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Vie politique - Pas de garantie technique pour la trêve Retour tacite au gel des dossiers litigieux

Les antagonismes de fond sont tels que le respect de la nouvelle trêve imposée au pouvoir par les décideurs passe nécessairement par le gel des sujets qui fâchent. Comme les privatisations. L’Exécutif ne devrait donc débattre que de questions qui ne risquent pas de provoquer de cassure. D’autant qu’il doit préparer la défense de son projet de budget devant la Chambre, où il devrait essuyer un tir croisé, voire des raids de raides critiques.
Ministre politique par excellence, Michel Samaha, qui détient le portefeuille de l’Information et fait office de porte-parole du gouvernement, souligne un élément primordial : le déroulement positif de la dernière séance du Conseil des ministres relève uniquement du bon vouloir des dirigeants. Entendre sans doute des présidents Lahoud et Hariri, de leurs fidèles, mais aussi des ministres portés à la fronde. L’épisode ne revêt, comme son nom l’indique, qu’un caractère épisodique. C’est-à-dire, souligne Samaha, que la détente ne repose sur la mise en place d’aucun mécanisme de retenue pouvant garantir qu’il n’y aurait plus de nouvelle dégradation relationnelle. Dans ces conditions, une reprise des empoignades, avec escalade à la clé, peut survenir à tout moment. En substance, le ministre attribue ce tableau à la nature même des réalités du moment. En prenant soin toutefois d’ajouter qu’il faut prendre en compte les intentions des protagonistes qui sont en mesure de contrôler le rythme, de prévenir les tensions sur la scène locale. Manière subtile de leur accorder le bénéfice du doute et de leur faire relativement confiance.
Au sujet du bruitage autour de la visite de Hariri à Damas, Samaha, à l’instar de l’intéressé lui-même, n’infirme ni ne confirme une rencontre avec Assad. Il se contente de dire que seuls comptent les résultats. Précisant que, pour sa part, il prévoit une période de stabilité et de calme. Sans doute parce que les responsables ont reçu de sévères remontrances. Car les remous sur la scène libanaise, cet atout dont ils disposent vis-à-vis de l’étranger, affaiblissent les décideurs. Qui ont donc prié les joueurs locaux de mettre un terme à leur bras de fer et de s’abstenir de distiller des bruits vénéneux à travers les médias.
La dureté du ton des tuteurs a suscité des réactions variées. Hariri veut consolider ses positions. En écartant les soupçons dont elles font l’objet, à partir des interprétations qu’en donnent certains de ses adversaires. Qui s’efforcent de le brouiller avec la Syrie tout comme avec d’autres pôles libanais. Hariri regroupe donc ses forces.
Il a convoqué les membres de son bloc pour les briefer. Et leur recommander de ne plus soulever des questions politiques comme l’échéance présidentielle ou le sort du cabinet. Ajoutant qu’ils doivent désormais s’abstenir de déclarations permettant de penser que leur camp se lance dans une campagne déterminée, ou se livre à une contre-offensive. Hariri, entrant dans les détails, a relevé que des critiques éventuelles émanant de son groupe doivent paraître naturelles, allant de soi, et porter sur des sujets précis. Sans jamais donner l’impression qu’elles s’inscrivent dans le cadre d’un plan de bataille contre la reconduction. Ce qui signifie, en pratique, que l’on ne devrait plus entendre, dans les prochains jours, les haririens marteler leur opposition à tout amendement de l’article 49 de la Constitution.
Pour sa part, Hariri a décidé de fermer le robinet médiatique. Il a donc fait savoir, par le biais de ses proches, que pour le moment il ferme sa porte aux journalistes. Même à ceux qui ont leurs entrées quotidiennes à Koraytem, où ils sont accrédités. Les gardes en ont de la sorte refoulé quelques-uns ces deux derniers jours, en les priant de prendre rendez-vous. Le président du Conseil veut contrer ainsi ceux qui l’accusent d’être à l’origine de fuites déterminées en direction des médias. En même temps, il montre qu’il respecte bien la trêve « des temps difficiles » exigée par les tuteurs.
Il reste qu’il faut un peu de temps pour que les remous retombent et s’apaisent vraiment. Hier encore, les haririens soutenaient que leur chef de file s’est toujours montré de bonne composition et n’a fait que se défendre, sans jamais contre-attaquer. Tandis qu’en face on répétait, également hier, qu’au contraire c’est le régime qui a toujours prôné le calme. Ajoutant que Hariri tente de s’attribuer le mérite de la détente, alors que nul n’ignore qu’elle résulte des pressions exercées par les tuteurs.
Quoi qu’il en soit, comme le remarque un ministre influent, l’heure n’est pas au rejet réciproque des responsabilités. Mais à la consolidation de la stabilité intérieure, via un réchauffement des rapports interprésidentiels.
Philippe ABI-AKL
Les antagonismes de fond sont tels que le respect de la nouvelle trêve imposée au pouvoir par les décideurs passe nécessairement par le gel des sujets qui fâchent. Comme les privatisations. L’Exécutif ne devrait donc débattre que de questions qui ne risquent pas de provoquer de cassure. D’autant qu’il doit préparer la défense de son projet de budget devant la Chambre,...