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La paix du foyer loyaliste reste sous la menace du cellulaire

Imposée par la difficile conjoncture régionale, c’est-à-dire par les décideurs, la trêve interprésidentielle fait l’objet de paris multiples au sein de la classe politique. Qui se demande si tous les dossiers litigieux vont pouvoir être traités à l’amiable, dans un esprit de concorde. Et, en cas de réponse négative, si les frictions éventuelles sur des sujets précis vont pouvoir être contenues, pour que l’armistice ne vole pas en éclats.

Répondant à ces interrogations inquiètes, un ministre influent s’étonne que l’on s’emploie à finasser de la sorte et à couper les cheveux en quatre. Il soutient, en effet, qu’il n’y a pas mille définitions à la trêve, qu’elle est automatiquement synonyme de calme comme de stabilité. Ce qui revient à dire, à son avis, qu’on évitera tout simplement d’aborder les sujets qui fâchent. Pour ne pas réveiller les vieux démons de la querellite. Et ne pas replonger l’appareil d’État dans sa précédente paralysie. On pourrait objecter, à ce propos, que, justement, en gelant les dossiers, on limite aussi bien le rendement que la casse. Mais à tout prendre, on peut reconnaître avec l’officiel cité que certains projets de développement, plutôt consensuels, peuvent au moins être lancés. Ce qui n’était même pas possible quand le blocage était généralisé.
En tout cas, les présidents ont eu à cœur de démontrer, à travers leur récente rencontre directe (la première depuis des mois), qu’ils tiennent pareillement à l’entente retrouvée. Et leurs partisans suivent évidemment ce mouvement de détente et d’apaisement.
Mais non sans certaines réserves mentales, de part et d’autre. Il subsiste en effet des contentieux aussi sensibles que détonants. Dont le dossier du cellulaire. Ainsi, la presse a répercuté la note sévère adressée par le chef du gouvernement au ministre des Télécoms, Jean-Louis Cardahi, qui avait boudé les réunions du Conseil supérieur des privatisations, en signe de protestation contre les positions adoptées par le secrétaire général de cet organisme, Ghazi Youssef. Dont Cardahi réclame l’éviction, sous prétexte que sa nomination n’avait pas été réglementaire. Le ministre a, dans une note, expliqué au président du Conseil les raisons de son attitude, en contre-critiquant Youssef.
Ces péripéties plutôt explosives font suite à une phase d’accalmie, sur ce front précis. Hariri et Cardahi avaient en effet repris contact, régulièrement, par téléphone. Et l’on avait pu penser que la page conflictuelle était tournée entre eux. Qu’ils allaient pouvoir rapprocher leurs vues sur les options à retenir en matière de gestion du secteur du cellulaire. Mais finalement, Hariri persiste et signe : à son avis, il faut tout simplement que Cardahi se dessaisisse du dossier, pour laisser faire les compagnies. Le ministre de son côté insiste : l’État, entendre son département, ne peut être tenu à l’écart, ni techniquement ni financièrement. Surtout maintenant qu’il a remis la main sur le secteur.
Cette présence tutélaire est reconnue comme nécessaire par la majorité du corps public et des composantes du pouvoir exécutif. Étant entendu que la gestion au jour le jour relève des compagnies, mais sous surveillance. La tendance générale, indiquent des officiels, ne favorise plus la franche privatisation ni l’option de concessions pour vingt années. Car la récupération du secteur a permis d’engranger des rentrées de loin supérieures à celles qui étaient auparavant obtenues par le Trésor. Ces sources parlent de ressources qui se montent désormais à plus de 50 millions de dollars par mois. Dans ces conditions, la privatisation est inutile.
Il n’en va pas de même pour l’énergie électrique, qui ne rapporte toujours pas. Mais qui peut difficilement trouver preneur. Par contre, le plan établi par le gouverneur de la Banque centrale, Riad Salamé, a permis d’amorcer le renflouement de la MEA. La compagnie, qui perdait auparavant jusqu’à 90 millions de dollars par an, a commencé à en gagner quelque 15 millions.

Philippe ABI-AKL
Imposée par la difficile conjoncture régionale, c’est-à-dire par les décideurs, la trêve interprésidentielle fait l’objet de paris multiples au sein de la classe politique. Qui se demande si tous les dossiers litigieux vont pouvoir être traités à l’amiable, dans un esprit de concorde. Et, en cas de réponse négative, si les frictions éventuelles sur des sujets précis...