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Interview Imad Hage : L’affaire du pistolet, une histoire montée de toutes pièces par les services américains (photo)

Imad Hage est un homme pressé. Et sa journée d’hier n’était pas très reposante. En l’espace de quelques heures, il a donné quatre interviews, dont l’une à L’Orient-Le Jour. Une situation qu’il n’avait pas connue même quand il s’était présenté à la partielle de Baabda-Aley, en septembre dernier.
Les informations publiées hier matin par le New York Times et diffusées par l’ABC News sur son entremise dans des négociations entre les Irakiens et les Américains avant le déclenchement de la guerre ont fait l’effet d’une bombe.
Et c’est derrière le volant de sa Mercedes série S, se rendant de sa résidence de Beit Mery au siège d’al-Jazira et de la Fox News au centre-ville, qu’il a accordé une interview à L’Orient-Le Jour. Quelques heures plus tôt, il s’était présenté au siège de l’agence al-Markaziya pour s’entretenir avec notre confrère Philippe Abi Akl.
M. Hage, « 45 ans, 46 ans en février », dit-il, docteur en économie, diplômé des États-Unis, est capable d’écouter de la musique, de conduire sa voiture, de répondre au téléphone et de parler aux journalistes. Tout ceci en même temps.
L’ancien candidat à la partielle de Baabda-Aley répond calmement aux questions relatives à son rôle d’intermédiaire entre les Irakiens et les Américains, mais il est de loin plus enthousiaste quand il évoque « la souveraineté et l’indépendance du Liban ». D’ailleurs, il avait constitué une fédération d’associations d’émigrés libanais aux États-Unis, qu’il a présidée durant un certain temps, « pour porter haut la voix et les revendications du Liban, pour que ce pays aie une véritable place sur la carte du Moyen-Orient », dit-il.
Ses contacts avec l’Administration américaine ont commencé au début des années quatre-vingt-dix, durant la première campagne électorale de Clinton-Gore. M. Hage était l’assistant pour les dossiers ethniques du directeur de la campagne, Christopher Highland. Après l’élection de Bush, il a su entretenir ses liens avec l’Administration américaine, au Pentagone comme à la Maison-Blanche.
C’est pour cette raison donc que les Irakiens l’avaient sollicité à la fin de janvier dernier. M. Hage, qui est ambassadeur plénipotentiaire du Libera au Liban, « grâce aux entreprises familiales installées depuis longtemps dans ce pays d’Afrique », précise-t-il, a reçu la visite au début de cette année d’un « homme politique libanais connu » qui lui a proposé de jouer le rôle d’intermédiaire entre les Irakiens et les Américains. Ce dernier était accompagné d’un agent des renseignements irakiens, Hassan Obeidy.
« Les Irakiens voulaient négocier et étaient prêts à beaucoup de concessions », indique M. Hage, refusant de donner le nom de cet homme politique libanais très influent, soulignant cependant qu’il est un « grand ami ». « Ce dernier a assisté à toutes les réunions que j’ai tenues à Beyrouth avec Obeidy ; elles étaient cinq en tout », note-t-il. L’intermédiaire libanais se rendra une seule fois en Irak pour rencontrer le général Taher Abou Abou Habbouch Tikriti, directeur des services de renseignements en Irak.
M. Hage précise à L’Orient-Le Jour que « les négociations se sont tenues dès la fin de janvier jusqu’à la mi-mars. Elles se sont arrêtées une semaine avant le déclenchement de la guerre ». Il souligne également qu’il « a pris l’initiative sans pour autant être encouragé par les États-Unis de porter le premier message des Irakiens aux Américains ». Et c’est au Pentagone, entre autres, qu’il se rend pour en informer l’ancien président du Conseil de la politique de défense, Richard Perle, et Mickaël Maalouf. Lui aussi « un ami de longue date, libano-américain, né aux États-Unis ». « En tout il y aura plusieurs dizaines de messages, de e-mails et de rencontres tenues entre Beyrouth, Bagdad, Washington et Londres », dit-il. « Une quinzaine avec les Américains », ajoute-t-il.
Mais n’a-t-il pas été expulsé des États-Unis en février dernier pour le port d’un pistolet semi-automatique de calibre 45 dans un aéroport américain ? M. Hage s’indigne, qualifie l’affaire « de non-sens ». Il indique que « l’histoire remonte au début de mois de janvier 2003, quand la sécurité de l’aéroport de Dallas avait intercepté dans mes bagages une arme sans munitions ». « Tout a été réglé sur place, j’ai montré mon passeport diplomatique et j’ai bien expliqué que c’était une arme que j’avais reçue en cadeau et que j’utilise pour ma sécurité personnelle », poursuit-il. Et de souligner encore qu’il se rend toujours aux États-Unis et qu’il a rencontré dernièrement Richard Perle dans une capitale européenne.
Il souligne encore que « l’histoire a été montée de toutes pièces par des services américains après les négociations ». Indiquant qu’il « ne veut accuser personne », il précise cependant qu’il a « beaucoup d’amis au FBI ». « Comme partout dans le monde, il y a une querelle entre différents services », ajoute-t-il.
Selon lui, « les services en question ont voulu vider de tout sens l’initiative de paix en inventant cette histoire ». « Je n’ai rien à voir avec les détails de la politique américaine interne », ajoute-t-il, soulignant encore qu’il « ne s’intéresse qu’à la souveraineté du Liban, la création d’un véritable État démocratique et la mise en place d’un nouveau modèle politique ». Il s’indigne aussi un peu contre la presse libanaise qui l’a marginalisé au cours de la partielle de Baabda-Aley.
Justement, pourquoi s’est-il adressé aux médias américains, en ce moment, fournissant les détails de négociations secrètes ? L’ancien candidat aux législatives indique que c’est la presse qui l’a sollicité, soulignant qu’il « avait été très surpris quand les journalistes américains l’avaient confronté avec des documents ». « Je n’ai fait que confirmer des faits », dit-il. Donnera-t-il d’autres détails dans les jours à venir ? « Tant que la presse ne possède pas d’autres dossiers, je ne fournirai aucun élément », conclut-il.
Au Liban, M. Hage possède l’AUJ, une compagnie d’assurance. Il est aussi le PDG d’une maison de production cinématographique, Third Millénium, qui a produit le premier film sur la guerre du Liban, ceci sans compter les entreprises familiales basées en Afrique.
Patricia KHODER
Imad Hage est un homme pressé. Et sa journée d’hier n’était pas très reposante. En l’espace de quelques heures, il a donné quatre interviews, dont l’une à L’Orient-Le Jour. Une situation qu’il n’avait pas connue même quand il s’était présenté à la partielle de Baabda-Aley, en septembre dernier.Les informations publiées hier matin par le New York Times et...