Démangeaisons honteuses

Il n’y a pire que la rumeur pour faire palpiter, puis brusquement dégonfler un homme politique. Vedette-éclair de la semaine : Mikati le décati, qui, à force de fuites jetées en pâture aux
médias, a fini par choper des démangeaisons de Premier
ministrable. Mais tiens, fume ! Retour de Damas… et de bâton : notre ami a dû se livrer à une savante opération de
rétropédalage pour expliquer que, finalement, personne
ne touchera au laboratoire des 30 neuneus.
Pauvre Nagib, condamné pendant quelques mois encore à boucher des trous et à dessiner des lignes blanches sur
l’asphalte de nos routes pourries, alors que dans la presse Bouboule étalait sa nudité recueillie. Ce qui prouve que ce dernier n’a pas besoin d’être empereur pour avoir l’air
auguste.
Cette manie du secret, pour faire croire au vulgaire d’en bas que les coucourges politiques d’en haut mitonnent des
projets intelligents ! Les échéances les plus simples, les plus
naturelles dans les pays normaux, comme un changement de gouvernement ou une élection présidentielle, se préparent chez nous dans le catimini clandestin des chuchotis
honteux. Les candidats qui osent ont la trouille de se
prononcer, et les margoulins officiels se scindent en clans, se
visitent dans des alcôves et se tirent dans les pattes avec des airs de conspirateurs. Et comme jamais rien de futé ne sort de leurs neurones ramollis, ils s’en vont comploter à Damas, où chaque groupe de niaiseux a sa boutique attitrée. Avant de revenir déblatérer en cachette, dans l’espoir qu’un rot dans une ambassade ou une flatulence échappée des
frontières viendrait un jour donner le signal de la curée.
Secret défense, secret d’État, haute sécurité… Les âneries frappées de ces labels débiles ne se comptent plus. Dans la parano ambiante, peut-être même que le présent billet entre dans cette catégorie. Il est donc vivement conseillé de le
détruire après lecture.
Gaby NASR