. « Or, explique Don Franco, le recensement a historiquement eu lieu environ quatre ans après la naissance du Christ. » Le voyage de 200 kilomètres qu’ont effectué Joseph et Marie, de Nazareth à Bethléem, à dos d’âne, résulte non seulement de la volonté de Joseph, originaire de Bethléem, de voir son épouse accoucher dans son village natal, mais aussi de son désir de fuir les ragots suscités à Nazareth par la grossesse mystérieuse de Marie.

Polémique sur la présence de l’âne et du bœuf
Comme le veut la coutume de l’hospitalité orientale, une fois arrivé à Bethléem, le couple a été accueilli et hébergé par sa famille. Mais, selon Don Franco, la maison palestinienne traditionnelle était, à l’époque, formée d’une seule pièce située au rez-de-chaussée, séparée en deux par une marche. D’un côté, se trouvaient la cuisine, le foyer et l’âtre, de l’autre, la chambre à coucher. « Aucun lieu réservé n’existait dans une telle demeure afin de permettre à la Vierge d’y donner naissance à l’enfant Jésus », observe-t-il. Quant à la chambre retirée dont parle l’Évangile, c’était en quelque sorte une pièce où était emmagasinées les réserves alimentaires et qui ne pouvait en aucun cas servir de lieu d’accouchement, d’autant plus qu’elle ne comportait aucune aération. « Il était totalement légitime que le couple mette son enfant au monde dans un lieu retiré », poursuit l’abbé. C’est ainsi que Joseph et Marie sont allés à la recherche d’un lieu isolé et couvert. S’ils n’ont pas choisi un hôtel, ce n’est pas par manque de ressources, le métier de charpentier de Joseph permettant à l’époque une vie relativement aisée, mais parce que les hôtels ne pouvaient leur offrir l’intimité qu’ils recherchaient. En effet, les caravansérails ressemblaient alors à des dortoirs. « Il ne pouvait non plus s’agir d’une grotte, mais plutôt d’un lieu qui abritait des animaux, probablement une étable toute simple », estime le prêtre.
Car l’Évangile parle d’une mangeoire dans laquelle l’enfant Jésus a été placé, enveloppé d’un linge, dès sa naissance. Mais dans l’étable, il n’y avait ni âne ni bœuf, estime Don Franco, ajoutant : « En effet, la présence de ces deux bêtes, qui a suscité une polémique, a été uniquement relatée dans les apocryphes, livres et écrits dont l’Église n’a jamais reconnu l’authenticité. On pense que la présence de l’âne et du bœuf aurait été inventée suite à des tensions qui ont eu lieu vers le IIIe siècle de l’ère chrétienne, entre l’Église et la synagogue. » Le prophète Isaïe avait d’ailleurs dit à ce propos : « L’âne et le bœuf reconnaissent leur maître, mais toi, peuple, tu ne reconnaîs pas ton Seigneur. »
« De plus, poursuit l’abbé, les Rois mages et l’étoile ne sont pas une réalité historique mais plutôt un message. » À l’époque, les mages, à la fois savants et païens, étaient considérés comme des êtres mystérieux qui inspiraient la crainte. Le message véhiculé par la visite des mages, guidés par l’étoile vers le lieu de naissance de l’enfant Jésus, est que tous les païens et les savants, les esprits mauvais et les sages, viennent adorer l’enfant Dieu et se prosterner à son chevet. L’étoile, quant à elle, est le symbole de la lumière du Christ. « Par contre, observe-t-il, on estime que les bergers sont effectivement venus rendre visite à l’enfant Jésus. » Ces derniers, qui conduisaient leurs brebis dans les pâturages des autres, étaient maudits par la loi et rejetés par les hommes de religion, car ils étaient considérés comme étant des voleurs. « Mais, poursuit le prêtre, il est normal que ces pâtres, qui étaient à l’extérieur avec leurs troupeaux, aient voulu rentrer dans l’étable pour voir ce qui s’y passait, en entendant les pleurs d’un nourrisson. »

Christianiser
les fêtes païennes
Quant à la période exacte de la Nativité, elle demeure une inconnue. Si l’on admet que le Christ est né durant la nuit, même si ce n’est pas une certitude, « on estime que sa naissance n’a pas eu lieu durant la saison froide », répond Don Franco. Car l’étable était vide, et tous les animaux et les pâtres étaient à l’extérieur. Il aurait été impensable que les bergers gardent leurs troupeaux à la belle étoile en plein hiver, notamment dans le village de Bethléem qui se situe à 1 000 mètres d’altitude.
« À l’époque, poursuit le père Franco, on s’intéressait aux faits et pas vraiment aux dates. On pense plutôt que l’enfant Jésus serait né au printemps ou même en été. » D’ailleurs, cette naissance aurait eu lieu 4 à 6 ans avant les estimations, remarque-t-il. Ainsi, en l’an premier, le Christ aurait déjà eu entre 4 et 6 ans.
Mais pourquoi l’Église a-t-elle adopté la date du 25 décembre, si cette date ne correspond pas à la naissance du Christ ?
« Ce n’est qu’à partir du Ve siècle qu’a commencé à être célébrée la fête de Noël », relève l’abbé.
À cette époque, les fêtes païennes étaient nombreuses, et le solstice d’hiver était célébré le 25 décembre. « C’est dans une tentative de christianiser les fêtes païennes et pour effacer la date célébrant le dieu soleil païen que l’Église a choisi de célébrer la naissance du Christ à cette date », explique le père Franco. D’autant plus que le Christ est le soleil de la chrétienté.
C’est donc en fonction de Noël qu’ont été adoptées certaines dates chrétiennes, notamment la fête de l’Annonciation, le 25 mars, neuf mois plus tôt, ainsi que la Circoncision, le 1er janvier.
Quant aux coutumes pratiquées durant la période de Noël, comme la distribution de cadeaux, la décoration du sapin, le père Noël, etc., elles découlent, selon le religieux, de traditions purement païennes et n’ont aucune valeur chrétienne. « Seul le concept de la crèche, inventée au XIIIe siècle par saint François d’Assise, qui a ajouté l’âne et le bœuf, selon les apocryphes, est véritablement issu de la Nativité », explique-t-il.
Incontestablement, la naissance du Christ porte à réflexion. D’autant plus qu’il n’est pas aisé de distinguer entre les faits réels et le message. Pourquoi Jésus est-il venu au monde, si fragile, dans un lieu si démuni ? Comment Joseph a-t-il surmonté le doute concernant la virginité de Marie ? Nombreuses sont les interrogations sur le mystère de la religion chrétienne, mais une certitude demeure : « Dieu a fait don au monde du Christ Sauveur. »

Anne-Marie EL-HAGE
À Noël, l’ensemble des communautés chrétiennes célèbrent la naissance du Fils de Dieu, le 24 décembre à minuit. Messes, sapins aux mille feux, cartes postales, crèches, veillées familliales, père Noël aux pouvoirs magiques, distributions de cadeaux, les symboles propres à cette fête ne manquent pas. Symboles sans lesquels, pour de nombreux chrétiens, la fête ne serait...