Pour M. Katzman, le Liban est un exemple assez réussi de réconciliation nationale faisant suite à une longue période d’instabilité et de violence. C’est en quelque sorte un précédent favorable, insiste-t-il, et un modèle qu’il est possible de retenir pour l’Irak. Pour ce qui est de la présence syrienne dans notre pays, laquelle a été longtemps tolérée (sinon favorablement considérée) par diverses administrations américaines, M. Katzman admet qu’elle est fortement contestée désormais par une partie importante des cercles dirigeants US. Mais, ajoute-t-il, les canaux de communication restent ouverts et praticables entre Washington et Damas. Le président Bachar el-Assad, rappelle-t-il, a produit une impression favorable lors de son accession au pouvoir et il a même procédé assez vite à certains limogeages, notamment dans les rangs des militaires même s’il a dû, par la suite, freiner ce processus. Toujours est-il que le régime Assad ne semble pas trop s’inquiéter de l’évolution de la situation en Irak, estime-t-il, faisant allusion à l’éventualité, évoquée dans le passé, d’une réédition syrienne de l’expédition contre Saddam Hussein : les Américains, explique M. Katzman, sont déjà confrontés à d’énormes difficultés en Irak et ils ne sont probablement pas prêts à recommencer ailleurs.
Déplorant les erreurs de calcul de l’Administration Bush, l’expert poursuit : « Les Américains n’ont pas compris la résistance irakienne. Leur erreur a été de croire qu’elle est le fait de partisans de Saddam Hussein alors qu’à l’évidence ces gens se battent – et mènent parfois des opérations-suicide – non point pour rétablir le passé, mais pour instaurer une réalité nouvelle en Irak. Saddam Hussein ne représentait pas une menace avant la guerre, poursuit-il, il était effectivement dangereux après la guerre, mais il ne l’est plus du tout maintenant qu’il est sous les verrous. Le vrai danger c’était, et c’est toujours, el-Qaëda. » Plus grave encore, conclut M. Katzman, l’invasion de l’Irak n’a fait finalement que redonner du tonus aux hommes d’Oussama Ben Laden : aucun pays arabe n’en voulait dans le passé et voici que l’Amérique, en occupant l’Irak, s’est elle-même chargée de redonner vie à l’organisation el-Qaëda.
I. G.
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