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Bienfaisance - L’oraison dans la rue Du quartier Mouffetard à la place Sassine, les Filles de la Charité (photos)

La scène se passe quartier Mouffetard au XIXe siècle. Sœur Rosalie Rendu, supérieure de la maison des Filles de la Charité dans ce quartier parmi les plus misérables de Paris, presse le pas. Elle se rend auprès d’une famille en détresse dont le chef a perdu son travail, puis elle doit visiter un vieillard qui se meurt tout seul dans une mansarde. En marchant, elle en parle à Dieu. « Jamais je ne fais si bien l’oraison que dans la rue », écrira-t-elle un jour. On la croit volontiers. Dieu vient souvent dans la familiarité.
L’Église a rendu hommage, dimanche dernier, à Rosalie Rendu, en la proclamant bienheureuse. Avec elle, nous revivons une des périodes les plus agitées de l’histoire de France. Émeutes, révolutions, épidémies de choléra, rien ne fut épargné à Rosalie Rendu qui, en toutes ces occasions dramatiques, devait faire preuve d’une force de caractère exemplaire.
Vincent de Paul, fondateur des Filles de la Charité, a vécu au XVIIe siècle. Mélange d’abbé Pierre et de Mère Teresa, saint Vincent avait son entrée chez les grands, mais son cœur était chez les petits. Converti par saint François de Sales, il a eu le génie d’inventer une charité en action, en sortant les religieuses de leur cloître.
Aux Filles de la Charité qu’il avait fondée, il recommandait : « Vous aurez pour monastère les maisons des malades, pour cellule une chambre de louage, pour chapelle l’église paroissiale, pour cloître les rues de la ville, pour clôture l’obéissance, pour grille la crainte de Dieu et pour voile la sainte modestie. »
Cette institution devait se révéler particulièrement féconde durant la Révolution française de 1789. Les Filles de la Charité ne furent pas dissoutes, n’ayant pas été considérées comme une congrégation religieuse.
De fait, liberté suprême de cette forme de service d’apostolat religieux, les Filles de la Charité peuvent tourner le dos à leur vocation sans remords, tous les ans. Elles ne sont tenues, en effet, qu’à un renouvellement annuel de leurs vœux monastiques de pauvreté, chasteté et obéissance, auxquels s’ajoute le service des pauvres.
Les Filles de la Charité sont au nombre de près de 23 000 dans le monde. Au Liban, où elles sont implantées depuis 1 847, elles sont aujourd’hui 149 en charge d’écoles, d’hôpitaux, de cantines scolaires, d’orphelinats, de centres sociaux, crèches, garderies et centres pour handicapés.

Service caché
Dans la Maison centrale des Filles de la Charité, à Achrafieh, c’est tous les jours que se présentent des gens dépouillés de tout à la recherche d’un emploi, de médicaments, d’une aide scolaire. Savez-vous combien de réfugiés irakiens sont au Liban ? lance sœur Maguy Harfouche, directrice du centre social d’Achrafieh, qui nous parle aussi de la crèche Saint-Vincent-de-Paul, qui accueille en moyenne un nourrisson abandonné tous les mois. En outre, beaucoup d’employées de maison asiatiques leur confient leurs enfants « illégitimes ». Vous comprenez qu’elles ne peuvent pas rentrer chez elles avec un enfant, dit sœur Harfouche.
Avec sœur Vincent Alwan, provinciale, elle parle des œuvres, écoles et missions des Filles de la Charité, en particulier de la mission nouvellement lancée auprès des Assyriens dans le nord syrien. Pour éviter qu’on ne dise que nous venons leur apprendre une nouvelle langue, nous avons envoyé deux religieuses qui parlent assyrien, souligne sœur Vincent Alwan.
Les Filles de la Charité ont refusé de confier à des banques la gestion des frais scolaires de leurs élèves. « Quand des parents ne peuvent payer les scolarités de leurs enfants, ou s’ils donnent la priorité au paiement des traites de leur logement, nous comprenons. Nous ne livrons pas nos enfants à un système injuste, où ils pourraient être poursuivis et placés dans des situations impossibles », souligne sœur Vincent. « Aider sans juger » est une phrase que répétait souvent sœur Rosalie Rendu. L’intermède de la béatification de sœur Rosalie a offert une occasion de dépaysement et de détente à 40 Filles de la Charité qui se sont rendues à Rome pour la cérémonie.
À la question de savoir comment les partantes ont été choisies, c’est la réponse la plus belle : ont voyagé celles dont les services étaient les plus cachés.
À la question de savoir si elles sortent encore dans la rue, comme le leur demandait saint Vincent, sœur Maguy Harfouche a cette réponse surprenante : « Aujourd’hui, c’est la rue qui vient à nous. »

Fady NOUN
La scène se passe quartier Mouffetard au XIXe siècle. Sœur Rosalie Rendu, supérieure de la maison des Filles de la Charité dans ce quartier parmi les plus misérables de Paris, presse le pas. Elle se rend auprès d’une famille en détresse dont le chef a perdu son travail, puis elle doit visiter un vieillard qui se meurt tout seul dans une mansarde. En marchant, elle en parle à Dieu. «...