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RENCONTRE - L’artiste irakien expose ses œuvres sur papier à la galerie Agial jusqu’au 27 décembre L’entreprise de recréation de Nedim Kufi(PHOTO)

«Mon travail commence toujours dans la zone de destruction. J’y observe les résultats et j’essaie de réparer les choses détruites. » Nedim Kufi a une connaissance douloureuse de la chose qui a existé et qui, brusquement, n’est plus. Le ressortissant irakien, installé en Hollande depuis plusieurs années, développe sa propre notion de la reconstruction.
À travers ses œuvres récentes, réunies sous le titre «Le postier» et présentées à la galerie Agial jusqu’au 27 décembre, Nedim Kufi revêt le costume du postier qui, comme il l’écrit dans son texte de présentation, «laisse un pli sur le seuil ou dans la boîte aux lettres et disparaît».
Ce statut d’«homme toujours en partance» refuse la peinture ou toute forme d’art comme une fin en soi. Nedim Kufi préfère se ranger sous l’étendard de la «non-peinture». «L’œuvre sacrosainte qu’on ne peut ni approcher ni encore moins toucher, je refuse.» Accrochés aux cimaises, les travaux du postier Kufi ne demandent qu’à être décachetés.

Zone de contamination
Défaire les nœuds des minuscules papiers pliés et collés à même la toile, préalablement enduite d’acrylique, fait partie intégrante de l’exposition; faire délicatement bouger la poudre d’épice ou le henné enfermé dans de petites poches en papier de riz, ou encore faire s’envoler, par un rapide mouvement de passage à proximité de la toile, les carrés en papier de Thaïlande teints en noir, toutes ces interventions permettent au spectateur-acteur de participer, lui aussi, à l’entreprise de recréation enclenchée par l’artiste.
La zone de contamination est provoquée par ce dernier ; en effet, les sachets remplis de pigments et de henné ont été laissés quelques jours sous la pluie avant d’être collés sur la toile. «J’aime voir les couleurs de derrière, comme avec le procédé des rayons X», explique-t-il.
Placer-replacer: une réflexion binaire qui le pousse, par exemple, à «déconstruire un arbre de manière géométrique», par l’utilisation de pétales de fleurs collées sur la toile de manière sérielle.
Minutie – le travail du détail, à peine perceptible, sur un matériau, le papier, très délicat, est impressionnant –, répétition ou déclinaison concrète, presque physique – coller et décoller, nouer et dénouer, ouvrir et fermer –: autant de méthodes de travail pour appréhender une réalité défaite, qu’il faut refaire. «Je crois en la destruction», affirme-t-il. «Son résultat est un nouveau départ.»

Diala GEMAYEL
«Mon travail commence toujours dans la zone de destruction. J’y observe les résultats et j’essaie de réparer les choses détruites. » Nedim Kufi a une connaissance douloureuse de la chose qui a existé et qui, brusquement, n’est plus. Le ressortissant irakien, installé en Hollande depuis plusieurs années, développe sa propre notion de la reconstruction. À travers ses...